Elantris
Il y a dix ans, la sublime cité d'Elantris, capitale de l'Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles.
Kaë est devenue la première ville de l'Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l'héritier de la couronne, on lui apprend qu'il vient de mourir. Veuve d'un homme qu'elle n'a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d'Elantris...
Résumé complet
Prologue
Elantris était une cité majestueuse, dont les habitants étaient les égaux de dieux, capables de guérir tous les maux. Arbitrairement, n'importe qui pouvait être atteint du Shaod, et devenir un elantrien. Tout ceci a pris fin 10 ans plus tôt.
Chapitre 1 - Raoden
Le prince Raoden se réveille un matin dans sa chambre, dans la ville de Kaë, bourgade collée à la ville en ruine d'Elantris.
Il découvre qu'il est atteint du Shaod, qui autrefois transformait les gens en dieux, mais qui aujourd'hui en fait des créatures misérables : sa peau est parcheminée, parsemée de taches sombres, et ses cheveux sont tombés. Même s'il est l'héritier du roi, il est jeté dans la cité d'Elantris muni d'un panier d'offrandes, comme on le fait pour toutes les personnes atteintes. Il manque de se faire passer à tabac par des brutes, mais arrive à leur échapper en laissant son panier de nourriture.
Il rencontre Galladon, un grand Dula qui n'a pas l'air d'être dans le même état d'hébétude ou de désespoir que les autres elantriens qu'il a croisés. Il découvre que s'il se blesse, la douleur ne s'atténue pas, mais surtout qu'il est en fait comme mort : son cœur ne bat plus, la famine ou les dégâts ne le tueront pas malgré la souffrance et la faim. Raoden arrive à négocier avec Galladon pour qu'il le guide et l'instruise sur la vie des rues d'Elantris.
Chapitre 2 - Sarène
Sarène, princesse du royaume de Téod, débarque de son navire à Kaë, et découvre qu'elle est veuve : le prince Raoden qu'elle devait épouser est mort d'une maladie la veille. La jeune femme est accompagnée d'Ashé, son séon : une créature intelligente ayant l'apparence d'un globe lumineux.
Malgré le fait que le mariage ait une raison politique pour rapprocher les 2 nations, Sarène avait échangé à distance avec Raoden, et l'avait trouvé convenable. Son contrat de mariage stipule qu'elle est quand même devenue princesse d'Arélon, et doit rester dans ce royaume afin d'honorer le traité.
Sarène est conduite à la cour du roi Iadon, qui selon la coutume est devenu son nouveau père. Leur première rencontre se passe plutôt mal : il la congédie rapidement en demandant à la reine de lui trouver une activité "de bonne femme", alors que Sarène s'imaginait échanger avec lui sur des sujets politiques.
La reine Eshen la conduit dans ses appartements en bavardant sans s'arrêter. Tout comme pour le roi, ou le reste de la cour, Sarène trouve que la reine n'a pas l'air d'être endeuillée de la mort de son fils, ce qu'elle trouve très louche. Elle se demande si le prince n'a pas été assassiné. Une fois seule, elle se sert de son séon pour contacter à distance son père, le roi Eventéo, et lui résumer la situation.
Chapitre 3 - Hrathen
Hrathen débarque sur le port de Kaë. C'est un gyorn, un grand prêtre du Shu-Déreth, la religion de l'empire du Fjorden. Il a été missionné par le Wyrn, le grand prêtre du dieu Jaddeth, pour convertir l'Arélon et le Téod à la foi déréthie avant que l'empire ne les envahisse. Il commence par renvoyer Fjon, le prêtre en charge de la chapelle déréthie de Kaë, qui avait au fil du temps laissé sa foi s'émousser, et laissé ses fidèles faire de même. Hrathen rencontre tous les prêtres pour saisir l'étendue des dégâts, et découvre en l'un d'eux une ferveur particulière : Dilaf, un homme qui est pourtant arélois d'origine. Le gyorn pense que ce prêtre peut lui servir et fait de lui son odiv, son serviteur attitré.
Chapitre 4 - Raoden
Cachés dans un bâtiment à proximité de la place principale, Raoden et Galladon observent une nouvelle elantrienne se faire racketter à son arrivée. Galladon explique que 3 clans se partagent Elantris. Le groupe de Shaor, prompt à la violence et qui contrôle le marché, celui auquel Raoden a eu affaire. Celui de Karata, prenant les offrandes mais ne blessant pas les gens. Karata protège jalousement la zone du palais, et a déjà réussi plusieurs fois à s'échapper d'Elantris pour tenter d'entrer dans le palais royal, on ne sait pas pourquoi. Enfin Aanden, un ancien noble qui n’aurait plus toute sa raison, se serait entouré d'une sorte de cour, dans l'ancien quartier universitaire.
Tout en marchant dans les rues, Raoden se fait la remarque que la ville est beaucoup plus délabrée qu’elle ne devrait l'être en 10 ans d'abandon. Le Réod s'était accompagné d'une tempête et d'un fort séisme qui avait même ouvert une faille dans le sud du pays, mais cela n'explique pas ce délabrement accéléré.
En se baladant, Raoden remarque que de nombreux elantriens presque inanimés sont affalés dans les caniveaux et contre les murs : ce sont ceux que la douleur perpétuelle a rendu fou. Galladon les nomme les Hoëds.
Galladon les emmène dans son chez-lui, une ancienne cave à vin aujourd'hui remplie de livres et aux murs recouverts d'aons, les symboles mystiques d'Elantris. Raoden lui dit que c'est l'endroit idéal pour comprendre l'ancienne magie. Le Dula trace alors un symbole lumineux dans les airs.
Chapitre 5 - Sarène
Sarène se trouve dans la salle du trône lorsque Hrathen entre pour une audience avec le roi. Elle assiste à l'échange, où le gyorn prêche pour la religion déréthie, insistant pour que le roi convainque ses sujets de s'y convertir. Le roi rétorque qu'il n'empêche pas les déréthis de prêcher sur son royaume, mais que le Fjorden n'est plus aussi puissant que par le passé, et n'a donc pas de moyen de pression. Sarène pense que le roi ne voit pas le danger que représente ce gyorn, et se note de surveiller Hrathen. Une fois ce dernier sorti, la remarquant au passage, le roi se rend compte de la présence de la jeune femme, et lui demande ce qu'elle fait à la cour sans y être conviée. Sarène joue l'idiote que le roi voit en elle, et prétend qu'elle était venue voir les peintures.
Un instant plus tard, un colosse semblant la connaître la prend dans ses bras comme une vieille connaissance. Elle met un moment avant de reconnaître son oncle Kiin, voyageur et marchand, qu’elle n'avait pas vu depuis 10 ans et pensant qu'il était sur une île lointaine, et non installé dans la noblesse aréloise. Il lui propose alors de rencontrer le reste de sa famille.
Une fois chez son oncle, Sarène rencontre sa femme Daora, leurs enfants Kaise et Daorn (une dizaine d'années, turbulents), ainsi que les enfants de Daora : Lukel (un peu plus âgé que Sarène) et sa femme Jalla (Svordoise), ainsi que Adien (adolescent, avec apparemment un retard ou atypisme mental). Sarène s'étonne qu'ils n'aient pas de domestiques, et Kiin lui explique que lors du Réod, ce sont les serviteurs qui ont causé le plus de dégâts en provoquant une révolution et des émeutes sanglantes, et que depuis ils n'ont plus voulu de domestiques.
Chapitre 6 - Hrathen
Hrathen sort de la cour du roi, et rejoint Dilaf. Il lui demande qui est la grande femme qu'il a croisée à la cour : Dilaf l'informe de l'arrivée de la nouvelle princesse originaire de Téod, le berceau du Shu-Korath (religion sœur du Shu-Déreth que les déréthis considèrent comme dégénérée). Ils vont ensuite à la muraille qui entoure Elantris, et Hrathen observe au passage le peu de résistance que Kaë opposerait en cas d'invasion. Sur le chemin de ronde, ils observent la ville d'Elantris en ruine, et aperçoivent même quelques elantriens. Hrathen explique qu'il compte se servir de ceux-ci, en les faisant passer pour des svrakiss, des âmes damnées de la religion déréthie, afin qu'ils inspirent la haine aux arélois plutôt que la pitié.
Chapitre 7 - Raoden
Raoden s'entraîne à tracer des aons lumineux en l'air du bout des doigts : apparemment tous les elantriens ont cette capacité, mais depuis le Réod la magie de l'AonDor ne produit plus aucun effet, et les symboles s'estompent aussitôt tracés. Avec Galladon, ils retournent à la place et attendent… Raoden a un plan. Ils remarquent qu'un grand prêtre déréthi les observe depuis la muraille. Un nouveau venu finit par être jeté dans Elantris, et Raoden l'intercepte : il lui suggère de le suivre en courant, l'alternative étant de se faire racketter par les types de Shaor un peu plus loin. Ils partent donc en courant, suivis par les types en question, et finissent par se réfugier à l'étage d'une bâtisse et faire s'effondrer l'escalier derrière eux pour arrêter leurs poursuivants. L'homme qu'ils ont sauvé, Marèshe était joaillier, mais possède des dons plus étendus d'artisanat. Raoden se présente à lui sous le nom d'Esprit, et lui donne comme mission de fabriquer des chaussures.
Chapitre 8 - Sarène
Sarène trouve un nouveau subterfuge pour rester à la Cour : elle arrive avec un nécessaire de peinture et prétend naïvement recopier les œuvres au mur, ce qui ne manque pas d'agacer le roi. Elle assiste ainsi à un jugement qui laisse supposer des pratiques esclavagistes, qui sont pourtant interdites en Arélon. Son cousin Lukel qui était à proximité lui confirme que le roi Iadon a une politique désastreuse et oppressive, et que son fils Raoden tentait en permanence de le dénoncer, bien qu'il soit l'héritier. Quelques nobles suivaient Raoden, mais ont maintenant trop peur de se réunir sans la protection du prince : ils se retrouveront une dernière fois demain. Sarène demande à participer à l'entrevue. Lukel lui propose d'en parler à son père, et invite la jeune femme au dîner familial du midi.
Le lendemain, Kaise et Daorn font visiter à Sarène le mur d'enceinte d'Elantris : ils y rencontrent Hrathen entouré d'un foule, qui prêche sur le fait que les elantriens sont devenus des animaux, qui n'ont plus la volonté de servir Jaddeth. Sarène voit l'occasion de défaire publiquement le gyorn, joue les ingénues, entame un débat théologique qu'elle tourne en dérision : elle arrive à défaire l'emprise du prêtre sur la foule. Celui-ci reconnaît en elle une adversaire de qualité, lui concédant cette victoire, et s'en va, suivi de Dilaf qui la regarde haineusement.
Chapitre 9 - Hrathen
Hrathen et Dilaf débattent de la conversion du Téod au Shu-Déreth une fois leur travail à Arélon terminé. Ils se rendent ensuite à une réunion dans une auberge où ils ont invité quelques aristocrates arélois dans le but de les convertir, des nobles mineurs pour la plupart, mais le puissant duc Telrii s'est invité aussi. Hrathen leur promet du pouvoir en échange de leur conversion au Shu-Déreth, leur expliquant que tant que la populace et le Shu-Korath croient que les elantriens reviendront un jour, l'autorité de Iadon et de sa noblesse sera compromise. A la fin de la réunion, il prend à part le duc Telrii.
Chapitre 10 - Raoden
Raoden observe trois nouveaux arrivants jetés sur la place d'Elantris. En se servant de Galladon comme appât pour attirer les hommes des autres gangs, il arrive à sauver les nouveaux et les amener dans son QG, qui est en fait une ancienne église korathie. Parmi eux, Maaré une ménagère, Riil un ouvrier et Saolin, un ancien soldat du noble Éondel, que Raoden a en bonne estime. Il donne comme mission aux deux premiers de réparer le toit.
Plus tard, Raoden et Galladon partent épier Aanden, que Raoden reconnaît comme un ancien sculpteur de Kaë. Pendant leur discussion, Galladon devine que Raoden est le fils du roi actuel, en partie car l'aon Rao de son prénom correspond au pseudonyme Esprit qu'il s'est choisi. Ce dernier ne nie pas son ancien statut, mais affirme son opposition à son père. On apprend que Galladon était fermier, même si Raoden le soupçonne de ne pas tout lui dire. Raoden aperçoit Ien, son ancien séon qui flotte autour de lui sans sembler le reconnaître : c'est ce qui arrive à ceux dont les maîtres ont été atteints du Shaod.
Chapitre 11 - Sarène
Kiin réunit les anciens alliés de Raoden lors d'un dîner, et seuls 5 des plus puissants hommes d'Arélon ont répondu à l'appel : Roial, Éondel, Shuden, Ahan et Edan. Avant de l'introduire dans cette réunion, Kiin explique à sa nièce les motivations de chacun à vouloir s'opposer au gouvernement actuel.
Une fois Sarène présentée, les nobles sont méfiants et dubitatifs, à la fois parce qu'elle est étrangère à leur groupe, mais aussi car les femmes ne font pas de politique en Arélon. Sarène les détrompe en leur expliquant que ce n'est pas le cas au Téod, où elle a œuvré en tant que diplomate.
Lors du dîner, ils discutent de divers moyens pour poursuivre leur opposition au roi, et Sarène arrive à les convaincre de rendre à leurs paysans la possibilité de racheter leurs terres, de les pourvoir en nourriture et habits, afin qu'ils se sentent estimés et qu'ils travaillent de bon cœur pour eux. Sarène découvre aussi lors de leurs échanges qu'en tant que nouvelle veuve elle est censée participer à des œuvres caritatives nommées Épreuves. Elle les convainc aussi de l'aider à s'intégrer à la cour pour mieux comprendre la politique locale, en l'accompagnant à des événements mondains.
Après le repas, Kiin et Roial discutent du fait que Sarène pourrait reprendre le flambeau de Raoden dans leur rébellion. Celle-ci leur fait aussi part de ses questionnements sur la mort non naturelle de Raoden, et même si les deux autres doutent que Iadon soit capable de faire tuer son fils, ils conviennent que cela mérite une enquête, tout comme la présence perturbante d'un gyorn déréthi dans la ville.
Chapitre 12 - Hrathen
Hrathen prêche dans sa chapelle, attirant la curiosité des arélois de passage. Après son office, et de manière inopportune, Dilaf enchaîne sur un sermon passionné sur la haine des Elantriens, qui attire bien plus les foules que les paroles maîtrisées du gyorn. Le duc Telrii qui assistait à l'office indique au gyorn qu'il accepte le marché (non précisé) que celui-ci lui a fait.
Plus tard, Hrathen demande à Dilaf de ne plus agir sans son accord, même s'il avoue que sa méthode a été efficace. Il s'isole ensuite pour contacter le Wyrn via un séon, bien que sa religion considère ces créatures impies. Il lui fait part de l'accord qu'il compte conclure avec Telrii.
Chapitre 13 - Raoden
Alors que Galladon et Raoden cherchent des infos dans les livres de Galladon, Raoden met le doigt sur quelque chose qui semble concerner l'AonDor et essaie de le traduire avec ses quelques connaissances sur les aons. Dans leur QG, Marèshe a réussi à construire un toit avec les moyens du bord, pendant que Loren, un nouveau, nettoie l'ancien jardin de l'église. Un elantrien du nom de Kahar se présente à la porte du refuge car il a entendu des rumeurs au sujet des adeptes de "messire Esprit" qui ne souffraient pas et n'avaient pas faim. Il est accepté et préposé à nettoyer la crasse sur les murs et les sols.
Karata et ses hommes armés déboulent dans le QG, prenant par surprise les occupants. Elle ordonne à ses hommes de détruire le bâtiment et de battre les réfugiés. Raoden s'interpose et l'arrête en lui proposant de la faire entrer dans le palais royal de Kaë. Elle accepte, et ils se faufilent hors d'Elantris en utilisant le puits pour atteindre la rivière souterraine qui file jusqu'au palais. Ils se faufilent dans le château grâce à un passage secret connu de Raoden, et Karata les emmène jusqu'à la chambre d'un garde où dort sa fille Opaïs : elle laisse à côté d'elle un mot et le collier qu'elle n'avait pas pu lui transmettre.
En repartant ils tombent sur un garde, le mari de Karata, qui ne la reconnait pas : Raoden bluffe en traçant un aon en l'air et faisant croire au garde qu'il mourra s'il bouge, et il les laisse partir.
Karata révèle à Raoden qu'elle connaît son identité, ayant vécu au palais, et considère qu'il a rempli sa part du marché et qu'elle les laissera tranquilles. Raoden lui demande de l'aider à améliorer la vie des elantriens : il envisage de faire pousser des cultures grâce aux semences que l’on trouve dans les paniers de chaque nouvel arrivant.
Ils rentrent à Elantris par la porte principale, signalant aux gardes que leur négligence pour les avoir laissés s'échapper pourrait leur causer des soucis. Raoden demande à Karata de ne pas ébruiter son identité, ni de divulguer la manière dont ils ont quitté la ville. Karata révèle à Raoden qu'elle recueille en secret tous les enfants elantriens et les garde dans le palais pour les protéger. Elle souhaite l'aider à rendre Elantris meilleure et autonome et affirme sa loyauté envers lui.
Chapitre 14 - Sarène
Sarène rejoint le groupe de broderie de la reine, principalement pour se tenir au courant des ragots de la cour. Elle apprend au groupe qu'au Téod les femmes ont souvent des loisirs comme les affaires judiciaires ou les sports comme l'escrime. Les femmes semblent très intéressées par l'escrime.
Plus tard, elle fait le point avec Ashé à propos de ses découvertes sur les elantriens et la mort du prince : il n'a rien trouvé de probant. Elle lui demande de se renseigner sur le possible déshéritage de son oncle.
Sarène se rend en compagnie de Shuden à un bal somptueux organisé par le duc Telrii. Elle accède à une salle réservée au gratin, et y croise Hrathen accompagné du duc Warren qui semble s'être acoquiné avec lui. Shuden s'inquiète du gyorn, et parle de la religion Shu-Késeg qui avait cours au Jindo et de comment une religion simple s'est divisée et complexifiée avec le temps pour donner le Shu-Korath et le Shu-Déreth. Sarène rencontre aussi le roi Iadon avec la reine, qui a fait part à son époux de l'idée de l'escrime comme sport féminin. Le roi trouve l'idée absurde, mais finit par plier suite au numéro de naïveté de Sarène. Un messager arrive pour délivrer une information urgente au roi, mais Sarène ne peut pas l'entendre. Elle traîne Shuden toute la soirée dans les différents cercles afin de se faire des contacts et rattraper son retard sur le gyorn. Elle rentre au palais au moment où l’on signale une intrusion (de Raoden).
Chapitre 15 - Hrathen
Hrathen se promène sur le mur d'enceinte d'Elantris, perdu dans ses pensées. Il éprouve de la pitié pour les elantriens qu'il va exploiter pour convertir l'Arélon au Shu-Déreth, mais considère que c'est la meilleure option. Le bain de sang qu'il a commis au Duladel pèse lourdement sur sa conscience et il ne veut pas que cela se reproduise.
Le duc Telrii le rejoint sur le mur. Il a des doutes sur l'alliance qu'il vient de forger avec le Fjorden, ayant eu vent de l'implication de Hrathen au Duladel. Ce dernier lui explique que le Fjorden pourrait facilement s'emparer d'Arélon, et que son but est d'éviter tout bain de sang : il compte donc mettre Telrii sur le trône comme il lui avait suggéré.
Hrathen remarque que des elantriens (Raoden) viennent d'entrer par la grande porte, et se renseigne auprès des gardes. Il les soudoie pour qu'on lui ramène secrètement le prochain elantrien qui s'échappera.
Chapitre 16 - Raoden
Raoden et Galladon discutent de ce qui leur manque le plus à Elantris : pour Galladon sa maison qu'il a construite de ses mains, pour Raoden les lettres qu'il a échangées avec Sarène. Dans la conversation, il apprend à Galladon que la République duladène a été envahie par le Fjorden 6 mois plus tôt. Galladon accuse le choc et a du mal à accepter que son pays ait été converti et le Jesker, sa religion, étouffée.
Raoden retourne à leur QG, et remarque à quel point l'ancienne chapelle korathie est belle : Kahar a enlevé toute la crasse, et des bas-reliefs sont désormais visibles. Il propose à Kahar de nettoyer les bâtiments alentour et de lui adjoindre des gens pour l'aider. Kahar a désormais compris le secret pour ne plus avoir faim : trouver une occupation, une motivation qui vous fait oublier le reste. Galladon et Raoden discutent de la façon d’occuper leurs partisans toujours plus nombreux et de les nourrir en plantant des semences.
Plus tard, Raoden déjoue une attaque planifiée du gang d'Aanden visant les enfants protégés par Karata. Il réussit même à convaincre Aanden de rejoindre sa cause en faisant appel à son amour de la sculpture et lui montrant les bas-reliefs au mur.
Chapitre 17 - Sarène
Sarène enseigne l’escrime au groupe de broderie. Elle est rejointe par Shuden et Éondel, et se lance dans un duel amical avec ce dernier. Bien que tous les deux soient très bons, Sarène reste légèrement dépassée. Toutefois, le duc la laisse gagner pour le spectacle. De son côté Shuden s'entraîne au ChayShan, un entraînement de méditation jindoais très gracieux.
Sarène se rend ensuite à la chapelle korathie pour s’entretenir avec le père Omun sur les Épreuves de veuvage, dont personne n’a voulu lui expliquer la nature exacte : un acte caritatif dont l’ampleur est sensée symboliser le respect qu’elle est sensée porter à son défunt époux. Ils discutent aussi de la nature des elantriens et de la manière dont le gyorn les diabolisent en public. Elle discute aussi avec son séon des fréquentes visites de Hrathen sur le mur d'Elantris et de trouver un moyen pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Une fois dans ses appartements, elle s’entretient avec son père par l’intermédiaire d’Ashé.
Ils discutent des soucis à Téod et en Arélon, et Sarène refuse de retourner à Téod, se trouvant plus utile en Arélon. Eventéo déclare que si l'Arélon tombe, il se rendra au Fjorden plutôt que d'être conquis. Eventéo révèle que la flotte marchande de Iadon a été coulée, très probablement par le Wyrn, réduisant ses ressources financières et menaçant son emprise sur le trône. Sarène suspecte que cette fragilisation du trône a un lien avec Hrathen et la fête fastueuse de Telrii. Après leur conversation, Sarène a du mal à s'endormir, et se réveille en entendant des bruits étranges dans les murs de ses appartements.
Chapitre 18 - Hrathen
Dans son bureau, Hrathen interroge Diren, un elantrien qui a été capturé. Il fait venir Dilaf pour lui demander de préparer lui-même le sermon du soir, et ce dernier est choqué par la présence de l'elantrien. Hrathen renvoie Dilaf, et continue à interroger son prisonnier, qui lui parle de la situation déplorable des gangs dans Elantris. Le gyorn demande à un garde de ramener Diren à Elantris.
Dilaf prêche avec sa ferveur habituelle ce soir-là, diabolisant Elantris et décrédibilisant le Shu-Korath, jusqu'au moment où il s'éloigne du plan établi et fait venir Diren, qu'il a subtilisé au garde. L'Elantrien, attaché à un poteau, a été torturé et divague complètement. Dilaf enflamme la foule et veut provoquer une exécution publique. Hrathen intervient et parvient à assagir la foule et empêcher l'exécution.
Après le service, Hrathen fait brûler vif l'elantrien ne pouvant plus rien pour lui, sa douleur l'ayant rendu fou. Il blâme sévèrement Dilaf pour son excès de zèle pour avoir clairement désobéi à son maître.
Il commence à penser que Dilaf constitue un vrai problème, et via son séon fait appel à Forton, un spécialiste de Hrovell l’ayant déjà servi par le passé : il lui demande de lui faire parvenir une potion spéciale, rapidement.
Chapitre 19 - Raoden
Raoden revit en rêve un épisode de son enfance, où, gravement blessé, il avait été emmené à Elantris pour être soigné par une guérisseuse. Il se réveille dans la douleur des plaies et bosses qu'il a accumulées : il a de plus en plus de mal à s'en abstraire, et contrairement aux autres dont la douleur s'estompe en trouvant une motivation, cela ne fonctionne pas pour lui.
Le groupe de Shaor tente une attaque surprise, mais se fait repousser.
Raoden décide de récupérer tous les Hoëds, les elantriens trop faibles dans la rue pour les loger dans un hospice, qu'il visite tous les jours : la Maison des Déchus.
Raoden étudie des livres avancés sur l'AonDor, comprenant que les symboles sont des sortes de formules algébriques. Il discute avec Galladon du Dor, qui dans sa religion Jesker est une sorte de force présente partout, de concept mystique. Raoden pense que cette source d'énergie est bien réelle, et que les tracés des aons permettent de la canaliser. Il pense que le flux de l'AonDor ne s'est pas tari, juste fortement diminué, ce qui reste permettant aux elantriens de survivre sans avoir besoin de se nourrir ou de respirer. Il note aussi que l'AonDor ne s'est développé qu'en Arélon et qu'il doit avoir un lien avec ses terres ou son peuple.
Chapitre 20 - Sarène
Lors d'une réunion avec Roial, Ahan, Éondel et Shuden, Sarène leur demande de soutenir financièrement Iadon, afin que Telrii ne puisse pas avoir l’occasion de se saisir du trône au prochain exercice fiscal, et donc laisser le Fjorden prendre le contrôle du pays. Ils discutent de diverses options, notamment d'un accord marchand possible avec le Téod.
Elle leur demande aussi leur avis sur l'Épreuve de la veuve qu'elle compte accomplir : rentrer dans Elantris et y distribuer de la nourriture. Les nobles sont mal à l'aise avec cette idée, et sont certains que Iadon n'autorisera jamais ça. Sarène leur dit que c'est son affaire, et qu'elle compte sur leur soutien. Shuden accepte de l'accompagner si elle réussit à entrer dans la ville.
Sarène se rend au bureau de Iadon et fait tomber le masque de sa naïveté : le roi est en colère d'avoir été ainsi trompé, et la menace d'exil. Celle-ci lui rétorque qu'elle est au courant pour sa flotte coulée, ses pertes financières et que cela va lui coûter son trône. Elle lui propose donc un accord commercial très lucratif avec Téod, en échange d'un accès à Elantris pour accomplir son Épreuve. Le roi accepte de mauvaise grâce.
De retour dans ses appartements, elle les trouve en pagaille : on lui explique par la suite que la femme de chambre qui s'en occupait s'est enfuit, et que c'est la quatrième cette année. Avant de s'endormir, elle entend encore des bruits dans le mur : elle a noté que ça arrivait à heure fixe certains jours de la semaine, et suspecte la présence d'un passage secret, menant à la chambre du roi juste à côté.
Chapitre 21 - Hrathen
Hrathen propose à Théred de devenir arteth en chef de la chapelle. Ce dernier refuse, ce qui est assez inhabituel, et le gyorn soupçonne Dilaf d'être derrière tout ça. Afin qu'il n'interfère plus avec ses plans, Hrathen demande à Dilaf de partir pour le Fjorden pour transmettre une lettre de première importance au Wyrn. Celui-ci accepte, mais signale qu'il devra prendre avec lui tous ses odivs. Le gyorn apprend alors que Dilaf a conclu un lien de subordination avec 30 prêtres, ce qui est 3 fois plus que ce qu'un gyorn se permettrait de faire, même si rien ne l'interdit. Hrathen ne peut pas ainsi fragiliser la chapelle déréthie en se passant d'autant de gens, et se dit que Dilaf avait manœuvré exactement dans ce sens.
Hrathen se rend au mur d'Elantris comme à l'accoutumée, et y croise des mendiants : il leur demande pourquoi on voit si peu de mendicité. C'est en raison d'un décret du roi, interdisant la mendicité à Kaë : ils doivent donc se terrer dans les 3 autres villes en ruines autour d'Elantris.
Une fois sur le mur, Hrathen rencontre Omun, et ils discutent des projets des déréthis concernant la haine des elantriens qu'ils veulent inspirer. Omun loue la logique et la détermination du gyorn, mais met le doigt sur son absence de foi. Il laisse Hrathen face à ses doutes
Chapitre 22 - Raoden
Raoden est inquiet du nombre croissant d'attaques du gang de Shaor, et décide de se confronter à lui. Accompagné de Galladon, il se rend à la banque, qui est vraisemblablement la zone la plus défendable du marché. Là, ils découvrent une jeune fille à la longue chevelure blonde, entourée de disciples qui semblent l'adorer comme une déesse. Se faisant repérer, ils prennent alors la fuite.
Raoden a reconnu la fille de Telrii, ayant eu une maladie l'obligeant à porter une perruque, ce qui explique qu'elle ait toujours des cheveux en apparence.
De retour à leur quartier, qu'ils nomment la Nouvelle Elantris, Marèshe leur apprend que des visiteurs sont arrivés sur l'esplanade.
Raoden est caché en haut d'un bâtiment et découvre que Sarène, Roial et plusieurs nobles sont entrés avec une charrette remplie de victuailles. Il a peur que cela n'interfère avec ses plans, alors que les elantriens de son groupe avaient réussi à maîtriser leur faim. Il a aussi peur que le groupe de Shaor attaque sauvagement les nobles, provoquant des contre-mesures extrêmes de la part de Iadon.
Sarène déclame qu'elle souhaite parler à Aanden, Karata et Shaor.
Chapitre 23 - Sarène, Raoden
Sarène et les nobles se font amener aux chefs de gang par Raoden, qui se présente sous le nom d'un sous-fifre nommé Esprit. Karata, accompagnée de Marèshe qui joue le rôle d'Aanden, explique qu'ils ont tué Shaor, et qu'ils sont désormais les maîtres d'Elantris. Sarène négocie avec eux pour pouvoir distribuer librement la nourriture sans qu'ils lui posent souci, et ils lui demandent une liste de matériaux, céréales et autres.
Plus tard, Galladon suggère à Raoden qu'ils doivent garder secret le projet de la Nouvelle Elantris pour ne pas risquer la menace de Iadon. Raoden suspecte que Sarène n'est pas simplement là par altruisme et décide de la surveiller.
Sarène et les autres distribuent les vivres, aidés par Esprit. Elle a l'intuition que l'elantrien n'est pas un sous-fifre, et se demande ce qu'il lui cache. Plus tard, elle fait part de ses soupçons à Ashé, et lui demande d'enquêter.
Chapitre 24 - Hrathen
Du haut des murs d'Elantris, Hrathen regarde Sarène et sa troupe distribuer de la nourriture, et déplore que les elantriens semblent si inoffensifs, cassant l'image de démons qu'il avait commencé à instiller dans la populace.
Sur le retour, il croise Telrii, qui lui rappelle qu'il l'avait mis en garde contre la princesse, et que les récents accords commerciaux avec Téod ne vont pas l'aider à s'asseoir sur le trône. Hrathen lui rétorque que l'action de Sarène sera oubliée dans quelques mois, et que le Fjorden assurera à Telrii des profits commerciaux sans précédent.
De retour à sa chapelle, Hrathen surprend une conversation de Dilaf, qui lui fait prendre conscience que ce dernier est beaucoup plus expérimenté et sans doute plus âgé qu'il ne le semble. Son influence sur l'enclave déréthie de Kaë commence à le préoccuper sérieusement.
Chapitre 25 - Raoden
Sarène et Raoden distribuent de la nourriture, et ce dernier soufre de ne pas pouvoir révéler son identité à sa femme et à ses amis tout proches. Une fois tout le monde parti, Raoden et son groupe regroupent les matériaux fournis par Sarène à leur demande, et remarquent que tous ont des défauts cachés : des tissus aux teintes improbables, des clous tous tordus…
Raoden observe ce qu'il avait prévu : la plupart des elantriens qu'il avait réussi à regrouper dans la Nouvelle Elantris se sont dispersés et déambulent aux abords de l'esplanade.
Raoden étudie toujours l'AonDor plusieurs heures par jour. Il tombe sur un livre qui décrit un cas de sort de soin raté à cause d'un aon mal formé : celui-ci a provoqué chez le patient des symptômes similaires à ce que vivent les elantriens aujourd'hui. Raoden suspecte qu'ils sont dans un état intermédiaire : leur transformation a commencé, mais s'est figée dans le temps faute d'énergie, ce pour quoi les douleurs ne faiblissent pas avec le temps.
A force d'échanger avec Galladon, il suspecte que celui-ci connaît vraiment bien Elantris, et ce dernier lui avoue que son père est elantrien, et que lui-même a passé toute sa jeunesse dans la cité, avant de partir au Duladel pour devenir fermier.
Dans son lit, Raoden n'arrive pas à dormir, persuadé qu'il a laissé un indice important lui échapper. Soudain, il fait le lien : un Hoëd dans la Maison des Déchus, qui répète en boucle "... si beau autrefois…" : il se rend en vitesse à l'hospice accompagné de Galladon et Karata, et ils comprennent que cet homme est un elantrien d'avant le Réod. Dans sa litanie, il demande à être emmené au lac. Les autres ne comprennent pas, mais ils le portent et se font plus ou moins guider par lui. Ils arrivent devant un bâtiment qui était autrefois un lieu de réunion des elantriens, et découvrent une entrée cachée qui les mènent à des pièces à la propreté étonnante, sans aucun aon visible. Ils découvrent des bas-reliefs montrant la vie des elantriens, dont un représentant l'un d'eux tombant dans un lac. Ils entrent dans un tunnel qui après 1h de marche les fait sortir dans la montagne au-delà de Kaë, à proximité d'une petite mare d'un bleu cristallin. Ils y déposent le Hoëd, qui s'y fond sans rien laisser.
Raoden demande à Galladon de l'amener ici s'il devient un Hoëd un jour.
Chapitre 26 - Sarène
De retour à Kaë, Ashé fait part à Sarène de ses dernières investigations : Esprit est chef de gang d'Elantris, parvenu récemment au pouvoir, comme elle s’y attendait. Toutefois, il semble réellement s'inquiéter pour le sort des siens et avoir une attitude aimable envers elle. Elle décide tout de même de garder ses distances.
Sarène assiste à nouveau à l'entraînement d'escrime de son ancien groupe de broderie, et trouve qu'elles ont fait de grands progrès. Elle en profite pour les faire culpabiliser sur le fait qu'elle les avait invitées à venir distribuer des vivres à Elantris, et que seule Toréna est venue.
Lorsque Kiin la rejoint, ils discutent de la bonne santé financière du roi, puis la conversation dévie sur la brouille entre lui et son frère. Il élude rapidement la question, évoquant un désaccord entre eux sans donner de détails. Sarène lui demande s'il y a des passages secrets dans le château (rapport aux bruits qu'elle entend la nuit), et son oncle estime ça très probable vu la paranoïa du roi.
Tout en s'entrainant, elle songe qu'Esprit est intéressant malgré son statut d'ennemi : il est habile politiquement, amical, indifférent à ses sarcasmes…
Chapitre 27 - Hrathen
Hrathen découvre que ses manigances pour mettre Telrii sur le trône en ruinant Iadon ont échoué. Tout comme son projet de diaboliser les elantriens, contrecarré par Sarène. En parallèle, Dilaf semble prendre de plus en plus le contrôle sur la chapelle et les offices déréthis. A ces échecs s'ajoutent les doutes sur sa propre foi : Hrathen craque et s'effondre au sol, puis prie pendant des heures. Un prêtre l'interrompt pour lui livrer le colis de l'apothicaire, qui contient la potion que le gyorn destinait à Dilaf. Au dernier moment, il change d'avis et la boit lui-même.
Chapitre 28 - Raoden
Raoden, Galladon et Karata sont les seuls à connaître l'existence du lac et de la bibliothèque cachée, et veulent faire en sorte que ça reste ainsi. Raoden continue à étudier et mieux comprendre l'AonDor, mais ne comprend pas pourquoi il ne fonctionne plus et comment le réparer.
Les partisans de Shaor sont de plus en plus agressifs, voulant accéder à la distribution de nourriture. Il y a de plus en plus de blessés du côté de Raoden. Ils ne gagneront donc pas cette guerre à l'usure. Saolin conseille de leur tendre une embuscade.
Raoden retrouve Sarène sur l'esplanade pour la distribution, et lui suggère de se méfier. Et effectivement, les sbires de Shaor finissent par attaquer la place, même s'ils se font repousser par Éondel et les gardes. Sarène accuse Raoden de bloquer l'accès à la nourriture à certains elantriens, et celui-ci l'admet, sans préciser plus. Furieuse, elle s'en va, ainsi que les autres nobles. Raoden retrouve Saolin gravement blessé, rendu fou par la douleur.
Chapitre 29 - Sarène
Sarène et Ashé retournent au palais en calèche. Elle est très contrariée qu'Esprit l'ait trompée de cette manière, et elle craint que cela renforce les préjugés négatifs sur les elantriens. En chemin, elle croise un groupe de gardes armés se dirigeant vers Elantris : comprenant qu'ils vont s'en prendre aux habitants, Sarène court au palais et arrive à faire chanter Iadon pour qu'il annule son attaque.
Sarène retourne sur le mur de la ville pour s'assurer que les elantriens sont hors de danger. En observant, elle se rend compte qu'un des blessés coupé en deux continue de bouger : elle comprend alors qu'ils ne sont pas tout à fait vivants, et qu'ils n'ont sans doute pas besoin de manger pour vivre. Elle voit aussi un silhouette qu'elle suppose être Esprit, pleurant en berçant le corps de son ami : elle se dit que c'est peut-être la situation qui l'a fait devenir un tyran, mais qu'il n'est peut-être pas une mauvaise personne.
Suite à tout ce stress, Sarène se réfugie chez son oncle Kiin, avec lequel elle discute de l'attaque et du fait que son chantage envers Iadon aura sans doute des conséquences. Shuden débarque pour leur annoncer qu'une personne qu'ils connaissent vient de subir le Shaod.
Chapitre 30 - Hrathen
Hrathen a visiblement été atteint par le Shaod : il a perdu ses cheveux et est recouvert de taches noires. Il est pris en charge par le clergé korathi, qui le lave et le prépare pour son arrivée à Elantris. Son entrée est retardée par les gardes en armes présents devant la porte de la cité. Une fois dans celle-ci, il jette son panier d'offrande et prie Jaddeth à genoux.
Chapitre 31 - Raoden
Raoden amène Saolin au lac et l'y plonge, mettant fin à ses souffrances qui durent depuis 3 jours.
Les elantriens reviennent progressivement à la Nouvelle Elantris quand ils se rendent compte qu'il n'y aura plus de nouvelle livraison de nourriture. La bande de Shaor a fait une pause dans ses attaques mais cela ne va pas durer. Raoden et Galladon décident d'en profiter pour s'infiltrer dans leur territoire, et les appâter en leur distribuant des céréales crues.
Plus tard ils allument un grand feu, et des sbires de Shaor finissent par venir dans l'espoir de pouvoir cuire leurs céréales.
Chapitre 32 - Sarène
Sarène assiste à un bal dans la demeure de Roial, à l'occasion d'une éclipse. Elle lui a demandé de l'organiser ce jour-là, mais ne veut pas lui expliquer pourquoi. Elle demande à Ashé de surveiller les mouvements du roi, lui aussi présent. Elle découvre que Roial possède un séon, Opa, qui gère les jardiniers de sa plantation. Elle note la présence de Dilaf, et Roial la met en garde contre la ferveur du prêtre déréthi.
Roial reproche à Sarène de se morfondre depuis son échec avec Elantris, et lui demande de se reprendre. Ils se mêlent aux invités et discutent, quand Ashé signale à Sarène que le roi s'est éclipsé discrètement. Elle plante Roial et décide de suivre le roi, ce qui l'amène à une bouche d'égout dans Kaë. Ashé tente de la dissuader, mais Sarène persiste en lui disant qu'elle a demandé à organiser le bal ce jour précisément pour ça : les bruits qu'elle entendait à jours et heure fixe derrière le mur de sa chambre (il s'agit donc du roi qui emprunte un passage secret).
Elle finit par tomber sur Iadon, entouré d'autres personnes en train d'assassiner une femme pour un rituel des Mystères Jeskéris. Elle se fait remarquer, mais heureusement Éondel, ses gardes et Roial arrivent et la sauvent, Ashé ayant donné l'alerte via Opa dès que Sarène a quitté la fête. Dilaf est présent aussi, ayant suivi la troupe de sauvetage.
Iadon étant discrédité, il y a de forts risques que Telrii monte sur le trône, même si Sarène compte tout faire pour l'en empêcher.
Chapitre 33 - Hrathen
Affaibli par 3 jours de jeûne et de prières, Hrathen réfléchit sur les religions, sur la nature de sa foi, plus portée sur la logique et le pragmatisme que les sentiments et l'irrationnel. Il ne sait pas encore combien de temps il va rester à Elantris, donc il se force à manger le contenu moisi de son panier d'offrande pour ne pas perdre trop de forces.
Chapitre 34 - Raoden
Le reste des partisans de Shaor se joignent à Raoden : la plupart n'ont plus grand chose d'humain, mais accomplissent docilement les ordres. Ils lui ont ramené la perruque de Shaor en signe de soumission.
Raoden tente d'expliquer à Galladon et Karata qu'ils doivent mémoriser les connaissances qu'il a récolté sur l'AonDor, insistant sur le fait que ces informations ne doivent pas se perdre s'il disparaît. Sa douleur est de plus en plus insupportable mais il la cache. Il leur explique l'origine de la boue, qui était une forme de champignon qui poussait sous la lumière du Dor omniprésente dans la cité, et qui a fini par pourrir à cause de son absence. Il n'a en revanche trouvé aucune information sur l'origine des séons.
Quelqu'un les interrompt pour leur annoncer une nouvelle : Hrathen semble guéri du Shaod.
Chapitre 35 - Sarène
Sarène et Eventéo discutent des conséquences du détrônement et du suicide de Iadon, datant de la veille. Telrii va très certainement tenter de prendre le trône, et Sarène veut absolument y mettre Roial à la place. Eventéo prévient sa fille que Seinalan, le grand prêtre korathi, est parti pour l'Arélon dans un but inconnu.
Lors d'une réunion chez Kiin, Sarène apprend que la garde elantrienne s'est rangée du côté de Telrii, et que celui-ci possède donc à la fois le plus d'argent et de force militaire. Shuden propose que Sarène se marie à Roial afin qu'ils puissent rivaliser avec Telrii sur le plan de la richesse, ce que les 2 concernés acceptent. Ils apprennent la guérison miracle de Hrathen, qui vient de revenir à Kaë.
Chapitre 36 - Hrathen
Hrathen est très affaibli au bout de cinq jours à Elantris, mais à un moment donné, les symptômes de sa transformation disparaissent : ils étaient dus à la potion qu'il a bue, et ses effets ont tardé à disparaître. Il appelle les gardes à la porte d'Elantris, qui le font sortir.
Hrathen se rend à sa chapelle, prétendant que Jaddeth l'a guéri. Dilaf se confond en excuses pour avoir douté de lui, mais semble contrarié par son retour. Hrathen découvre que ses affaires ont été fouillées, même si le coffre contenant son séon n'a pas pu être ouvert. Il convoque l'un des prêtres dont il connaît les talents d'assassins pour lui donner une mission.
Chapitre 37 - Raoden
Raoden subit à nouveau une crise de douleur, qui le submerge jusqu'à ce qu'il s'évanouisse. Il se réveille auprès de Galladon et Karata, et leur explique sa douleur, ce qui étonne Galladon : la douleur des elantriens est constante, uniforme et n'arrive pas par vagues. Karata dit que Raoden a brillé comme un aon quand il s'est évanoui, comme si le Dor cherchait un chemin à travers lui sans réussir à le trouver. Certains elantriens avaient un lien très fort avec le Dor, c'est peut-être le cas de Raoden. Ils discutent ensuite de la guérison miracle du gyorn, dont ils soupçonnent qu'il s'agit d'un subterfuge.
Chapitre 38 - Sarène
Sarène, Lukel et Shuden observent de loin Hrathen prêcher face à une grande foule. Ils discutent d'une possible supercherie quant à sa maladie et guérison miracle. Sarène se rend ensuite au port avec une garde d'honneur pour accueillir Seinalan : celui-ci est venu à Kaë pour assister aux funérailles de Iadon qui ont lieu ce jour même, suivi des noces de Sarène et Roial.
Lors des funérailles, qui ont lieu dans la salle du trône, Roial prend la parole, ainsi que Seinalan. Ce dernier révèle publiquement un document testamentaire de Iadon, où il demande à ce que tous les titres de noblesse soient fixés et désormais transmis par héritage plutôt que basé sur la richesse. Sarène se prépare ensuite pour le mariage qui a lieu au même endroit. Lors de la cérémonie, lorsqu'elle enlève son voile, stupeur : elle a soudain été prise par le Shaod !
Chapitre 39 - Hrathen
Hrathen observe avec satisfaction l'annulation du mariage de Sarène. Il dispose désormais de cinq jours avant que la transformation se dissipe pour mettre Telrii sur le trône.
Chapitre 40 - Raoden
Raoden et Galladon se demandent pourquoi la garde a disparu des murs d'Elantris, et s'il ne se passe pas quelque chose de grave comme une invasion fjordelle. Ils réfléchissent pour trouver un moyen de monter sur le mur pour y placer des éclaireurs. On les prévient qu'un nouvel elantrien vient d'être jeté dans la ville, ils se rendent sur l'esplanade pour l'accueillir.
Le nouvel arrivant est en fait Sarène, qui bien que méfiante envers Raoden, se laisse persuader par ce dernier de lui donner une seconde chance.
Chapitre 41 - Sarène
Sarène est escortée par Raoden jusqu'à la Nouvelle Elantris, dont le contraste avec le reste de la ville l'étonne. Elle découvre que les objets inutiles qu'elle leur avait fourni ont quand même été bien exploités : elle s'excuse de ce coup, pensant que Raoden était un tyran.
Elle demande à Raoden qui il était avant, et celui-ci répond qu'il était le deuxième fils du seigneur de la plantation Ien. Puis il se met à briller, crie puis s'évanouit brièvement. Une fois lucide, Raoden explique à Sarène ses découvertes sur l'AonDor et les elantriens, et le fait que le Dor tente de trouver un passage de force à travers lui. Elle reste sceptique jusqu'à ce qu'il trace en l'air un aon lumineux. Il lui apprend tout sur l'AonDor.
La nuit tombée, Sarène n'arrive pas à dormir, ressassant son mariage raté. Soudain Ashé débarque : il l'a cherché depuis deux jours, et d'une manière incompréhensible il n'est pas devenu fou suite au Shaod de sa maîtresse. Sarène raconte à Ashé ce que Raoden a changé avec la Nouvelle Elantris. Via son séon elle échange avec son père, qui veut venir la chercher. Elle lui demande de ne rien en faire, et qu'elle croit toujours que l'Arélon peut être sauvé. Elle va se servir d'Ashé comme intermédiaire avec ses alliés de Kaë et faire en sorte que Telrii ne monte pas sur le trône.
Chapitre 42 - Hrathen
Hrathen reprend la main sur la chapelle déréthie, affirmant son autorité sur Dilaf. Ce dernier éprouve toujours une haine très forte pour les elantriens, et Hrathen insiste sur le fait qu'ils ne sont plus une priorité dans leurs plans : il est convaincu que dès à présent l'Arélon va se livrer au Fjorden sans bains de sang. Et il a une idée de comment convertir le Téod.
Chapitre 43 - Raoden
Galladon a trouvé une tour qui donne accès au mur et y amène Raoden. Ils sont rassurés de ne pas découvrir une invasion fjordelle, mais remarquent que la garde d'Elantris est maintenant localisée au manoir de Telrii, ce qui les intrigue.
Ils se rendent à la bibliothèque où se trouve Sarène pour lui demander des informations sur la situation à Kaë, ce qu'elle évite depuis qu'elle est arrivée. Celle-ci n'a pas l'air de ne pas se dégrader ni souffrir comme les autres elantriens, mais elle n'a pas vécu dans la rue. De même, elle a beau tracer des aons en l'air, cela ne provoque pas de trainée lumineuse : Galladon explique que tous les elantriens n'ont pas la même facilité là dessus. Du coup elle s'occupe en lisant des ouvrages de politique.
Raoden insiste pour avoir des nouvelles de l'extérieur, et finalement elle se décide à tout leur révéler, en commençant par le suicide du roi Iadon, ce qui laisse Raoden stupéfait.
Chapitre 44 - Sarène
Sarène raconte toute l'histoire, l'implication de Iadon dans les Mystères Jeskéris, Telrii à la solde du Fjorden et prêt à s'asseoir sur le trône maintenant qu'elle et Roial sont hors jeu.
Raoden revient sur le fait qu'elle était en passe de se marier avec Roial, ce qui violerait son contrat de mariage. Celle-ci rétorque que c'était un arrangement politique qui s'est dissout lors de la mort de Iadon, et qu'il était logique d'épouser Roial dans ce cas. Déclaration qui semble blesser Raoden. Ce dernier souhaite qu'ils contactent l'extérieur et Sarène leur présente Ashé, qu'elle envoie enquêter. Il revient avec une mauvaise nouvelle : Telrii est roi.
Chapitre 45 - Hrathen
Sur le mur, Hrathen découvre la porte défoncée que Galladon et Raoden ont emprunté, mais il décide de ne pas donner l'alerte. Il scrute la ville pour voir s'il aperçoit Sarène en contrebas, s'inquiétant qu'il lui soit arrivé quelque chose d'ici à ce que les effets de la potion s'estompent.
Un séon s'approche de lui, il s'agit de celui d'Eventéo, qui met le gyorn en relation avec le roi. Ce dernier offre de se convertir au Shu-Déreth si Jaddeth arrive à sauver sa fille comme il a sauvé Hrathen. Le gyorn lui répond qu'il fera ce qu'il peut.
Chapitre 46 - Raoden
Raoden est surpris de ressentir de la tristesse suite au décès de son père, dont il a parfois souhaité la mort. Il se console grâce à la présence de Sarène et à l'étude de l'AonDor.
Galladon vient les informer que le gyorn est en haut du mur, en train de prier avec ferveur pour la guérison des elantriens.
En discutant, Sarène fait remarquer que l'aon Aon, celui qui sert de base à tout tracé, a la forme schématisée de l'Arélon avec la ligne de la côte au nord, les montagnes à l'est et le point du lac au centre : cela corrobore l'intuition de Raoden que l'AonDor a un lien très fort avec la géographie.
Soudain, l'apparence de Sarène change : ses tâches sur la peau disparaissent. Il la touche, et fait le lien : elle ne se plaignait pas de souffrir, mais se plaignait du froid, et apparemment sa peau est chaude : elle n'a jamais été elantrienne, c'était une ruse, la même que le gyorn a utilisé sur lui-même. Il la ramène de force sur l'esplanade, la convaincant qu'elle sera plus utile à l'extérieur, et qu'ils n'auront pas assez de vivres pour qu'elle se nourrisse correctement. Le gyorn et les gardes viennent la chercher.
Chapitre 47 - Sarène
De retour à Kaë, Hrathen s'arroge le mérite d'avoir guéri Sarène, et l'informe que son père a offert le Téod aux déréthis contre son rétablissement, ce qu'elle ne croit pas.
Elle retourne au manoir de son oncle, dînent, et discutent de leurs plans pour s'opposer aux déréthis. Via Ashé, Sarène a eu une discussion avec son père, qui confirme les paroles de Hrathen. Elle a beau lui expliquer qu'il s'agit d'une mystification, il a donné sa parole et n'en démord pas.
Chapitre 48 - Hrathen
Hrathen est indigné de devoir attendre pour être reçu par le nouveau roi Telrii, mais il garde sa colère pour lui. Il finit par être reçu, et Telrii rompt ses promesses de se convertir au Shu-Déreth : il ne le fera que s'il est élevé au rang de gyorn, afin de ne pas se trouver en posture d'infériorité. Il déclare qu'il a déjà lui-même envoyé sa demande au Wyrn, puis congédie Hrathen, qui est sidéré par cette déclaration.
Chapitre 49 - Raoden
En discutant de l'AonDor avec Raoden, Galladon suggère que la géographie du pays a peut-être changé récemment, et ils parviennent à la conclusion que le Gouffre qui s'est ouvert au sud a causé le Réod, et non l'inverse. Raoden tente donc de tracer un aon en y ajoutant la ligne du Gouffre, et ça fonctionne. En expérimentant, ils se rendent compte que les aons sont beaucoup moins puissants que ce qu'ils devraient, et qu'il est impossible de les appliquer sur des gens, pour les soigner par exemple. En revanche Raoden arrive à attacher une illusion sur ses vêtements qui lui donnent l'apparence d'un humain normal.
Chapitre 50 - Sarène
Sarène débrief avec Ashé des nouvelles : le roi Telrii ne semble pas officiellement encore converti au Shu-Déreth, mais des rumeurs prétendent qu'une circulaire serait rédigée par Hrathen pour convertir de force les citoyens sous peine de prison.
Sarène se rend dans les jardins de Roial, qui a offert aux dames de pratiquer là-bas leurs séances d'escrime. Elles sont interrompues dans leur activité par l'arrivée de deux Dulas exilés : un noble nommé Kaloo et son serviteur. Kaloo raconte son arrivée à Kaë tout en flattant Sarène. Cette dernière le trouve particulièrement exaspérant, et lui propose une passe d'escrime pour couper court à son monologue, et pour tenter de démasquer cet inconnu qui sonne faux à ses yeux. Après quelques passes, il finit par abandonner gracieusement. Sarène est persuadée de l'avoir touché au visage mais ne voit aucune blessure.
Chapitre 51
Hrathen parcourt la Foire de printemps en ville, et constate qu'elle est peu fréquentée, les citoyens se font discrets. Il a appris que le Wyrn a reçu la demande de Telrii et l'a rejetée sans pour autant réagir avec colère. Hrathen aperçoit un arteth rentrer dans une tente, le suit et tombe sur Dilaf. Celui-ci se moque ouvertement de l'échec du gyorn concernant Telrii, et celui-ci assène que sa propre victoire sera douce en comparaison. Il s'en va avant que le gyorn ait pu lui demander ce qu'il entendait par là.
Chapitre 52
Dans une chambre du manoir de Roial, Galladon recoud la blessure à la joue que Raoden a reçu en affrontant Sarène sous les traits de Kaloo. Il n'a pas réussi à la prendre à part pour lui révéler qui il est.
Roial passe prendre des nouvelles, et en discutant de l'état de la royauté, Raoden arrive à se faire inviter à la prochaine réunion chez Kiin, ce qui était son but en approchant Roial.
Chapitre 53 - Sarène
Dans la demeure de Kiin, Raoden assiste en tant que Kaloo à une réunion secrète des nobles, au grand dépit de Sarène. Ils discutent de comment s'opposer à Telrii, via une aide extérieure du Téod ou des Duladel, ou même assassiner le roi. Kaloo leur suggère plutôt de retourner le peuple contre le roi. Au fil de la discussion, Sarène se rend compte que Kaloo est Esprit, et à l'occasion d'un pause se retrouvent en privé : il lui explique qu'il a réussi à faire fonctionner l'AonDor, même s'il n'est pas encore revenu à la normale et n’a pas permis de sauver les elantriens. Il lui dit qu'il aura une autre chose à lui dévoiler après la réunion.
La réunion reprend, et Roial avoue avoir déjà engagé des assassins renégats du Fjorden. Ahan, qui s'était absenté pendant la pause prétextant ne pas se sentir bien, revient accompagné de Telrii et de sa garde : il les a trahis. Telrii fait tuer Roial par un garde, et ordonne que le reste des traîtres soit exécuté sur le champ. Esprit laisse tomber l'illusion de Kaloo pour en porter une autre : celle de Raoden lui-même, ce qui fait fuir les gardes et Telrii, qui ne comprend pas comment le prince mort a pu réapparaître. Raoden tente de soigner Roial avec un aon, mais n'a pas assez de puissance, le duc décède.
Chapitre 54 - Hrathen
On informe Hrathen de l'attaque de Telrii et de la mort de Roial, ainsi que des rumeurs du retour de Raoden, que le gyorn suspecte d'être un sosie déniché par Sarène. Il attend d'être reçu par le roi, et se retrouve pris dans un assaut contre la salle du trône, où il voit Éondel décapiter Telrii puis se donner la mort.
Chapitre 55 - Raoden
Tout en observant ce qu'il se passe en ville depuis le toit du manoir de Kiin, Raoden et Sarène discutent de leur mariage, qu'ils vont formaliser. Raoden a aussi renvoyé Galladon à Elantris pour qu'il dise à tous d'apprendre quelques rudiments de l'AonDor, en prévision de difficultés futures. Grâce à un aon grossissant, ils aperçoivent au loin le cadavre d'Éondel gisant à côté de celui de Telrii.
Chapitre 56 - Sarène, Raoden
En compagnie de Raoden, Kiin, Lukel et Shuden, Sarène regarde le bûcher funéraire depuis le toit du manoir. Ils remarquent qu'un détachement de la garde d'Elantris s'approche. Kiin propose de barricader l'entrée, mais Raoden lui demande de le laisser parler aux gardes d'abord. Les gardes ont entendu des rumeurs sur le retour de Raoden et lui demandent de devenir leur roi. Raoden leur dit que le couronnement aura lieu dans une heure.
Peu après, dans la salle du trône, Raoden fait son discours devant une foule de nobles. Il a soudain l'impression qu'il se passe quelque chose avec le Dor, comme une intervention extérieure. Il a l'impression que cela vient d'un prêtre déréthi dans la foule (Dilaf). Son illusion disparaît, et Raoden apparaît à tous sous son apparence d'elantrien. La foule est choquée, mais Sarène prend sa défense, arguant qu'il est toujours celui que le peuple aimait autrefois, et le peuple finit par l'acclamer. Dilaf, dont la manipulation a échoué, quitte la salle avec colère.
Raoden demande à Sarène d'emprunter Ashé pour prévenir Galladon et la Nouvelle Elantris de se préparer à toute éventualité.
Chapitre 57 - Hrathen
Hrathen assiste à la scène dans la salle du trône, se disant que ses plans tombent définitivement à l'eau. En observant le couple royal, il éprouve de la jalousie, même s'il n'arrive pas à identifier pourquoi. Il remarque Dilaf sortant de la salle, et la quitte aussi. En remarquant que son arteth ne se dirige pas vers la chapelle, cela l'intrigue et il décide de le suivre. Hrathen arrive au marché, où sont disposées les tentes pour la Foire de printemps. De nombreux hommes surgissent des tentes, torses nus avec des symboles sur le corps : des moines Dakhor.
Chapitre 58 - Raoden, Sarène, Hrathen
Raoden dort dans le manoir de Roial, et se fait réveiller par des bruits extérieurs. Il va à la fenêtre et se rend compte que Kaë est en proie à de nombreux incendies, et que des guerriers aux corps difformes attaquent les gardes du manoir. Il reconnaît Dilaf parmi eux. Raoden tente de se défendre, mais Dilaf l'assomme et l'embarque.
Au pied du mur d'Elantris, Sarène confie à Hoid, un des mendiants, des caisses à livrer aux elantriens : elles contiennent des armes. Même s'ils ne savent pas se battre, Sarène espère que ça les aidera. En retournant vers le manoir de son oncle, la calèche de Sarène se fait attaquer à un croisement. Sarène fuit dans la rue pour remonter vers le manoir tout proche, mais se fait rattraper par un moine Dakhor. Elle est sauvée in extrémis par Kiin qui vient à bout du moine à l'aide d'une énorme hache. De retour au manoir, elle remarque que la hache porte l'aon Réo, qui était le symbole du pirate Dréok Brisegorge. Son oncle lui avoue que c'était lui, et qu'il avait tenté de reprendre son trône que son petit frère lui avait volé.
Dilaf affirme son autorité sur Hrathen : il est le gragdet du monastère Dakhor, et donc d'un rang supérieur au gyorn. Il révèle à Hrathen que le projet a toujours été de massacrer la population d'Arélon, et que les projets de Hrathen n'étaient qu'une diversion.
Chapitre 59 - Raoden, Sarène, Hrathen
Raoden se réveille, pris de vertiges. Il est otage de Dilaf, et remarque que les moines Dakhor ont pris d'assaut le manoir de Kiin.
Sarène observe Raoden au loin, bouleversée mais ne sachant que faire. Elle monte sur le toit avec Kiin, et se rend compte trop tard qu'ils ont été pris en embuscade par les moines, qui les capture. Dilaf demande son séon à Hrathen pour communiquer avec Eventéo, et lui demande sa reddition en échange de sa fille, lui précisant qu'il sera en Téod dans l'heure. Puis il empale Raoden avec son épée. La douleur terrasse celui-ci, qui devient un Hoëd.
Dilaf ordonne à ses sbires de rassembler les arélois dans Elantris, et de massacrer tous les elantriens.
Chapitre 60
Galladon et Karata attendent que tout le monde soit parti, puis récupèrent Raoden. Ils comptent tenir leur promesse de l'amener au lac. Ils souhaitent aussi le rejoindre dans le lac, leurs compagnons de la Nouvelle Elantris ayant tous été transformés en Hoëd par les moines Dakhor.
Lukel et sa famille se font conduire à Elantris avec le reste des nobles, et même si Kiin résiste un moment, les moines ont raison de lui.
Hrathen se tient auprès de Dilaf et Sarène, au centre d'un cercle de 50 moines. Ceux-ci invoquent leur magie et les transportent instantanément au Téod, au prix du sacrifice de l'un d'eux. Ils ont de l'avance.
Lukel remarque que Shuden est en train de faire des mouvements de ChayShan en prévision d'une attaque, il se tient donc prêt à le seconder.
Karata et Galladon gravissent la montagne, et ce dernier repense à tout l'espoir que Raoden a insufflé en lui. Ils approchent du lac.
Dilaf raconte l'histoire de sa haine envers Elantris : il y a amené sa femme pour être soignée, et la guérison s'est mal passé et l'a laissé à l'agonie, jusqu'à ce qu'elle se suicide. Il lui reste maintenant à tuer le roi Eventéo.
À Elantris, la famille Kiin attend comme beaucoup devant le bûcher en préparation où ont été entassés les Hoëd. Adien sort du rang, et comme il ne répond pas à l'injection du garde, celui-ci l'embroche. Le sang ne coule pas et Adien continue à avancer jusqu'au bûcher et s'y étale, son secret enfin révélé : il était en fait un elantrien, que sa famille cachait jusque-là.
Raoden délire dans sa douleur et est assailli par la vision de l'aon Rao, puis de celle de la ville d'Elantris et de ses villes périphériques : les deux images se superposent parfaitement. La révélation soudaine le fait revenir à la conscience un bref instant, instant dans lequel Galladon et Karata le plongent dans le lac.
Chapitre 61
Dilaf pointe une lame sur le cou de Sarène et cela fait un déclic chez Hrathen : il frappe Dilaf, qui tente de le poignarder en retour, mais sa lame ripe sur l'armure du gyorn, ce qui lui laisse le temps d'étourdir Dilaf. Hrathen s'enfuit avec Sarène, en ayant juste le temps de prévenir le roi que le Fjorden souhaite leur massacre plutôt que leur reddition.
A Elantris, Shuden est prêt et se lance dans de puissantes attaques, semblant nimbé de lumière. Les femmes du groupe d'escrime se joignent à lui et à Lukel. Plusieurs succombent, comme Eshen ou sont gravement blessés, comme Lukel et Shuden. Un soldat fjordell met le feu au bûcher.
L'eau du lac étreint Raoden, promesse du soulagement attendu. Mais il ne le souhaite pas, et revient à la conscience. Il sort du lac, et descend la montagne en courant en direction de Kaë, Galladon et Karata sur ses talons. Ils ne savent pas ce que compte faire Raoden, mais ils feront tout pour l'aider. Raoden ramasse un bâton, et cours en traînant celui-ci derrière lui.
Des gardes fjordells les ont repérés, et tentent de les intercepter. Galladon et Karata s'interposent, mais le premier se fait transpercer d'une lance, et la seconde décapiter. Mais cela a laissé tout juste le temps à Raoden de finir ce qu'il avait commencé : une longue ligne dans le sol, qui se met soudain à irradier de lumière. Lumière qui s'étend au mur d'enceinte circulaire de Kaë, puis à Elantris et aux 3 autres villes, formant un aon Rao géant : il manquait seulement la ligne du Gouffre pour que la puissance d'Elantris fonctionne.
Raoden ne souffre plus et le Shaod termine sa transformation qui était bloquée jusqu'alors : ses cheveux repoussent, sa peau devient lisse et argentée. Galladon luit aussi d'un éclat lumineux.
Lukel regarde le bûcher quand soudain toute la ville se met à briller. Les elantriens sortent des flammes, indemnes. Raoden débarque et fait fuir les fjordells à coup de boules de feu, leur ordonnant de quitter l'Arélon d'ici une heure.
Chapitre 62
Sarène et Hrathen se dirigent vers les quais, ce dernier projetant de faire sortir la princesse de la ville via un navire marchand. Il espère aussi que Dilaf la suivra, sauvant ainsi le Téod. Le gyorn se fait poignarder dans la foule par un moine en lequel il reconnaît Fjon, l'arteth qu'il avait renvoyé de Kaë. Les moines Dakhor sont alertés par le mouvement de foule et les repèrent.
Raoden soigne les blessures de Lukel, quand Ashé apparaît et l'informe des événements de Téod et de la détresse de Sarène, qu'un autre séon sur place lui transmet. Raoden se dépêche de monter sur le mur et tente de dessiner un aon Tia pour se déplacer là-bas, mais il a besoin de la distance exacte. Heureusement Adien apparaît et lui donne cette information précise.
Un instant après, Raoden arrive sur le port de Téod et interrompt Dilaf et ses moines avec un jet de lumière. Il attrape Sarène et dessine l'aon pour le chemin du retour, mais se voit téléporté à une cinquantaine de mètres : il avait oublié que les aons perdaient en puissance loin d'Elantris.
Ils fuient vers les quais, apercevant le roi Eventéo au loin, mais se font rattraper par une armée de moines. Dilaf donne la charge, mais soudain une foule d'elantriens menés par Galladon apparaît et lance des aons offensifs.
Dilaf s'enfuit dans la ruelle qu'a pris Eventéo, sachant que ça va attirer Sarène, ce qui ne manque pas d'arriver : elle et Raoden le poursuivent, et se font prendre en embuscade par le prêtre. Dilaf blesse Raoden aux mains, l'empêchant de tracer des aons, Sarène se défend à l'épée, mais n'est pas de taille face au prêtre amélioré.
Soudain, Hrathen apparaît en surprenant tout le monde, il bloque l'attaque de Dilaf et révèle qu'un de ses bras est distordu et amélioré par la magie Dakhor. Il étrangle Dilaf et finit par succomber lui-même à ses blessures.
Chapitre 63 - Sarène, Raoden
C'est le jour du mariage et Sarène insiste pour ne pas quitter Raoden des yeux avant qu'ils ne soient mariés. Pendant la cérémonie, alors que le père Omun y va de son long discours, l'esprit de Raoden est ailleurs… Il s'inquiète du fait que les fjordells aient trouvé leur propre moyen pour accéder au Dor et le manipuler. La cérémonie se termine et Sarène et Raoden plaisantent sur leur nuit de noces.
Épilogue
Nous sommes une semaine après le mariage. Le trône d'Arélon a été restauré et placé à Elantris, et le servage a été aboli dans le pays bien que les titres aient été conservés pour le moment.
Sarène, Raoden ainsi que Shuden, Galladon et Lukel se rendent à l'endroit où ont été enterrés Iadon, Roial, Éondel, Karata et Saolin, mais aussi Hrathen, qu'ils commémorent aujourd'hui comme un sauveur d'Arélon plutôt que comme un ennemi.
Post Scriptum
Hoid se tient au bord du petit lac dans la montagne, et défait ses bandages. Il est déçu de constater qu'il ne s'est pas transformé en elantrien. Il est en compagnie d'une sphère sombre, qui à l'inverse d'un séon absorbe la lumière, et plaisante avec elle. Elle l'accuse d'avoir échoué à acquérir les pouvoirs qu'il leur avait promis. Hoid dit qu'il n'est pas déçu, et qu'il trouve de la beauté dans sa situation : il y a encore des secrets à chercher et des énigmes à résoudre. Puis il tombe dans le lac et disparaît.
Rédaction : Gancho
Relecture : Camille
- Prologue
- Partie 1 - L'ombre d'Elantris
- Chapitre 1
- Chapitre 2
- Chapitre 3
- Chapitre 4
- Chapitre 5
- Chapitre 6
- Chapitre 7
- Chapitre 8
- Chapitre 9
- Chapitre 10
- Chapitre 11
- Chapitre 12
- Chapitre 13
- Chapitre 14
- Chapitre 15
- Chapitre 16
- Chapitre 17
- Chapitre 18
- Chapitre 19
- Chapitre 20
- Chapitre 21
- Chapitre 22
- Chapitre 23
- Chapitre 24
- Chapitre 25
- Chapitre 26
- Chapitre 27
- Partie 2 - l'appel d'Elantris
- Chapitre 28
- Chapitre 29
- Chapitre 30
- Chapitre 31
- Chapitre 32
- Chapitre 33
- Chapitre 34
- Chapitre 35
- Chapitre 36
- Chapitre 37
- Chapitre 38
- Chapitre 39
- Chapitre 40
- Chapitre 41
- Chapitre 42
- Chapitre 43
- Chapitre 44
- Chapitre 45
- Chapitre 46
- Chapitre 47
- Chapitre 48
- Chapitre 49
- Chapitre 50
- Chapitre 51
- Chapitre 52
- Chapitre 53
- Chapitre 54
- Partie 3 - l'Esprit d'Elantris
- Chapitre 55
- Chapitre 56
- Chapitre 57
- Chapitre 58
- Chapitre 59
- Chapitre 60
- Chapitre 61
- Chapitre 62
- Chapitre 63
- Épilogue
- Post Scriptum
Références cross-cosmère
Il n'y a pas vraiment de références au cosmère dans l'œuvre originale, mais ça semble normal vu qu'il s'agit du premier roman publié de l'auteur. Cependant :
- Cartographie de Sycla / Opélon : on note "Barbares de la Rose" au nord des montagnes du continent où se trouve Téod : c'est le premier indice comme quoi roman se situe sur le même monde que l'Âme de l'Empereur, où l'action se passe dans l'Empire de la Rose.
- Ch.5 : La référence aux baguettes MaiPon : deuxième indice lié à l'Âme de l'Empereur, où on nous parle de la culture MaiPon.
- Ch.58 : Hoid est présent sous les traits d'un mendiant, qui aide Sarène à acheminer des armes vers Elantris.
A l'occasion du 10ème anniversaire du roman, une section Ars Arcanum et un Post Scriptum ont été ajoutés, et sont beaucoup plus "cosmere aware" :
- Ars Arcanum : toujours écrit du point de vue de Khriss, on y cite l'Investiture, les Éclats d'Adonalsium, ainsi que les planètes de Scadrial, Nalthis, Taldain et la mystérieuse Vax (une des seules références qu'on ait sur ce monde avec une citation dans l'Histoire Secrète). On y apprend aussi que le Dor est le "cadavre" de leurs dieux morts. La nature exacte du Dor sera détaillée plus tard par Brandon Sanderson comme étant les "reste" des 2 Éclats Dévotion et Domination, sous forme d'une énergie piégée dans le Royaume Cognitif (dans les notes de l'Arcanum Unbounded*)
- Post Scriptum : on y retrouve Hoid devant le petit lac des montagnes de Kaë, qui est clairement une Verticale, probablement celle de Dévotion. On le trouve en présence d'un skaze, qui sont à Domination ce que les séons sont à Dévotion (mais pareil, seule la note de l'Arcanum Unbounded* nous permettent de recoller les morceaux).
* : note de Arcanum Unbounded dont vous pouvez trouver la traduction ici.
Annotations
Notes de traduction
Ceci est une traduction non officielle des annotations de Brandon Sanderson publiées sur son site web (https://www.brandonsanderson.com/annotation-elantris-introduction/).
Quand Brandon Sanderson fait référence à "ELANTRIS" en tout majuscule, il s'agit du roman.
Il n'y a pas de traduction simple pour le terme foreshadow / foreshadowing (le fait de laisser des indices en apparence anodins qui serviront plus tard à la résolution d'une intrigue) : nous l'avons ici traduit en préfigurer / préfiguration.
Introduction - 01-06-2005
Bienvenue dans la section des Annotations d'ELANTRIS !
Ce qui suit est une série de courts commentaires que j'ai écrits, chacun d'eux étant individuellement lié à un chapitre spécifique, une page ou une section d'ELANTRIS. Ils fournissent beaucoup d'informations sur les "coulisses" du processus d'écriture, les concepts et les personnages d'ELANTRIS, ainsi que tout ce à quoi je pensais à l'époque !
Idéalement, je pense que ces éléments seraient mieux compris par quelqu'un qui a terminé le roman en entier - utilisés comme un compagnon, peut-être, pendant une relecture. Bien que j'aie fait des efforts pour cacher tous les spoilers, je crains que faire une pause après chaque chapitre et lire mon annotation ne ralentisse le processus de lecture et ne rende le livre moins agréable.
Cependant, je m’efforce de ne rien révéler qui n'ait pas à voir avec les chapitres déjà lus. Si vous avez terminé le chapitre quatre, vous devriez être en sécurité jusqu'à l'annotation numéro quatre.
Dans le coin supérieur gauche, vous verrez une case à cocher et un bouton que vous pouvez utiliser pour activer le texte spoiler "caché" pour chaque chapitre. Les chapitres n'ont pas tous de texte spoiler, mais beaucoup en ont. En fait, certains de ces spoilers révèlent des rebondissements importants de l'intrigue plus tard dans le livre. C'est ma demande, en tant qu'auteur, que vous évitiez de regarder ceux-ci avant d’avoir lu le roman en entier. Mes travaux dépendent souvent beaucoup de leurs fins, et je détesterais penser que j'ai moi-même contribué à gâcher l'une de ces fins pour un lecteur. [NdT: vu que vous ne lisez pas ceci sur le site d'origine, nous avons un peu réadapté. Si vous lisez directement sur cosmere.fr, le système intégré de spoiler vous masquera directement les passages en question si vous n'avez pas coché le roman comme lu. Si vous lisez l'ebook, nous avons encadré le texte de balises d'avertissement [!!! SPOILER !!!] et [!!! FIN SPOILER !!!] ].
Mais vous êtes libre d'utiliser ces éléments comme vous le souhaitez.
Merci de m'avoir lu.
Brandon Sanderson
Page de titre - 05-06-2005
Vous seriez surpris de la quantité de choses qui peuvent être dites à propos du titre de ce livre. Nommer des livres est à la fois l'un des éléments les plus frustrants et satisfaisants de l'écriture. Je suis plus heureux que certains auteurs que je connais – pour la plupart de mes livres, les noms sont venus facilement. Parfois, j'ai même trouvé le titre avant d'écrire le livre. (Ça n'est réellement arrivé qu'une fois, quand j'ai pensé à la phrase "The Way of Kings", et j'ai pensé : eh mec ! Ce serait un excellent titre pour un livre !).
ELANTRIS a eu plusieurs titres. Pendant la phase de brouillon, je l'appelais simplement "SPIRIT". Je savais que le nom du personnage principal serait basé sur le caractère pour Esprit, et ce serait également le nom qu'il prendrait pour lui-même lors de son exil. Je n'avais jamais prévu que ce soit le titre final du manuscrit, mais c'était le nom que je donnais à tous les fichiers lorsque je travaillais dessus.
Ceux d'entre vous qui ont lu le livre se rendent compte de l'importance particulière de 'l'Esprit' (ou aon Rao comme on l'a finalement connu) comme point culminant de l'histoire. J'en parlerai plus en détail dans un instant.
Eh bien, pendant que j'écrivais l'histoire, j'ai réalisé que j'avais besoin d'un meilleur titre. Le choix le plus évident était de travailler d'une manière ou d'une autre sur le nom de la ville magique déchue qui était le centre du livre. Maintenant, j'ai un peu honte de l'admettre, mais la ville "Elantris" s'appelait à l’origine 'Adonis'. Je ne sais pas à quoi je pensais. Parfois, lorsque vous créez beaucoup de noms fantastiques, vous créez des mots qui ont certaines connotations ou connexions imprévues. Dans ce cas, je ne pensais même pas au mythe grec. "Ado" était simplement l'aon que j'avais choisi pour baser le nom de la ville, et 'Adonis' (Prononcé avec un long "A" et un long "O") était le mot qui est sorti de cet aon.
J'ai donc nommé le livre THE SPIRIT OF ADONIS, en espérant faire jouer le nom de Raoden.
C'était cependant réellement un triple jeu de mots. J'ai inclus cette ligne – "The Spirit of Adonis" lors du climax, quand Raoden se rend compte que la ville elle-même forme un énorme aon Rao.
Je n'ai réalisé ce que j'avais fait que lorsque mon groupe d'écriture s'est réuni pour la première fois, et ils ont dit "J'aime bien le début du livre. J'ai du mal à comprendre ce que cela a à voir avec les Grecs. Est-ce parce que les gens qui ressemblaient à des dieux étaient si arrogants?"
C'est alors que ça m'a frappé. Adonis, de la mythologie grecque, était un beau jeune homme aimé par Aphrodite. Le mot est devenu une sorte de paradigme d'un beau spécimen, presque parfait, de l'espèce mâle. Et, sans le savoir, j'avais nommé mon livre d'après lui.
Disons simplement que j'ai changé ça assez rapidement. Cependant, j'avais besoin d'un nouveau nom pour la ville. J'ai joué avec plusieurs combinaisons différentes d'Ado, mais je me suis finalement essayé à d'autres sonorités et combinaisons. Heureusement, j'ai trouvé le mot "Elantris". Dès que je l'ai écrit, j'ai su que c'était ma ville. Ça sonnait grand sans être écrasant, et ça avait un air mythologique (faisant légèrement référence à "Atlantis"). J'ai renommé le livre "THE SPIRIT OF ELANTRIS" et j'ai continué.
Puis est venu le moment d'envoyer le manuscrit. J'avais eu des commentaires sur le livre, les gens aimaient "Elantris", mais l’ "esprit de" était moins populaire. J'ai essayé plusieurs itérations et j'ai même envoyé quelques lettres de requête appelant le livre "LES SEIGNEURS D'ELANTRIS". Ça me semblait toutefois sonner trop cliché de fantasy, et je suis finalement revenu à "L'ESPRIT D'ELANTRIS".
Finalement, le livre a été vendu. À ce moment-là, mon éditeur (Moshe Feder) a suggéré de raccourcir le titre à simplement ELANTRIS. Me souvenant comment d'autres personnes avaient été peu impressionnées par l’ "esprit de", j'ai accepté. Maintenant que j'ai vu le lettrage de la couverture et travaillé avec lui en tant que "ELANTRIS" pendant un certain temps, je suis très satisfait du changement. Le nouveau titre a plus de fluidité, et donne au livre un air plus majestueux. J'arrive toujours à avoir une référence à mon ancien titre, car la troisième partie du livre s'appelle "L'Esprit d'Elantris".
Bien sûr, même ce titre n'est pas sans problèmes. Les gens ont du mal à l'épeler quand je dis le titre, et certains pensent à la voiture nommée "Elantra". Lors d'un panel, j’ai même eu une personne qui ne m'a pas bien entendu, pensant que le nom du livre était "The Laundress" [NdT : la blanchisseuse]. Ça aurait certainement été un livre différent…
Dédicace - 03-06-2005
J'ai toujours eu l'intention de dédier mon premier livre publié à ma mère. Je la taquine un peu ici, je ne peux pas m'en empêcher. Cependant, je lui dois vraiment beaucoup pour la personne que je suis devenue - et ce que j'ai accompli. Quand j'étais à l'école élémentaire, j'avais des notes médiocres - et mes résultats aux tests me classaient comme "en dessous de la moyenne" à plusieurs occasions. Eh bien, elle était déterminée à prouver que j'étais "doué" malgré ces scores. Elle a travaillé dur pour me faire progresser à l'école, et elle a été une grande source de motivation qui sous tend mes habitudes de lecture.
Ma mère est une personne très pratique. Elle croit fermement en des professions pratiques qui paient bien et sont stables. L'écriture n'est ni l'un ni l'autre. Je pense qu'elle a réalisé assez tôt que malgré ses espoirs, elle n'aurait pas un docteur ou un homme d'affaires - ou même un scientifique - pour fils. Elle m'a convaincu de me spécialiser en biochimie en première année - bien qu'elle ait dit que c'était simplement pour me mettre dans une meilleure position pour obtenir une bourse (que j'ai d'ailleurs obtenue). Cependant, j'ai toujours supposé qu'une petite partie d'elle espérait que l'influence de la biochimie me persuaderait d'aller à l'école de médecine, ou du moins devenir ingénieur.
Cela, évidemment, ne s'est pas produit. Le grand méchant monstre Anglais m'a pris à ma deuxième année. Cependant, ma mère a toujours été solidaire, et c'est son sens du dévouement, de l'excellence et de l'assiduité qui a forgé ma personnalité déterminée. Sans ce sens de l'autodétermination, je n'aurais jamais duré assez longtemps dans ce domaine pour publier.
Alors, merci maman. Merci d'être fière de moi.
Remerciements - 05-06-2005
J'ai reçu quelques plaintes concernant cette page - mais aucune des plaintes que j’attendais. Quand j'ai écrit les remerciements, j'avais peur d'oublier quelqu'un qui m'aurait fait des commentaires positifs sur le livre. J'ai dû fouiller dans de vieux dossiers pendant longtemps, mais je pense avoir finalement trouvé à peu près tout le monde. Cependant, j'ai supposé que si j'oubliais quelqu'un, cette personne se plaindrait. (Ça fait cinq ans que j'ai écrit ELANTRIS, et beaucoup de gens l'ont lu pendant ce temps.)
Cependant, la plupart des plaintes que j'ai reçues ne venaient pas de personnes que j'avais oubliées de mettre sur la page de remerciements. Les plaintes venaient de personnes qui étaient sur la page, mais qui ne pensaient pas mériter d'y être !
Vous voyez, j'ai ajouté quelques noms à cette liste. Il s'agissait de personnes qui n'avaient pas lu ELANTRIS en tant que lecteur alpha, mais qui faisaient partie de l'un de mes groupes d'écriture ou qui m'avaient soutenu d'une autre manière pendant les jours où j'essayais de me faire publier. Ces personnes ont lu d'autres livres de moi, même si je ne travaillais pas sur ELANTRIS quand je les ai rencontrées. Donc, sur cette page de remerciements, je voulais remercier en général toutes les personnes qui m'ont aidé au fil des ans. Ça signifie que si vous êtes sur la liste et que vous ne pensez pas y appartenir, tant pis !
Vous aurez mes remerciements que vous le vouliez ou non !
Quoi qu'il en soit, vous pouvez voir qu'il y a beaucoup de noms sur cette liste. Ce sont des gens formidables - de bons critiques, de grands fans, et beaucoup d'entre eux sont eux-mêmes de très bons écrivains. Bien qu'à ce stade, un seul d'entre eux ait une publication de roman professionnel (Rob Wells), je suis sûr que d'autres le rejoindront finalement. Quand ils le feront, achetez leurs livres!
La liste principale de personnes comprend mes groupes d'écriture les plus proches et les plus utiles. Le premier groupe, nommé "Here there be dragons", a en fait démarré lorsque j'écrivais ELANTRIS, et c'était le premier livre avec lequel le groupe a travaillé. Bien qu'on n'ait pas passé beaucoup de temps sur ELANTRIS, je me souviens de réunions dans le bureau de Ben, situé dans la maison BYU (Brigham Young University) des anciens élèves et de discussions sur le titre horrible du livre (voir l'annotation de la page de titre), entre autres choses. Les membres fondateurs étaient Dan, Ben, moi et Nate. On a ajouté Peter un peu plus tard, et il est devenu éditeur chez Tokyopop. Quelques autres personnes - Krista Olson, Alan Layton et quelques autres - ont fait de courtes apparitions en tant que dragons, mais je les ai finalement reconnus à d'autres endroits de la liste.
Parmi ces trois groupes d'écriture, un seul est toujours en activité. Celui avec Alan Layton et Kaylynn ZoBell. On se rencontre à Salt Lake tous les vendredis soirs (oui, je sais. C'est souvent la meilleure chose que nous, écrivains, ayons à faire le vendredi soir...) Quoi qu'il en soit, ils sont d'une grande aide et d'un grand soutien pour moi.
Une autre note intéressante concerne mes professeurs. J'ai l'intention de dédier un livre un jour aux enseignants qui m'ont aidé au fil des ans. C'est une enseignante - la bien nommée Mme Reader - qui m'a donné mon premier livre de fantasy. Je connais peu de professions aussi nobles que celle d'enseignant, et je suis profondément reconnaissant à tous ceux qui m'ont aidé - pas seulement les quelques noms que j'ai eu la place de mentionner sur cette page.
Prologue - 06-06-2005
Je suis un écrivain très linéaire. Lorsque j'écris un livre, je commence généralement par le prologue et j'écris directement jusqu'à ce que j'arrive à l'épilogue. Bien que je ne puisse pas m'en souvenir avec certitude, je suis presque sûr que ce prologue est la première chose que j'ai jamais écrite pour Elantris.
À cette époque là, je ne planifiais pas autant que maintenant. Lorsque j'ai commencé à taper sur le clavier, je ne savais vraiment pas où ce livre allait mener. J'avais une idée vague de ce que je voulais qu'il soit, mais je ne savais pas comment j'allais y arriver. Cependant, ce prologue m'a vraiment aidé à consolider des choses.
J'aime comment il fonctionne dans l'histoire. Il est simple, descriptif et donne un merveilleux aperçu du cadre magique du livre. C'est aussi l'une des sections du livre les plus fortement modifiées. Moshe n'aimait pas mon premier brouillon parce qu'il pensait qu'il était lourd. La première ligne originale du livre était "Murmurés sont les jours où Elantris était belle". Je préfère toujours un peu cette phrase, mais c'est peut-être simplement de la nostalgie. La phrase a une sorte de qualité... fluide. Une légèreté éthérée.
Quoi qu'il en soit, "Elantris était belle, autrefois" a fait un bon compromis. Je publierai probablement toute la version du premier brouillon du prologue dans la section 'scènes supprimées' du site web, si vous voulez comparer.
Malgré ma préférence pour l'ancienne première ligne, j'aime les autres modifications qu'on a apportées au prologue. Globalement, il est devenu plus descriptif et plus facile à comprendre. C'est un bon tremplin pour l'histoire, et on l'a utilisé à plusieurs endroits comme une sorte de teaser rapide pour inciter les gens à lire le livre.
(Y compris en le mettant sur la quatrième de couverture de la version reliée.)
Chapitre 1 - 07-06-2005
Il y a quelques points intéressants dans ce chapitre. Tout d'abord, il ne commençait pas à l'origine avec le réveil de Raoden. Lorsque j'ai écrit le livre pour la première fois, j'ai directement projeté Raoden dans la ville, dès la première ligne. Cette ligne originale était : "Ce n'est qu'en entendant le portail se refermer derrière lui avec un bruit choquant de finalité, que Raoden réalisa qu'il avait été damné".
Bien que cette ligne fonctionne plutôt bien, j'ai dû faire un flashback étendu montrant son réveil et la peur de la servante, etc. Finalement, j'ai réalisé que c'était une construction encombrante qui n'accélérait pas vraiment le roman - au contraire, elle le ralentissait. J'ai donc réécrit la première scène pour montrer Raoden se réveillant, voyant Elantris, puis réalisant qu'il avait été pris par le Shaod.
Mes livres ont tendance à avoir ce qu'on appelle des "courbes d'apprentissage abruptes". En d'autres termes, ils nécessitent un certain temps d'adaptation. Le fantastique suit en général de telles courbes, et je ne souhaite pas écrire de romans de fantasy très standard - j'aime pousser le genre un peu plus loin, en introduisant des paramètres étranges et des systèmes magiques atypiques. Pour cette raison, je dois être très prudent au début de mes livres pour ne pas submerger le lecteur. Ce livre en était un bon exemple - prendre les choses un peu plus doucement, permettre au lecteur une entrée plus prudente dans Elantris, a prouvé être la meilleure voie.
Heureusement, j'ai finalement réussi à préserver la ligne originale avec son côté accrocheur. Je ne fais pas habituellement ce genre de choses - je ne crois pas en l'idée standard du "crochet". Cependant, lorsque je pensais à ce livre, les premières lignes des trois premiers chapitres étaient parmi les premières choses qui me sont venues à l'esprit. Ces trois lignes sont devenues le fondement de la façon dont j’ai caractérisé les différents points de vue, et elles faisaient partie de ce qui m'a donné envie d'écrire le livre en premier lieu. Si vous les lisez, je pense qu'elles ont toutes un peu de peps, et suscitent, espérons le, un sentiment de curiosité. Ces trois lignes introduisent chaque personnage et l'un de leurs conflits principaux, et le font de manière simple et claire.
Maintenir cette impression avec la nouvelle première scène était important pour moi, même si l’on pourrait soutenir que la première ligne du chapitre un est une sorte d'erreur de point de vue. Je révèle des informations que le personnage dont on partage le point de vue ne sait pas encore. J'évite ces erreurs, mais dans ce cas précis, j'ai estimé que la cohérence était plus importante que le strict respect du point de vue.
J'ai également fait une deuxième coupe massive juste après que Raoden ait été jeté dans la ville. Si vous lisez le brouillon précédent, vous verrez qu'il lutte un peu plus avec ce qui lui est arrivé. Il y a même une brève section où il pense à Ien et à quelques paroles de sagesse du séon. J'ai coupé ces sections parce qu'elles ralentissaient simplement trop le livre. J'ai estimé qu'en raccourcissant l'introspection de Raoden au début, où il décide rapidement de "regarder la damnation en face", aidait l'histoire à avancer. Encore une fois, je m'inquiète de mes débuts - peut-être un peu trop - parce qu'ils ont tendance à traîner un peu. En poussant Raoden à traverser la ville, j'ai maintenu le rythme.
Tout le reste dans ce chapitre est resté à peu près le même. Dans le brouillon original, Galladon s'appelait en réalité Galerion. J'ai changé le nom parce que "Galerion" ne correspondait pas tout à fait au style linguistique que j'avais finalement conçu pour Duladel. Encore une fois, je n'ai pas planifié autant pour ce livre que maintenant pour les livres que j'écris, et j'ai juste laissé les noms et les cultures se développer au fur et à mesure que j'écrivais. Au final, la culture de Galerion a dépassé son nom. J'ai pensé que le principal Dula du livre devait avoir un nom qui sonne Dula. Fait intéressant, Moshe - mon éditeur - a décidé de manière indépendante qu'il n'aimait vraiment pas le nom de Galerion. Lorsque j'ai suggéré le changement, il a été très satisfait. À l'origine, il n'aimait pas non plus le nom de Raoden - mais cela venait surtout du fait qu'il avait du mal à le prononcer. J'aime vraiment beaucoup ce nom, mais je comprends qu'il peut être difficile si vous ne comprenez pas la langue aonique. Souvenez-vous - deux sons de voyelle durs formés par l'aon, toutes les autres voyelles sont douces. RAY-OH-den. (Lisez le guide de prononciation pour plus d'informations [NdT : retrouvez notre traduction dans ces annexes]).
Galladon/Galerion parlait à l'origine avec un dialecte beaucoup plus fort dans ce chapitre. Ce dialecte s’est cependant dissipé après les premiers chapitres, et j'ai décidé que je ne voulais pas qu'il soit aussi difficile à comprendre. Je l’ai donc repris et coupé. Vous remarquerez quand même que Galladon utilise toujours le dialecte assez fortement dans ce premier chapitre.
Chapitre 2 - 08-06-2005
Alors, ce chapitre gagne le grand prix du chapitre le plus édité et révisé du livre. Il y a d'autres chapitres avec plus d'ajouts - mais seulement parce qu'ils ont été complètement ajoutés après le brouillon original. Ce chapitre, notre bon vieux chapitre deux, est celui qui a subi le plus de retouches, de lifting, d'ajouts et de modifications sur les dix versions que j'ai faites d'ELANTRIS.
Et je pense que la pauvre petite Sarène en est la cause.
Vous pourriez dire qu'elle a joué le même rôle dans le livre qu'elle a joué avec Hrathen, Iadon, et Raoden dans l'histoire.
Au fur et à mesure que je travaillais sur le roman, Sarène a pris un rôle beaucoup plus dominant dans l'intrigue que ce que j'avais prévu. Peut-être est-ce parce qu'elle est l'intermédiaire entre les deux autres personnages, ou peut-être est-ce parce que c'est celle que je préfère parmi les trois personnages. Quoi qu'il en soit, à mes yeux, ce livre parle de Sarène. Elle est le catalyseur, la force du changement.
En fin de compte, elle est celle qui apporte les solutions aux problèmes de Raoden et Hrathen. Elle donne à Raoden l'indice dont il a besoin pour réparer ELANTRIS, et elle donne à Hrathen le moment de courage dont il a besoin pour se retourner contre Dilaf.
Cependant, j'ai remarqué que Sarène est le personnage le moins aimé de beaucoup de gens parmi les trois. J'ai eu beaucoup de mal dans les premiers brouillons de ce livre, car de nombreux lecteurs alpha ne l'aimaient pas dans ce chapitre. Ils pensaient qu'elle était trop brusque et manipulatrice. J'avais toujours l'intention de montrer un côté plus sensible d'elle plus tard dans le roman, mais je n'avais pas prévu de commencer aussi rapidement que je l'ai finalement fait.
La première modification du chapitre est survenue avec l'ajout de la scène où Sarène et Ashé se rendent au palais. C'est la section où Sarène est assise dans la voiture, réfléchissant à sa colère contre Raoden et à son insécurité. Cela contrebalance un peu la force que nous voyons chez elle dans la première scène aux docks, la rendant plus complète en tant que personnage.
Le deuxième grand ajout est venu sous la forme de la scène du service funéraire. Il a été ajouté en réponse à une des suggestions de Moshe - il voulait qu'on ait l'opportunité de voir Sarène enquêter sur la mort de Raoden. Dans les versions originales du livre, on a estimé que le récit rendait trop évident pour les étrangers que Raoden avait dû être jeté dans Elantris. Moshe et moi avons estimé que ça semblait absurde que les gens ne considèrent pas la possibilité que Raoden ne soit pas mort. Ce n'est pas ce que je voulais - je voulais que la plupart des gens acceptent l'événement. Seule une personne aussi curieuse que Sarène aurait pu être soupçonneuse.
J'ai donc révisé l'histoire pour minimiser les suspicions autour de la mort de Raoden. Au lieu de faire précipiter Iadon à travers les funérailles (un élément du brouillon original), j'ai ajouté le service funéraire et fait assister Sarène (hors scène) aux funérailles elles-mêmes. Ces modifications ont rendu plus raisonnable le fait que très peu de personnes auraient des doutes concernant la mort du prince, et donc plus plausible que les gens ne pensent pas qu'il a été jeté dans Elantris.
D'autres petits ajustements à ce chapitre incluent la suppression d'une ligne que presque tout le monde semblait détester sauf moi. Après avoir rencontré Iadon pour la première fois, Sarène est emmenée par Eshen pour quitter la salle du trône. A ce moment-là, je faisais marmonner à Sarène "Oh ma chère. CECI ne fera jamais l'affaire". Tout le monde pense que c'était trop autoritaire et la faisait paraître trop froide, alors je l'ai changé en "Domu Miséricordieux ! Dans quoi me suis-je embarquée ?" Cependant, une partie de moi regrette toujours la petite remarque de Sarène.
Chapitre 3 - 09-06-2005
Il y a une certaine division parmi les lecteurs concernant leur personnage préféré. Un groupe choisit Raoden, mais je pense que la majorité va vers Hrathen. Tout bien considéré, je pense qu'il est probablement le meilleur méchant que j'aie jamais écrit. Sa personnalité ressort très bien dans ce premier chapitre, et je pense qu'il a peut-être l'introduction la plus percutante - du moins en termes de personnalité - des trois.
Le chapitre trois marque la fin de la première "triade de chapitres".
Les triades de chapitres sont un élément structurel majeur de ce roman. Les points de vue tournent entre Raoden-Sarène-Hrathen, dans l'ordre, un chapitre chacun. Chacun des trois chapitres du regroupement couvre à peu près la même période de temps, ils peuvent donc se chevaucher, et on peut parfois voir la même scène sous deux points de vue différents. (Notez le point dans le chapitre deux où Sarène voit Raoden être conduit à Elantris, portant les robes sacrificielles.)
Nous suivons toujours ce même format, allant de Raoden, à Sarène, à Hrathen.
Jusqu'à ce que le système s'effondre tard dans le livre - mais on en reparlera.
Et vous avez peut-être remarqué que les aons au début des chapitres restent les mêmes pendant trois chapitres avant de changer. Chaque triade a donc un aon différent pour la marquer. (J'ai dû un peu me battre pour faire passer ça chez Tor. La décision finale était la leur, mais une fois qu'ils ont compris ce que j'essayais de faire, ils ont aimé l'idée et l'ont approuvée.) Le placement des aons est un peu obscur, je l'admet, mais il pourrait être amusant pour les gens de le remarquer. (Ils deviennent également de plus en plus complexes, construits à partir de plus en plus de tracés d'aon, au fur et à mesure que les triades progressent. Il y a quelques aons spéciaux marquant les débuts des sections.)
Je parlerai davantage des triades de chapitres plus tard. Vous pouvez en savoir plus sur ma théorie sur le format dans la postface critique à ELANTRIS (qui devrait éventuellement être publiée dans la section 'Goodies' de Elantris.) Je pourrais aussi faire un essai spécifiquement sur le format et les défis qu'il a présentés.
Quoi qu'il en soit, revenons à Hrathen. Mon espoir en le créant était de présenter un antagoniste pour l'histoire qui serait crédible, compréhensible et sympathique. C'est un homme bon, à sa manière - et il est certainement dévoué. Il ne veut pas détruire le monde ; il veut le sauver. Ce n'est pas de sa faute s'il sert une force impériale maléfique.
Quoi qu'il en soit, Hrathen a certainement la progression de personnage la plus intéressante de l'histoire. Raoden et Sarène, malgré de nombreux attributs intéressants, sont deux des personnages les plus statiques que j'ai conçus. Ce livre ne parle pas de leur croissance en tant que personnes, mais plutôt de leur capacité à surpasser leurs chances. Hrathen, en revanche, a une réelle opportunité de grandir, d'apprendre et de changer. Peut-être que c'est ce qui fait de lui le préféré des gens. Cela a certainement fait de lui le favori des critiques.
Je ne peux penser qu'à deux livres que j'ai écrits -sur seize- qui utilisent une 'bombe à retardement' littéraire aussi stricte que celle de ELANTRIS. Trois mois pour convertir le royaume ou bien Wyrn le détruira. C'est une motivation assez lourde. Parfois, les bombes à retardement peuvent sembler forcées, et j'ai essayé de rendre celle-ci la plus réaliste possible.
Plus tard, lorsque nous découvrons que Hrathen n'a jamais été destiné à réussir sa conversion, je pense que cette limite de trois mois a beaucoup plus de sens.
Chapitre 4 - 10-06-2005
Moshe et moi avons été d'accord sur presque toutes les modifications ou changements apportés à ELANTRIS. Cependant, il y a une petite chose que nous n'avons pas tout à fait réglée. Le mot Kolo.
Les "Kolo" de Galladon sont, selon moi, une partie intégrante de sa personnalité. Je le caractérise beaucoup à travers ses dialogues - il n'a pas vraiment de points de vue à lui, donc c'est le moins que je puisse faire pour lui (au moins jusqu'à la fin).
Je dois soit le faire à travers les pensées de Raoden ou à travers les propres paroles de Galladon. Lorsque j'ai créé le personnage de Galladon, j'ai réalisé que j'aurais besoin d'un ensemble de caractéristiques linguistiques qui renforceraient la nature détendue de sa culture. J'ai donc choisi des sons doux et j'ai donné à leur dialecte un aspect très "bavard". L'habitude des Dula d'appeler tout le monde "ami" vient de là - tout comme leur habitude d'adoucir tout ce qu'ils disent avec une forme interrogative. Linguistiquement, les questions sont moins conflictuelles que les affirmations, et j'ai pensé qu'une culture comme celle des Dula serait toute à propos de ne pas entrer en conflit avec les gens.
Un certain nombre de langues dans notre propre monde utilisent fréquemment des marqueurs similaires. Le coréen, la langue étrangère que je connais le mieux, a une construction linguistique similaire. Plus près de chez nous, les gens se moquent souvent de la propension des Canadiens à ajouter une forme similaire à leurs propres déclarations. J'entends que l'espagnol utilise souvent ça aussi. Dans beaucoup de ces langues, un grand pourcentage de déclarations faites se termineront en réalité par une forme interrogative adoucissante.
Quoi qu'il en soit, assez de linguistique. Je suis probablement en train d'adopter la posture "littéraire" standard en me repliant sur les faits et les explications pour paraître en position d'autorité. Donc, j'aimais que Galladon dise des "Kolo" à tout va. Dans le brouillon original, les marqueurs étaient ajoutés à la fin des phrases, un peu comme nous pourrions demander "eh ?" ou "tu vois ?" en anglais. "Il fait chaud aujourd'hui, kolo ?"
Cependant, Moshe a trouvé l'utilisation excessive de Kolo confuse - surtout en lien avec Sule. Il pensait que les gens pourraient confondre les deux mots, car ils sont utilisés de manière similaire dans les phrases. En clair, il trouvait les kolos distrayants et a commencé à les enlever de-ci de-là. Moi, à mon tour, j'ai lutté pour en garder autant que je pouvais. C'est devenu plutôt amusant - à chaque nouveau brouillon, il essayait d'en enlever de plus en plus, et moi j'essayais d'en rajouter autant que possible. (J'ai été tenté d'ajouter un "kolo" au brouillon de Fils des brumes, juste pour l'amuser).
Quoi qu'il en soit, nous avons fini par déplacer Kolo dans sa propre phrase pour essayer de le rendre plus compréhensible. "Il fait chaud aujourd'hui. Kolo?" Nous avons également fini par couper entre un tiers et la moitié des utilisations du mot, et perdre chacune d'elles a été une grande douleur pour moi. (Eh bien, pas vraiment. Mais je suis payé pour être mélodramatique.) Donc, si vous en avez envie, vous pouvez les rajouter dans votre esprit lorsque vous lisez les répliques de Galladon.
En dehors de cette volumineuse digression, je ne sais pas si j'ai beaucoup à dire sur ce chapitre. Je pensais qu'il était nécessaire de donner à Raoden un ensemble clair d'objectifs à accomplir - d'où les trois gangs distincts qu'il doit vaincre. Comme les séquences de Sarène et Hrathen allaient être un peu plus ambiguës en termes d'intrigue, je voulais un conflit pour Raoden qui pourrait montrer des progrès distincts et constants.
Je savais dès le début que je voulais qu'il établisse une nouvelle société pour Elantris, et les gangs représentaient une façon pour lui d'aborder cet objectif de manière progressive.
Le retournement de situation à la fin de ce chapitre, d'ailleurs, est l'un de mes préférés. Le système de triades de chapitre m'a donné de nombreuses opportunités pour des retournements - comme nous le verrons plus tard.
Chapitre 5 - 12-06-2005
Ce chapitre comprend deux événements très importants. Le premier est l'établissement de la relation entre Hrathen et Sarène. Le "croisement de regard dramatique " est, il faut l'admettre, galvaudé en fiction. Cependant, je l'ai trouvé approprié ici, car plus tard j'ai fait en sorte que Hrathen remarque Sarène. Je voulais établir que les deux avaient une sorte de compréhension mutuelle, et j'avais besoin d'introduire une autre intrigue pour Sarène. Hrathen a eu sa bombe à retardement de trente jours au chapitre trois, et Raoden a non seulement son exil, mais aussi les problèmes avec les gangs établis dans le dernier chapitre. Jusqu'à présent, Sarène n'avait que ses soupçons concernant la mort de Raoden, ce qui n'est vraiment pas assez pour alimenter ses parties du roman.
L'un des éléments d'intrigue que j'ai dû établir dans ce livre était le fait qu'un seul homme, en l'occurrence Hrathen, peut avoir un impact profond sur l'avenir d'un peuple entier. Si je n'établissais pas cela, il manquerait alors aux chapitres de Sarène un sens dramatique, puisque Hrathen lui-même ne semblerait pas être une grande menace. Vous devrez juger par vous-même si j'ai réussi mon coup ou non.
La deuxième partie importante de ce chapitre, bien sûr, est l'introduction de la famille Kiin. La personnalité de Sarène la rend moins indépendante que Raoden ou Hrathen. Ce n'est pas qu'elle manque de détermination, ou même d'entêtement. Cependant, sa personnalité, ses intrigues et plans nécessitent tous d'autres personnes - elle a besoin de politiques, alliés et ennemis. Ashé lui offre un moyen parfait pour parler de ses problèmes. J'ai quand même estimé qu'elle avait besoin de quelqu'un au sein de la cour d'Arélon avec qui travailler et planifier. Au fur et à mesure que le livre progresse, vous remarquerez que les chapitres de Sarène incluent beaucoup plus de personnages secondaires que les chapitres de Hrathen ou Raoden. En fait, je parie qu'elle en a plus que les deux autres réunis. Ceci n'est qu'une autre manifestation de sa fibre sociale : elle excelle dans les situations où elle peut coordonner des groupes, et elle a besoin de beaucoup de gens différents avec lesquels interagir pour faire ressortir sa personnalité.
J'ai reçu quelques petites remarques de la part des lecteurs concernant la famille Kiin. Certains pensent que la famille dans son ensemble paraît trop "moderne". C'est un anachronisme qu'à un certain niveau, j'admets. L'une des particularités du genre de la fantasy est la façon dont il préfère généralement traiter les gouvernements anciens, les technologies et les sociétés sans vraiment faire en sorte que ses personnages se conforment à des modèles de personnalité plus anciens. En d'autres termes, la plupart des personnages principaux de fantasy sont des gens qui, si on les dépoussiérait un peu et leur donnait une courte leçon d'histoire, pourraient s'adapter assez bien dans le monde moderne.
Je serai honnête. Je préfère le genre de cette façon. Je ne lis pas de la fantasy parce que je veux une leçon d'histoire, bien qu'apprendre des choses soit toujours agréable. Je lis pour les personnages - et je veux aimer les personnages que j'apprends à connaître. J'aime mettre les personnages en situation et explorer comment ils réagiraient à des circonstances extrêmes. Je ne pense pas que ce type d'intrigue serait aussi fort, ou aussi intéressant, si les personnages n'étaient pas intrinsèquement identifiables à un lectorat moderne.
Mon explication intradiégétique pour ça est simple. Ce n'est pas parce que notre monde a mis un certain type de développement culturel à côté d'un certain niveau de développement technologique que cela doit toujours être le cas. Dans beaucoup de mes mondes, la culture a outrepassé la technologie. Ça a une certaine base rationnelle ; j'écris des mondes qui impliquent des systèmes de magie très distincts et souvent très prévalents. Grâce aux bénéfices de ces magies, beaucoup de mes sociétés n'ont pas été forcées de compter autant sur la technologie. Il y a plus de temps libre, plus de temps pour les études et, par conséquent, les sociétés sont plus développées.
Cela dit, la famille Kiin est un peu extrême, même pour moi. Cependant, en toute honnêteté, je les ai écrits comme je les aime. Ils fonctionnent, pour une raison quelconque, pour moi. Ils se distinguent un peu, mais j'aimerais penser que c'est leur brillance et leur avant-gardisme - plutôt qu'une erreur narrative - qui les fait ressembler à une famille moderne.
Chapitre 6 - 24-06-2005
Dans ce chapitre, nous voyons pour la première fois certaines des cicatrices que Hrathen cache. Ce qui fait de lui un personnage si captivant à mon sens, c'est le fait qu'il considère, questionne et examine sérieusement ses propres motivations. Les choses qu'il a faites à Duladel sont une source sérieuse de culpabilité pour lui, et sa détermination à faire ce qui est juste - même si ce qui est "juste" pour lui n'est pas nécessairement ce que nous considérerions comme juste - lui donne une force de caractère et une personnalité à laquelle il est difficile de résister.
Il combine à cette sincérité une véritable force de logique. Il est correct dans son examen d'Arélon. Le pays a de sérieux problèmes. Il a un gouvernement affaibli, des forces militaires faibles et une économie tout aussi faible. Les explications logiques de Hrathen dans ce chapitre sur pourquoi il se croit dans son bon droit pour tenter de renverser le gouvernement devraient sembler assez convaincantes.
D'un autre côté, nous avons toute sa discussion sur la "Tyrannie en trois étapes faciles" avec Dilaf. C'est cet aspect de bienveillance tordue qui complète sa personnalité en tant que méchant. Il n'est pas seulement sincère, il n'est pas seulement logique - il a aussi un côté sans pitié. C'est une combinaison très dangereuse chez un personnage.
En parlant de la ligne "Je vais vous montrer comment détruire une nation", ce concept - cette ligne, en fait - était l'une des premières choses que j'ai imaginées dans mon esprit en pensant à Hrathen. La manière dont il approche logiquement quelque chose qui semblerait décourageant - voire impossible - pour un étranger est une partie importante de ce qui définit sa personne. J'aime aussi trouver des occasions de montrer comment Hrathen voit le monde. Chaque fois que je le place sur le mur de la ville d'Elantris et le laisse inspecter les défenses de la ville, je donne un indice sur la façon dont il a été formé et comment il pense. Je ne crois pas que Sarène aurait pu remarquer à quel point la ville de Kaë est faiblement fortifiée - mais Hrathen y pense à au moins trois occasions différentes.
Je m'inquiète, juste un peu, que les gens lisent ce livre et pensent que je suis anti-religion. Ceux d'entre vous qui me connaissent réaliseront combien c'est loin de la vérité - je suis en fait plutôt dévoué dans mes propres croyances. Cependant, à cause de ce dévouement, je comprends la religion et le pouvoir qu'elle peut avoir sur les gens. Je pense que quelque chose de potentiellement bon offre également un grand potentiel pour le mal. Et, en tant que fervent croyant en la religion - et en la liberté de religion - je peux penser à peu de choses aussi effrayantes ou aussi maléfiques qu'une religion qui a mal tourné.
Je ne suis pas contre la religion. En fait, je ne suis même pas vraiment contre le Shu-Déreth. J'ai essayé de construire une religion Shu-Déreth qui avait des enseignements très intéressants, et valides. Cependant, comme certaines très bonnes religions dans notre propre monde, une gouvernance maléfique - ou même mal orientée - peut transformer de bons enseignements en une force de destruction et de mal.
Ma propre religion enseigne que le contraste est une bonne chose. À cause de la douleur, nous pouvons apprécier la joie. Parce que nous comprenons le mal (bien que nous n'ayons pas nécessairement à y participer) nous pouvons comprendre et apprécier le bien. Parce que nous avons des choix, nous avons l'occasion de prendre responsabilité pour nos actions. De cette façon, je crois qu'une religion ne devrait pas hésiter à enseigner qu'elle a la vérité - et j'aime le fait que nous ayons beaucoup d'options en matière de religions dans notre propre monde. Cependant, nous rencontrons des problèmes lorsque nous commençons à imposer nos opinions religieuses par l'épée ou par législation.
Cette croyance est, je suppose, la base dont je me suis servi pour dépeindre Hrathen en tant qu'antagoniste dans ce livre. Oui, sa logique est bonne - Arélon va probablement tomber. Cependant, cela ne lui donne pas le droit d'accélérer ou de manipuler cette chute à son avantage. Cela ne lui donne pas le droit de renverser ou de supprimer les croyances des autres. Il est plus vertueux de lui résister parce qu'il essaie de détruire le système de croyances d'un peuple entier, à mon avis, que par simple volonté de sauver sa vie.
(Ce dernier passage semble un peu mélodramatique, maintenant que je le relis. Excusez-moi pour ça, si vous voulez bien. Risque professionnel.)
Chapitre 7 - 24-06-2005
Il est intéressant que ce livre soit le premier que je publie. Beaucoup d'entre vous savent que lorsque j'ai finalement vendu ELANTRIS, je travaillais sur mon treizième roman. Au moment de la sortie d'ELANTRIS, j'avais écrit quinze romans distincts. Très peu de ces romans sont des suites et parmi les quinze, ELANTRIS est en fait le numéro six.
L'une des choses dont je suis fier en tant qu'écrivain, ce sont mes systèmes magiques. Je consacre beaucoup d'efforts et de pré-écriture à leur conception, et je m'efforce vraiment de leur donner quelque chose que le lecteur n'a jamais expérimenté auparavant. Fils des brumes, le livre qui sortira un an après ELANTRIS, en est un très bon exemple.
Cependant, ELANTRIS est très intéressant car je n'ai pas vraiment l'occasion de passer beaucoup de temps sur la magie. Ou du moins, je n'ai pas beaucoup de temps pour la montrer - la magie de ce livre est brisée, et donc bien que nous en apprenions beaucoup à son sujet (et je pense qu'elle est singulière dans son arrangement), nous ne pouvons pas la voir.
Une autre chose intéressante à propos de ce livre, cependant, est que le cadre lui-même comprend un aspect magique - un peu comme un équilibrage au fait que nous ne voyons pas les aons faire quoi que ce soit. Je pense que les problèmes associés au fait d'être un elantrien, mélangés avec le cadre intéressant à l'intérieur de la ville, créent une ambiance magique intéressante pour le livre, que les séons servent à intensifier.
Ce chapitre, qui montre Raoden et Galladon accroupis sur le toit et guettant les nouveaux venus, me rappelle les premiers jours de la conception de ce roman. L'idée d'ELANTRIS est en fait venue plusieurs années avant que je ne me décide à écrire le livre. Je savais que je voulais raconter l'histoire d'une ville brutale remplie de gens qui avaient une sorte de maladie les empêchant de mourir.
L'une des premières scènes qui m'est venue à l'esprit était celle du personnage principal accroupi sur un petit bâtiment, regardant les portes de la ville. Les portes s'ouvrent, et un nouveau venu est jeté à l'intérieur. En même temps, l'un des misérables à l'intérieur de la ville craque - cédant enfin à sa douleur, devenant fou. Cet homme se précipite follement vers les portes, essayant de s'échapper. Les gardes de la ville - qui n'ont pas la maladie - projettent d'énormes lances sur l'homme qui fonce vers les portes. L'une des lances le frappe, le transperçant complètement.
Cependant, il est rapidement expliqué que la lance n'était pas destinée à tuer, car l'homme continue à se débattre faiblement, malgré le fait d'avoir été embroché. Mais la lance est si grande et encombrante que le pauvre créature ne peut plus bouger - évidemment, les armes sont destinées à ralentir et immobiliser, pas tuer. Après tout, les habitants de cette ville ne peuvent pas être tués. L'homme cesse de lutter, et se couche là sans force, geignant avec la lance énorme coincée dans sa poitrine.
En même temps, un autre malade s'approche du personnage principal. "–-Insérez un nom-– est devenu fou hier soir", murmure-t-il au personnage principal. "Tu es maintenant l'aîné." Ce qui signifie, bien sûr, que le personnage principal est maintenant la personne qui est dans la ville depuis le plus longtemps sans être devenue folle.
Vous devriez pouvoir voir l'évolution de cette scène dans l'histoire que j'ai finalement racontée. Beaucoup de concepts sont les mêmes, bien que j'ai changé la personne qui avait été dans la ville pendant longtemps en un nouveau venu qui avait encore son optimisme. J'ai également beaucoup déplacé l'accent du roman sur ce qui se passait à l'extérieur de la ville, ajoutant deux autres personnages principaux. Cependant, cette scène reste toujours dans mon esprit - c'est en fait la seule vraie scène dont je me souviens des premiers jours de planification d'ELANTRIS. En hommage à elle, j'ai laissé les grosses lances lourdes portées par les Gardes de la Ville d'Elantris. Hrathen les mentionne dans le chapitre précédent. Bien que les gardes ne les portent plus pour la même raison - en effet, le garde ne saurait probablement même pas quoi faire avec elles en cas d'attaque - je pensais que cette petite référence interne était intéressante.
Chapitre 8 - 27-06-2005
L'économie d'Arélon est l'un des aspects intéressants de ce livre. Pourtant, je me demande si je n'ai pas fait des choses un peu trop bizarres dedans. L'idée que la noblesse soit directement liée à l'argent est si souvent décrite par les personnages que je crains que les lecteurs pensent que le système est trop absurde pour avoir vu le jour. Je pense malgré tout qu'en établissant que le roi était un ancien commerçant - et en soulignant comment le système a été créé rapidement, pour combler le vide après la chute d'Elantris - je parviens à maintenir la situation économique et sociale à Arélon dans le domaine du possible.
Je pense que trop souvent les auteurs de fantasy se contentent de se lancer avec une magie légèrement originale, ignorant le fait que leurs cultures, gouvernements et religions sont dérivés. Il y a cette idée du monde fantastique 'général', et les auteurs s'en inspirent. Cependant, je pense qu'un élément culturel intéressant peut être tout aussi fascinant - et tout aussi utile à l'intrigue - qu'un système de magie intéressant. Dans les meilleurs cas, les deux sont interconnectés, comme on peut le trouver dans des livres brillants du genre Dune.
Bien sûr, l'étrange système économique / gouvernemental du livre n'est qu'un descendant d'un autre système économique / gouvernemental étrange. Sarène et Lukel discutent de quelques-uns des problèmes posés par un groupe de personnes capables de créer ce qu'ils veulent grâce à l'utilisation de la magie. Je n'ai pas beaucoup eu à gérer cet aspect de AonDor dans ce livre spécifique, car le roman se déroule à une époque où la magie d'Elantris ne fonctionne pas. Cependant, il y a beaucoup de ramifications intéressantes que AonDor proposerait pour un livre se déroulant pendant l'apogée d'Elantris. À quoi bon l'or si quelqu'un peut le créer à partir de rien ? En fait, à quoi bon un système monétaire quand tout le monde peut avoir autant de nourriture qu'il veut ? Quel besoin y a-t-il d'invention ou d'ingéniosité face à un groupe de personnes qui peuvent recréer n'importe quel bien, peu importe la complexité, d'un simple mouvement de poignet magique ?
La vérité derrière les capacités magiques des elantriens est beaucoup plus limitée que Sarène ou Lukel ne l'admettent dans ce chapitre. Si on remontait quinze ans en arrière, on trouverait que les elantriens qui avaient la compétence de fabriquer des matériaux complexes "à partir de rien" étaient en réalité assez rares.
Comme nous l'apprendrons plus tard dans le livre, l'AonDor est une compétence très compliquée et difficile à maîtriser. En écrivant ce livre, j'ai imaginé que les aons compliqués que Raoden apprend à dessiner ne sont que les prémisses pour des équations imposantes qui pourraient prendre des semaines à planifier et à écrire. Fabriquer quelque chose de très complexe nécessiterait beaucoup de détails dans la recette de l'AonDor.
Pourtant, je pense que la tension entre les elantriens et les marchands est une conséquence naturelle de cette situation.
La scène où les enfants parlent d'art est celle que j'ai failli couper du livre à plusieurs reprises. Je crains que ce soit l'une des scènes qui contribue trop à donner l'impression que 'la famille de Kiin est déplacée' que les gens ressentent parfois. De plus, je crains d'avoir rendu Kaise TROP intelligente ici. Trois choses me font garder la scène. Premièrement, je pense que c'est plutôt amusant. Le deuxième est un spoiler, donc je ne dirai pas grand-chose à ce sujet - simplement que je voulais donner à Kaise et Daorn une bonne caractérisation.
Pour vous, lecteurs de spoilers, ces deux-là seraient les personnages principaux de toute suite que j'écrirais à ELANTRIS. Je situerais le livre environ dix ans après la fin de celui-ci.
La troisième raison de conserver la scène est que je l'ai mise en place, en premier lieu, tout à fait intentionnellement. Kaise, et dans une moindre mesure Daorn, sont une petite réaction contre La Stratégie Ender. Quand j'ai lu ce livre, et certains autres de Scott (qui, soit dit en passant, sont tous brillants) je me suis demandé si des enfants aussi intelligents que les siens agiraient vraiment comme ils le font dans ses livres. Sans vouloir contredire l'un des plus grands esprits de la science-fiction de notre époque, je voulais donner une autre vision de l'idée de "l'enfant intelligent". Alors, j'ai présenté ces enfants comme étant extrêmement intelligents, mais aussi extrêmement immatures avec cette intelligence. Je ne suis pas convaincu que le QI apporte la maturité avec lui, et je pense qu'il y a déjà tellement d' "adulte" dans chaque enfant. Alors, j'ai introduit Kaise et Daorn pour me permettre de jouer un peu avec cette idée dans ELANTRIS.
Chapitre 9 - 01-07-2005
Cette troisième "triade de chapitres" est la première où je fais une véritable intersection des trois points de vue. Raoden voit Hrathen sur le mur, Sarène et Hrathen s'affrontent, puis Hrathen pense à son accrochage avec Sarène en se rendant à la réunion avec les nobles.
Je ne suis pas sûr de vouloir à nouveau utiliser le système de triade de chapitre. Il a posé toutes sortes de problèmes pour l'écriture du livre. Presque tout ce que j'ai écrit a été strictement chronologique - si vous sautez d'un point de vue, ou d'un chapitre, au suivant, vous avancez toujours dans le temps. En revenant en arrière dans deux chapitres sur trois, je me suis créé des problèmes de rythme et de coordination. Par exemple, les événements importants dans chacun des trois scénarios devaient se produire en général le même jour. De plus, je devais faire tourner les chapitres strictement, et donc je ne pouvais pas simplement sauter un personnage pendant une période donnée. Cela signifiait que je devais avoir des événements importants qui se produisaient dans les trois points de vue tout le temps.
Cependant, les avantages de cette situation sont des moments comme ceux que vous voyez dans cette triade, où je peux passer d'un chapitre à l'autre, en jouant sur les délais. Vous avez peut-être remarqué à partir de cette triade que j'ai dû tricher un peu. Tous les points de vue n'ont pas lieu exactement en même temps. La règle que je me suis fixée est qu'ils devaient tous avoir lieu le même jour, de préférence aussi proches que possible les uns des autres.
Ce chapitre est l'un des principaux chapitres centrés sur la "démonstration des compétences de Hrathen". La plupart des choses qui se passent ici sont dans le domaine du développement de personnage pour Hrathen. L'intrigue où il influence certains des nobles est importante, mais pas spécifiquement. Cependant, j'ai toujours dit que plus le méchant est fort - et intelligent - meilleure est l'histoire. En montrant comment Hrathen traite avec les nobles, je renforce ses capacités, et justifie sa menace pour la ville.
Il y a eu quelques petites modifications à ce chapitre. La plus grande a été un changement où j'ai légèrement affaibli la "traîtrise" de la conversation de Hrathen. Dans l'original, il a dit aux nobles qu'il était le gyorn assigné à Duladel avant qu'elle s'effondre. Moshe a souligné que c'était un peu trop subversif de sa part d'étaler cela au milieu d'un groupe d'hommes qui peuvent ou non finir par le soutenir, alors j'ai fait le changement.
Chapitre 10 - 08-07-2005
Les elantriens sont-ils des zombies ? On m'a déjà posé cette question. La réponse est un peu oui, un peu non. Je ne fais très intentionnellement aucune référence dans l'histoire à leur aspect de zombie et je ne les appelle certainement pas "morts-vivants". Ces deux mots apportent beaucoup de bagages avec eux.
Non, les elantriens ne sont pas des "zombies". Cependant, ils correspondraient certainement à la définition standard d'êtres "morts-vivants" en fantasy . Après tout, leurs corps ne sont pas vraiment vivants, mais ils peuvent penser. Pourtant, je résiste aux comparaisons avec les traditions de fantasy établies. Je voulais que les elantriens soient un genre de créatures à part entière. Dans le monde que j'ai créé, ce sont simplement des "elantriens". Ce sont des gens qui n'ont pas besoin de manger, dont les corps ne fonctionnent qu'à un niveau marginal et dont les douleurs ne disparaissent jamais. Pour la fonction qu'ils remplissent dans le monde et l'histoire, je préférerais qu'ils soient comparés à des lépreux.
Cela dit, j'ai toujours voulu faire une histoire avec un zombie en personnage principal.
Ce chapitre introduit quelques personnages mineurs du gang de Raoden. Une chose que vous remarquerez ici est l'humour bienveillant que j'inclus dans le chapitre. (Ou, du moins, j'espère que vous l'avez trouvé humoristique.) J'avais vraiment peur qu'ELANTRIS soit un livre trop sombre, compte tenu de ce que Raoden doit traverser. C'est pourquoi le personnage de Galladon est si important. Dans mon esprit, Galladon correspond à la définition la plus basique d'un personnage humoristique - il est une juxtaposition. Il est un pessimiste issu d'une culture d'optimistes. Il est un contraste pour Raoden, et en même temps son pessimisme comique allège l'histoire et souligne à quel point leur situation est ridicule.
Galladon n'est pas seulement un ressort comique - je n'ai jamais utilisé, et n'ai jamais l'intention d'utiliser, un personnage pour son ressort comique. Cependant, il permet d'introduire une certaine dose de farce et de moquerie, ce qui allège l'atmosphère d'un livre qui aurait pu être très sombre, sans ça. Sa relation avec Raoden prouve qu'il peut exister des choses comme l'amitié et la confiance, même dans l'enfer d'Elantris.
Du fait qu'il y ait trois histoires distinctes dans ce livre, je dois avancer rapidement. (Ou, du moins, rapidement pour moi.) Cela m'a permis de maintenir le rythme et d'avoir une bonne tension dans chaque chapitre. Des trois points de vue, cependant, les chapitres de Raoden semblent avancer le plus rapidement, même si Hrathen a le plus petit nombre de pages.
Chapitre 11 - 11-07-2005
Je ne voulais certainement pas que ce livre se transforme en une déclaration politique sur l'émancipation des femmes. Je pense que ce genre de choses a été trop utilisé en fantasy : la femme dans un monde masculin oppressif cherchant à prouver qu'elle peut être tout aussi cool qu'eux. Cependant, j'ai dû traiter certaines questions culturelles dans ELANTRIS. Il est inévitable que Sarène soit un personnage féminin fort et il serait irréaliste de ne pas aborder certains des problèmes que cela crée avec les hommes qui l'entourent.
J'ai en fait utilisé plusieurs femmes que je connais comme modèle pour Sarène. J'ai souvent entendu des femmes dire qu'elles ont l'impression que les hommes se sentent menacés face à une femme affirmée et intelligente. Je soupçonne que ce genre de sentiments repose sur des bases fondées, même si j'espère que les hommes en question représentent un petit pourcentage de la population. Malgré tout, c'est un problème.
Dans ma propre culture, les gens ont tendance à se marier tôt. Ceci est en partie dû à l'accent mis par l'Église LDS sur les familles et le mariage, et en partie parce que j'ai vécu principalement à l'ouest et au centre-ouest, où je pense que l'attitude générale est plus traditionnelle qu'elle ne l'est dans les grandes villes. À cause de ça, j'ai vu un certain nombre de personnes, dont beaucoup de femmes, se plaindre du fait qu'elles se sentent exclues de la société parce qu'elles sont encore célibataires. L'insécurité de Sarène est liée aux vraies émotions que j'ai vues chez certaines de mes amies.
Cependant, je dois souligner que certaines des réactions que Sarène provoque ne sont pas dues au fait qu'elle soit une femme - mais simplement parce qu'elle est têtue. Elle a tendance à accorder trop d'importance au fait qu'elle est une femme, supposant que la résistance qu'elle rencontre est simplement basée sur le genre. Je pense qu'un homme avec sa personnalité rencontrerait des problèmes similaires, pour la plupart. La façon dont elle pousse à bout Roial dans ce chapitre en est un bon exemple. À mon avis, elle s'en sort relativement bien dans la scène de la cuisine, mais pas parfaitement. Elle a encore certaines choses à apprendre, une certaine maturité à atteindre.
Vous remarquerez la mention rapide des Épreuves de la veuve dans ce chapitre. Cette sous-intrigue a été ajoutée plus tard dans le processus de rédaction et j'ai dû revenir sur cette scène pour y écrire ces commentaires. Ça deviendra évident plus tard dans le récit.
Même si, vous qui lisez les spoilers, savez déjà le pourquoi du comment. J'avais besoin de faire entrer Sarène dans Elantris d'une manière ou d'une autre, et je ne savais pas comment j'allais le faire. Quelque part en cours de route, j'ai pensé à l'idée des Épreuves de la veuve. Finalement, cela a très bien fonctionné, car ça fournit le moyen pour Raoden de créer la Nouvelle Elantris.
Chapitre 12 - 15-07-2005
La métaphore de la langue que j'utilise dans ce chapitre est l'une de mes préférées dans le livre. L'attitude de Hrathen peut être brièvement résumée par la façon dont il décide qu'il est acceptable de prêcher aux gens dans leur propre langue. Il admet qu'il ne devrait probablement pas faire une telle chose, mais la justification logique est simplement trop forte pour qu'il puisse la nier.
J'ai parlé plus tôt de la façon dont les livres fantastiques ont tendance à placer des personnages modernes dans des contextes plus archaïques. Les séons dans ce livre sont l'une de mes rationalisations pour la façon dont les gens agissent. Je crois qu'une grande partie de notre civilité et maturité en tant que culture mondiale vient de notre capacité à communiquer rapidement et efficacement les uns avec les autres.
La communication instantanée change le monde. Elle rend les pays moins distants et permet de résoudre plus rapidement les problèmes. Souvent, lorsque je crée un système magique, cette idée est l'une des premières que je considère. La magie peut-elle fournir une communication ou un voyage instantanés ? Si c'est le cas, je peux l’utiliser pour réduire le monde, me permettant de placer des personnages dans des contextes plus lointains tout en les reliant toujours à l'intrigue. (Ce n'est pas quelque chose que je dois souvent faire dans ce livre. Cependant, la capacité de communiquer avec le Wyrn et le père de Sarène a pour effet de réduire le monde, facilitant ainsi la planification d'événements aussi drastiques en si peu de temps.)
L'éclat de Dilaf dans ce chapitre est mon premier véritable indice que les choses ne se passeront pas bien entre lui et Hrathen. En un sens, ce chapitre est un paradigme pour les événements à venir - Hrathen met en place ce qu'il pense être une présentation parfaite et soigneuse. Puis Dilaf arrive et y jette le chaos. Pourtant, malgré ce chaos, Dilaf a un effet profond - et peut-être efficace - sur ceux qui l'entourent.
Je n'avais pas initialement prévu que Hrathen ait un séon. Cependant, en travaillant sur ce chapitre, j'ai réalisé combien ça avait du sens. Cela prête un peu d'hypocrisie à la religion déréthie, et ça me plait beaucoup. Le séon m'a également permis d'accélérer les plans de Hrathen. Je n'aurais pas pu rendre l'intrigue aussi compacte si Hrathen n'avait pas accès à un séon.
En passant, je prévois que ce séon apparaisse dans la suite (si j'en écris une.) Il serait le propre séon d'Adien, car ce serait probablement le héros de la suite. (Avec son frère et sa sœur.) Pour ceux d'entre vous qui pensent que je n'ai pas assez traité des séons dans ce livre - la suite mettrait fortement l'accent sur eux. En fait, je suis tenté de faire de ce séon un personnage avec un point de vue. Cependant, cela me ferait monter à quatre personnages, ce qui ne me permettrait pas d'utiliser le système de triade des chapitres.
Chapitre 13 - 22-07-2005
C'est clairement l'un de mes chapitres préférés du livre. Ce chapitre montre vraiment le cœur du personnage de Raoden - il lui permet d'être le héros qu'il est. Je n'ai jamais écrit un autre personnage comme Raoden. D'une certaine façon, il n'est pas aussi équilibré que certains autres personnages (comme Hrathen.) Il n'a pas les défauts ou les combats intérieurs de certains des personnages plus complexes que j'ai conçus.
Cependant, ça ne fait pas de lui un personnage moins bon dans ce livre. Raoden est une sorte de superman - il fait la bonne chose presque à chaque occasion, et ses luttes intérieures ne servent qu'à le rendre plus noble. On ne peut pas souvent s'en sortir ainsi dans la fiction. Cependant, je pense qu'il y a vraiment des gens comme lui dans le monde - j'en ai connu quelques-uns. En l'incluant dans un livre avec Hrathen et Sarène, chacun ayant ses propres faiblesses et problèmes personnels, je pense que j'évite de rendre les personnages du livre trop superficiels.
Et, il y a une certaine... beauté à un personnage qui est simplement noble. Souvent, nous, en tant qu'auteurs, pensons que rendre un personnage "équilibré" ou "réaliste" signifie le corrompre d'une manière ou d'une autre. Je pense que Raoden défie ce concept. Il ne serait probablement pas un personnage très convaincant en dehors d'une situation extrême comme Elantris. Cependant, confronté aux problèmes et aux tâches presque accablants associés à la ville, sa force ne sert qu'à le rendre plus réaliste pour moi. Un personnage plus faible aurait cédé à Elantris. Raoden peut continuer à lutter.
Dans ce chapitre, je commence à introduire ce qui deviendra le combat principal du personnage de Raoden - celle de son fardeau de leadership. Il prend beaucoup sur lui et je pense qu'un homme de sa sincérité ne pourrait pas s'empêcher de s'arrêter et de se demander s'il mérite toute la loyauté qu'il reçoit.
Aussi, dans ce chapitre nous commençons à obtenir quelques accomplissements des constructions que j'ai mises en place dans les chapitres précédents. La préfiguration avec le puits, celle liée aux évasions de Karata dans la ville, et la préfiguration avec les enfants elantriens, toutes se concrétisent dans ce chapitre.
En même temps, je donne une préfiguration pour la paranoïa de Iadon, et d'autres concernant le passage hors de son palais.
Ce sont ces petits événements d'intrigue qui rendent l'écriture excitante pour moi. Quand ils se réalisent - quand le lecteur a ce moment de "oh, je comprends" - c'est là que je suis le plus heureux en tant que romancier.
Mon moment préféré de ce chapitre ? Probablement deux à égalité. L'un d'eux est celui où Raoden dessine l'aon pour arrêter le garde. Un personnage vraiment intelligent n'a pas besoin d'une boule de feu ou d'une explosion de puissance pour vaincre ses ennemis - il a simplement besoin d'un esprit assez rapide pour manipuler les ressources qu'il a. L'autre moment est celui où Raoden revient à la chapelle et donne l'épée à Saolin. C'est le premier grand moment de victoire de l'histoire, et après autant de chapitres traitant des douleurs et de la saleté d'Elantris, je pense que Raoden et sa bande le méritaient.
Chapitre 14 - 23-07-2005
Les commentaires de Shuden sur le mariage, au début de ce chapitre, m'ont souvent valu des sourires et des railleries de la part de mes amis. Un auteur met un peu de lui-même dans chaque personnage qu'il crée, et parfois un personnage particulier devient notre voix d'une manière ou d'une autre. J'avoue, la façon dont le mariage est traité dans ce livre a un léger rapport avec ma conception personnelle sur le sujet. Ce n'est pas que j'évite cette institution... Je trouve simplement que les formalités pour y parvenir sont un calvaire épouvantable.
Dans ce livre, j'ai eu un peu de mal à élaborer des personnalités pour tous les nobles qui devaient graviter autour de Sarène. Certains d'entre eux, comme Shuden, n'apparaissent pas beaucoup à l'écran, il était donc difficile de les rendre intéressants et distinctifs. Cependant, à la fin - après plusieurs brouillons - je connaissais tellement bien leurs caractères que lorsque mon agent a suggéré d'en supprimer un, je n'ai tout simplement pas pu le faire. Il y a donc peut-être un peu trop de noms - mais c'est un livre d'intrigue politique. C'est une bonne chose d'avoir toutes ces personnes à suivre.
Fait intéressant, un des nobles les plus importants pour l'intrigue n'apparaît pas très souvent dans la première mouture. Telrii était un personnage beaucoup moins important dans les premières versions du livre. Comme vous le verrez plus tard, cependant, il joue un rôle important.
Certains d'entre vous qui ont lu les toutes premières versions du livre se souviennent peut-être du Prince Fou. C'est un personnage que mon agent a réussi à me convaincre de supprimer - j'en parlerai davantage plus tard. Cependant, le besoin de renforcer le personnage de Telrii vient de la disparition du Prince Fou. Telrii fait désormais une bonne part de ce qu'Eton faisait auparavant.
Ainsi, l'ajout de Telrii dans la scène de la fête était l'une des dernières révisions du livre. Il est apparu dans le huitième ou neuvième brouillon, et je suis content de l'avoir. Il a enfin un caractère - dans les premières versions du livre, il était une non-entité. On en parlait de temps en temps, mais seulement pour montrer combien d'argent Hrathen était prêt à dépenser pour renverser l'Arélon.
Un autre moment intéressant dans cette scène est celui où Sarène joue l'idiote. En réalité, il y a une bonne histoire derrière ce stratagème. J'ai toujours aimé ce style d'intrigue - où un personnage se fait intentionnellement sous-estimer par les autres. Vous pouvez voir une structure d'intrigue similaire (beaucoup mieux exécutée) dans mon livre La Voie des Rois (Il devrait être publié vers 2008 ou quelque chose comme ça...). De toute façon, certaines de mes intrigues préférées de ce type se trouvent dans Hamlet et Prince Dragon (de Melanie Rawn).
Cependant, la scène de Sarène joue un rôle beaucoup moins important dans le livre que ce que j'avais prévu au départ. J'ai vite découvert que je devrais y aller à fond - en lui faisant jouer un spectacle très convaincant pour tous ceux qui l'entourent - ou bien je devrais l'affaiblir sévèrement dans l'intrigue. J'ai choisi la deuxième option. Il n'y avait tout simplement pas de raison, dans le climat politique que j'ai créé pour le livre, que Sarène prétende être moins intelligente qu'elle ne l'était. (Le concept original - bien qu'il n'ait jamais été rédigé - était de la faire prétendre être moins intelligente à cause du nombre de fois où elle avait eu des expériences douloureuses par le passé parce que les gens la trouvaient dominante et écrasante.)
J'ai décidé que j'aimerais que sa personnalité se manifeste de cette façon. Le seul vestige de la feinte originale se trouve dans cette petite ruse qu'elle joue à Iadon pour essayer de le manipuler. Même ceci, je pense, est une exagération - et ça a agacé quelques lecteurs. Cependant, ça ne joue pas un grand rôle dans l'intrigue, et ça conduit à des moments intéressants dans l'histoire, donc je l'ai laissé.
Chapitre 15 - 25-07-2005
Quand j'enseigne l'écriture, l'une de mes principales philosophies éducatives est qu'un auteur doit connaître ses forces. S'il y a quelque chose que vous savez bien faire, jouez sur cette force. Écrivez des livres qui mettent en valeur ce que vous savez faire. Ce n'est pas une raison pour ne pas travailler sur vos faiblesses ou les ignorer. Cependant, comme les lois du coût d'opportunité en économie, plus vous passez de temps sur vos points forts, plus vous obtiendrez de récompenses. Cela se traduit par de meilleurs livres, une meilleure chance d'être publié et de meilleures ventes.
Chaque écrivain est différent. Nous ne pouvons pas tous tout faire parfaitement. En tant qu'écrivain, l'une des choses que je ne fais pas est d'écrire de la belle prose. Je ne pense pas que ma prose soit mauvaise, mais elle est plutôt utilitaire. Certains auteurs, comme Orson Scott Card, peuvent transformer ce minimalisme en une force en soi. Je n'en suis pas encore là - j'écris toujours avec un style plus extravagant, je ne suis tout simplement pas un brillant artisan de la prose comme Gene Wolfe ou Ursula Le Guin. Je pense que je fais d'autres choses, cependant, d'une meilleure façon que ces deux-là.
Quoi qu'il en soit, malgré cette reconnaissance, j'écris parfois un paragraphe que je trouve tout simplement beau. Le premier paragraphe du chapitre quinze est probablement mon paragraphe descriptif préféré dans le livre. J'aime l'imagerie et le langage qu'il utilise. Peut-être que d'autres le verront comme un cliché - j'ai dû finir par changer la première ligne du prologue, après tout, que je trouvais également belle. Cependant, l'un des aspects agréables de la publication est que je peux regarder ce paragraphe dans une édition reliée et dire : "C'est moi qui ai fait ça".
L'une des réflexions internes les plus intéressantes de Hrathen dans ces chapitres est sa conviction qu'il vaut mieux faire des choses qui lui causent de la culpabilité, tant qu'elles sauvent l'âme des gens. C'est un dilemme logique auquel j'ai été confronté à plusieurs reprises. Si on prend la théologie chrétienne - qui dit qu'une âme est meilleure quand elle est "sauvée" - ne serait-ce pas le sacrifice ultime que de mourir non pour son prochain, mais de sacrifier sa propre âme pour qu'il puisse être sauvé ? En bref, que se passerait-il si un homme pouvait se condamner lui-même en enfer pour qu'un autre homme puisse aller au ciel ? Cet acte ne serait-il pas suffisamment noble pour absoudre l'homme qui a injustement été en enfer ? Soudain, Douglas Adams apparaît, et Dieu disparaît dans une bouffée de logique [NdT: rapport à une citation de cet auteur].
Quoi qu'il en soit, c'est là la faille logique que je vois Hrathen affronter. Il sait qu'il porte une lourde culpabilité pour le bain de sang qu'il a causé au Duladel. Cependant, il est prêt à assumer cette culpabilité - et tous les dégâts qu'elle entraîne - pour que les gens puissent être sauvés. Il laisse sa propre âme porter le fardeau, plutôt que de le confier à l'église. Encore une fois, je vois là une erreur de raisonnement - mais cela fait certainement un cheminement de pensée intéressant.
L'une des principales révisions post-vente que j'ai apportées à ELANTRIS a été suggérée par mon agent, Joshua Bilmes. Il a noté que j'avais plusieurs chapitres où Hrathen se promenait, perdu dans ses pensées. Il craignait que ces passages rendent le milieu du livre un peu long et qu'ils affaiblissent également le personnage de Hrathen. Alors, il a suggéré d'ajouter davantage Telrii dans le livre, et donc de donner à Hrathen des occasions de faire preuve d'ingéniosité dans la façon d'atteindre ses objectifs.
C'est le premier chapitre qui montre une révision majeure dans ce sens. Dans l'original, Hrathen se contentait de se promener, perdu dans ses pensées. J'ai ajouté Telrii à la deuxième moitié du chapitre, intégrant certaines des réflexions internes de Hrathen dans leur discussion. J'ai supprimé certaines des sections les plus répétitives, puis j'ai laissé les autres intercalées entre les lignes de dialogue.
Le résultat est, je pense, un nouveau passage très convaincant.
Chapitre 16 - 29-07-2005
Le souvenir de Raoden à propos de Ien au début de ce chapitre résume assez bien ce que sont les séons. Beaucoup de lecteurs m'ont demandé plus d'informations sur eux, et j'en donnerai peut-être un jour. Cependant, dans ce livre, vous devez simplement savoir qu'ils sont ce qu'ils semblent être. Des serviteurs liés par l'amour, plutôt que par le devoir, la force ou l'argent.
En fait, l'inspiration originale pour les séons est venue lorsque j'étais au lycée. Visuellement, j'ai été inspiré par la série Passage - une collection de peintures de Michael Whelan. Chaque peinture de la série contenait de petites bulles flottantes avec ce qui semblait être une flamme de bougie en leur centre. En même temps, je commençais à avoir l'idée d'une histoire. Quand je l'ai écrite, j'ai inclus un groupe de boules de lumière conscientes.
Eh bien, cette histoire n’a mené nulle part. Six ans plus tard, cependant, j'ai commencé ELANTRIS. Je voulais un acolyte pour Sarène, et je savais que j'avais besoin de quelqu'un de sage et prudent pour contrebalancer sa personnalité parfois téméraire. J'avais déjà décidé d'utiliser les symboles aon, et j'ai envisagé de transformer ma vieille idée de boules de lumière en aons brillants. Au fur et à mesure que le personnage d'Ashé commençait à se développer, j'ai réalisé que j'avais quelque chose de très fort, et j'ai commencé à construire la mythologie et la magie derrière les séons.
Le dernier ajout à l'histoire concernant les séons est l'idée du "Passage". J'en parle seulement quelques fois, mais dans les premiers brouillons, je n'avais aucune indication définitive qu'une personne et son séon étaient liés. Le seul indice était ce qui arrivait aux séons dont les maîtres étaient pris par le Shaod. Quand Moshe m'a questionné à ce sujet, j'ai décidé d'inclure un peu plus d'informations, et j'ai ajouté quelques références au "Passage" des séons dans le livre.
Raoden affronte enfin Taan dans ce chapitre. D'une certaine manière, les trois gangs que Raoden doit vaincre représentent trois choses que les elantriens eux-mêmes doivent surmonter. La première est leur solitude, représentée par l'attitude d'isolement de Karata. La deuxième est l'apitoiement sur soi-même, représenté par la folie douce de Taan. Le dernier est leur douleur, représentée par les sauvages de Shaor.
Ainsi, pour vaincre Taan, il fallait détourner son attention de lui-même. L'apitoiement sur soi-même s'évapore lorsqu'il est confronté à des problèmes plus grands, comme la beauté et l'émerveillement d'Elantris elle-même. J'ai peur que cette scène en elle-même ne soit un peu trop mélodramatique, cependant, j'ai toujours dit que la différence entre le drame et le mélodrame est à quel point le lecteur est engagé par l'histoire. Si tout fonctionne comme ça devrait, ce passage devrait sembler puissant, plutôt que trop dramatique.
Je pense cependant que les arguments de Raoden sont un peu trop philosophiques pour son public. Je l'ai fait intentionnellement. Raoden est un enfant privilégié, et d'une certaine manière un penseur. Ses arguments philosophiques sont probablement les premières choses qu'il devrait envisager pour lui-même, à cause de leur caractère intriguant et intéressant. Cependant, il n'obtient pas de succès auprès de ce public avant de se tourner vers des observations plus pratiques. En réalité, son allié le plus fort dans cette scène était la façon dont il a brisé la tension et la passion du moment. Une fois que Dashé a perdu son élan, il ne pouvait pas se convaincre de continuer.
Vous noterez dans les chapitres suivants que cette victoire de Raoden n'a pas été aussi complète qu'avec le groupe de Karata. C'est surtout dû au fait que les partisans de Taan n'étaient pas aussi attachés à lui que ceux de Karata à elle. Bien que je considère toujours ça comme une victoire pour Raoden, le fait que beaucoup de partisans de Taan finissent par se retrouver dans le camp de Shaor implique que ses efforts ont eu des effets secondaires sérieux.
Chapitre 17 - 01-08-2005
Parmi tous les livres que j'ai écrits, je pense que celui-ci est le plus proche de notre propre monde. Habituellement, lorsque je développe des cultures et des langues, j'essaie de ne pas trop les baser sur l'une des sociétés ou ethnies particulières existant sur Terre. Je ne suis pas sûr de ce qui m'a fait faire les choses différemment dans ELANTRIS. Il n'y a pas que l'escrime du Jindo, avec ses liens évidents avec les cultures asiatiques, qui en est un bon exemple. Et la langue de Fjorden a quelques références évidentes à la Scandinavie. (Le nom de Dilaf vient en fait de Beowulf. Je l'ai nommé d'après l'héritier de Beowulf, Wilaf.)
Quoi qu'il en soit, dans ce chapitre, nous trouvons deux "emprunts" très évidents à notre monde. J'ai toujours été fasciné par l'escrime, bien que je n'en aie jamais pratiqué moi-même. L'idée de transformer l'escrime en sport m'intrigue. De plus, j'ai trouvé que le duel léger et formalisé correspondait bien au ton de ce livre, alors j'en ai profité pour l'écrire. (Je me rends compte, d'ailleurs, qu'Hollywood a fait des choses intéressantes en matière d'escrime. La plupart des véritables combats d'escrime sont beaucoup plus courts, et beaucoup moins spectaculaires, que ce que nous voyons à l'écran. C'est assez vrai pour tout type de combat, cependant. Pensez à celui que vous voulez : il est généralement brutal, rapide, et peu excitant à regarder.
Ce type de combat est très approprié dans certains livres. Cependant, je me suis permis l'indulgence de faire mes scènes d'escrime un peu plus impressionnantes que ce que l'on trouve dans la réalité. Il m'a semblé judicieux, dans ce contexte, de permettre aux participants de se battre, de parer et de sauter pendant beaucoup plus longtemps que ce qui serait réaliste. Si vous avez besoin d'une justification, vous pouvez supposer qu'à Téod, les règles de l'escrime sont très strictes - il est donc très difficile de marquer un point sur votre adversaire, ce qui oblige les combats à être prolongés.)
L'autre élément intéressant dans cette scène est bien sûr la danse ChayShan de Shuden. Comme mentionné ci-dessus, sa culture emprunte assez évidemment à l'Asie. En fait, le lien est si fort que certains lecteurs ont du mal à imaginer ses traits autrement qu'asiatiques. (Notez une fois de plus que ce n'est pas le cas. Les Jindoais ont la peau brune foncée. Mais, je suppose que vous imaginerez Shuden comme bon vous semble.) Le ChayShan est un art martial que j'ai conçu pour ressembler un peu au Tai Chi, bien que le ChayShan se concentre sur l'accélération des mouvements et l'acquisition de puissance grâce à eux. J'ai toujours pensé que le Tai Chi serait plus intéressant s'il accélérait progressivement.
La visite de Sarène à la chapelle est probablement la scène la plus importante du livre traitant de la religion korathie. J'ai pensé que cette scène était importante pour le contraste. Hrathen, et donc le Shu-Déreth, a beaucoup de temps d'écran. Malheureusement, Sarène et Raoden ne sont tout simplement pas aussi religieux que Hrathen. Je les considère tous deux comme croyants - Sarène étant la plus dévote des deux. Cependant, la religion n'est pas une partie aussi importante de leur vie qu'elle l'est pour Hrathen.
J'ai en fait déjà vu ce genre de dynamique religion agressive/religion passive. (Je fais référence à la dynamique entre les croyants korathis pacifiques et les croyants déréthis agressifs.) En Corée, où j'ai servi en tant que missionnaire LDS à plein temps, le bouddhisme et le christianisme sont tous deux assez bien représentés. Le bouddhisme rencontre cependant des problèmes, car il ne prêche pas aussi agressivement que la plupart des sectes chrétiennes. Il n'est pas dans mon intention de peindre une religion sous un mauvais jour en adoptant la religion agressive comme antagoniste dans ELANTRIS. Cependant, même en tant que chrétien, j'étais souvent troublé par la façon dont les bouddhistes pacifiques étaient traités par certains missionnaires protestants. J'étais là pour enseigner l'évangile du Christ - je crois que le Christ est notre sauveur et que les gens seront heureux en suivant ses enseignements. Cependant, je pense qu'on peut enseigner ses propres croyances sans être belliqueux ou haineux envers les personnes d'autres religions.
L'exemple le plus frappant que j'ai vécu est survenu lorsque je me promenais dans le métro. Souvent, les moines bouddhistes installaient de petits tapis et s'asseyaient en chantant avec leurs bols à l'extérieur, offrant prières et chants pour les gens tout en essayant - selon le précepte de leur religion - d'obtenir des offrandes pour leur subsistance. Cependant, à côté d'un moine en particulier, se tenait un groupe de chrétiens protestataires brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Le bouddhisme est l'enfer". On pouvait à peine voir ou entendre le moine à cause du tumulte.
Je suppose qu'on s'est un peu écarté du sujet principal. Mais bon, c'est un livre sur une religion qui essaie de dominer une autre. Au final, je ne pense pas que les désirs de Hrathen soient mauvais (il est normal de vouloir partager ses croyances - il est même normal de penser qu'on a raison et que les autres ont tort.) Pour ses méthodes, en revanche, c'est une autre histoire.
En d'autres termes, je pense que nous devrions pouvoir prêcher le christianisme (ou ce que vous croyez) sans être de parfaits imbéciles. (Désolé pour cette petite digression. Je vais essayer de limiter les coups de gueule à l'avenir.)
Chapitre 18 - 05-08-2005
Ce chapitre a subi de lourdes modifications. Tout d'abord, j'avais initialement prévu que Hrathen interroge l'elantrien hors champ. Sur une suggestion de mon éditeur, j'ai mis ça en scène, montrant Hrathen parler à l'elantrien. L'intention ici était de donner un peu de caractérisation à Hrathen en montrant son approche logique pour étudier et interroger son prisonnier.
L'autre grand changement dans ce chapitre est survenu au milieu. Alors que je travaillais sur les dernières révisions, j'ai réalisé – sur la suggestion de Joshua – que je voulais vraiment quelque chose, au début du milieu du livre, qui montrait Hrathen se battant contre Dilaf et gagnant. Dans certains passages du livre, le personnage de Hrathen semblait trop faible – et c'était l'un de ces chapitres. À l'origine, j'avais fait éteindre les torches par Dilaf de son propre chef, puis brûler l'elantrien plus tard, malgré les protestations de Hrathen.
Dans la nouvelle version, je peux montrer la compétence de Hrathen en lui faisant prendre le contrôle de la foule. C'est lui qui brûle l'elantrien, ce qui renforce la scène en laissant Hrathen se sentir coupable. Il apparaît beaucoup plus fort dans ce chapitre qu'auparavant.
Ceux d'entre vous qui ont lu la suite savent combien c'est important pour l'intrigue, car à partir de là, Dilaf commence à prendre le dessus sur Hrathen. Je devais accentuer la force de Hrathen au début de l'histoire, sinon je craignais que les scènes de victoire de Dilaf ne rendent Hrathen trop faible. J'espère que maintenant, ça semble équilibré - l'un gagne en dominance pour un temps, puis l'autre la reprend, et ainsi de suite.
Vous devriez remarquer que les commentaires sur l'unité apparaissent dans des scènes religieuses tout au long du livre. Omun en a parlé auparavant, et Hrathen réfléchit souvent ou mentionne le concept. Lorsque j'ai conçu les religions de ce livre, je voulais vraiment qu'elles semblent authentiques. Si vous regardez notre propre monde, une chose est évidente (je pense) sur la façon dont fonctionnent les grandes religions. Elles sont toujours fragmentées - différentes sectes des mêmes enseignements se lèvent souvent et se querellent entre elles. Le judaïsme, l'islam et le christianisme ont des liens évidents. De manière similaire, l'hindouisme, le bouddhisme et d'autres religions orientales ont des racines communes.
Ainsi, en concevant les églises korathie et déréthie, j'ai décidé de leur donner un ancêtre commun - Shu-Késeg. Les trois religions sont issues des enseignements d'un seul homme Jindoais. (Vous remarquerez peut-être que le mot "Shu", utilisé en relation avec Shu-Korath et Shu-Déreth, ne semble pas correspondre aux styles linguistiques de l'aonique ou du fjordell. Il s'agit d'une référence intentionnelle à la similarité de leur origine Jindoaise.)
Le principe central des enseignements de Késeg était l'unité, et ses disciples ont commencé à se quereller sur ce qu'il entendait par "unité". D'où nous avons le korathi aimant et inclusif ; le déréthi agressif et expansionniste ; et le Jindoais contemplatif et didactique.
Bien sûr, Jesker et les Mystères sont une lignée religieuse complètement différente. Nous en parlerons plus tard…
Chapitre 19 - 08-08-2005
Oui, d'accord. Je l'avoue. J'ai commencé un chapitre avec une séquence de rêve. Cependant, si vous n'avez pas réalisé que c'était un rêve avant d'arriver à la fin, alors vous n'avez manifestement pas fait beaucoup attention au reste du livre. Il est généralement conseillé d'éviter les séquences de rêve. C'est particulièrement une bonne idée d'éviter les séquences de rêves en flashback au début de votre roman. Je l'ai fait quand même. La vérité est que j'aimais trop ce qui se passait dans cette scène pour la couper. Mon but n'était pas de "tromper" ou d'ajouter de la confusion - mais simplement de montrer certaines choses qui seraient autrement impossibles à montrer dans le roman.
Je voulais montrer l'AonDor fonctionnant sans les limitations actuelles d'Elantris. La seule façon de faire ça - de vraiment le montrer, plutôt que de simplement le décrire - était d'avoir un flashback. Alors, j'ai donné à Raoden le rêve où il pouvait se souvenir des moments avant la chute d'Elantris. Vous remarquerez que je me réfère plusieurs fois à ce rêve tout au long du chapitre, l'utilisant en exemple de plusieurs réflexions de Raoden.
Dans ce chapitre, j'aborde aussi un peu la linguistique du roman. Si vous aviez pu comprendre à ce moment-là que 'Dor' n'était pas un aon, alors vous aviez un tour d'avance sur Raoden. Je réalise que c'est probablement trop petit pour avoir été remarqué, mais je mentionne réellement le 'Dor' une fois plus tôt dans le livre. C'est dans la discussion où Galladon découvre que la république est tombée. Il dit : "Seuls les étrangers - ceux qui n'ont aucune véritable compréhension du Dor - pratiquent les Mystères."
Il y a beaucoup d'autres indices saupoudrés à travers ces chapitres. Si vous êtes vraiment malin, vous pourriez probablement comprendre à partir de ce chapitre ce qui ne va pas avec AonDor, et à partir de là extrapoler pourquoi le Shaod a mal tourné.
Quoi qu'il en soit, si vous voulez en savoir plus sur la linguistique, rendez-vous dans la section 'goodies' du site web. J'ai tout un essai sur les langues dans ELANTRIS là-bas [NdT : traduit dans la compilation des Annexes d'Elantris].
C'est le premier chapitre où je commence vraiment à entrer dans le système magique du livre. Il y en aura beaucoup plus tard. Certaines personnes m'ont accusé d'écrire de la science-fiction déguisée en fantasy. C'est, bien sûr, une exagération. J'aime les idiomes fantastiques - la caractérisation profonde, la progression plus lente de l'intrigue, le sens de l'émerveillement et de la magie - bien plus que leurs homologues de science-fiction. Cependant, j'admettrai que je conçois mes systèmes magiques avec un œil pour la science. (Ou au moins la pseudo-science.)
L'idée d'un système de magie runique n'est pas nouvelle. J'ai vu plusieurs autres auteurs écrire quelques systèmes runiques très intéressants (David Farland, par exemple, en a un particulièrement bon.)
Le twist que je voulais apporter à mon roman était double. D'abord, je voulais me concentrer sur ce qui n'allait pas avec la magie - me permettant ainsi de vraiment entrer dans ses mécanismes. Deuxièmement, je voulais que le système runique soit plus mathématique qu'il n'était mystique. Raoden y fait allusion dans le chapitre, et il y en aura d'autres plus tard. Cependant, l'idée de runes incluant des qualificateurs et des fonctions m'a semblé un peu plus distinctive que certains des autres systèmes que j'avais vus auparavant.
Chapitre 20 - 12-08-2005
Cette réplique d'Ahan est l'une de mes préférées du roman. D'une part parce qu'elle est amusante, d'autre part parce qu'elle représente si parfaitement ce qui se passe dans l'histoire. Une bonne manœuvre politique, à mon avis, conduit à des changements de pouvoir. Deux ou plusieurs côtés s'affrontent, l'avantage permutant d'un côté à l'autre.
Si vous relisez cette scène dans le jardin, vous pourriez remarquer quelque chose d'étrange. Je ne l'ai pas vu jusqu'à ce que je fasse la copie éditée, et à ce moment-là, il était trop tard pour changer. Lukel et Kiin ne sont pas là pour la réunion. Ils ne sont jamais mentionnés, et je n'explique jamais pourquoi ils ne sont pas là. Je pense que j'ai juste oublié de les mettre, puisque la scène n'est pas fixée à l'endroit habituel : la cuisine de Kiin.
Je ne sais pas si les lecteurs le remarquent ou non - ou même s'ils s'en soucient - mais j'en ai marre d'écrire des scènes dans les mêmes lieux. Je sais que c'est courant dans la narration de faire ça. La plupart des sitcoms, par exemple, se déroulent toujours au même endroit encore et encore. Cependant, j'aime décrire de nouveaux décors, même si le changement est aussi simple que de mettre la réunion à l'extérieur plutôt que dans la cuisine. Peut-être que c'est une complication inutile, mais ça rend l'écriture plus intéressante pour moi.
Sarène avait l'habitude de toucher sa joue beaucoup plus qu'elle ne le fait dans cette version. Au début, c'était une manie que j'avais conçue pour elle - une habitude nerveuse que je pensais indiquer sa personnalité. Cependant, beaucoup de gens l'ont trouvé distrayant. Ils semblaient penser que toucher la joue était un comportement bizarre. (Juste une note, quand elle touche sa joue, je pense qu'elle croise les bras, avec une main levée contemplative, l'index posé sur sa joue. Il m'arrive de me tenir ainsi parfois.)
Quoi qu'il en soit, j'ai supprimé bon nombre des références. Comme Moshe l'a dit : "Il y a juste trop de tapotements qui se passent !"
J'aime vraiment l'explication de Sarène sur pourquoi le pays est en si grande difficulté. On pourrait se demander, peut-être, comment l'Arélon a duré aussi longtemps sous le règne d'Iadon. Sa réponse - que le peuple anticipait le règne de Raoden - est bonne, je pense. Les gens peuvent endurer beaucoup, tant qu'ils savent qu'il y a une fin définie à leur souffrance.
Le demi-effondrement de Sarène dans ce chapitre était prévu comme un simple rappel du stress qu'elle subit ainsi qu'une caractérisation plus poussée d'elle-même. Elle est beaucoup plus volatile que Raoden et Hrathen, et je pense que c'est en partie ce qui en fait mon personnage préféré dans le livre. Elle ne garde pas toujours tout en elle - ni n'est parfaite. De temps en temps, elle fait des erreurs, et les choses s'accumulent en elle. Ainsi, ça lui donne un côté très réel pour moi.
Chapitre 21 - 20-08-2005
Certaines des expériences les plus satisfaisantes que j'ai eues en écrivant ce livre proviennent des chapitres sur Hrathen. Bien que Joshua se plaigne encore parfois de trouver les monologues intérieurs de Hrathen lents et laborieux, je les trouve essentiels à l'intrigue. Des chapitres comme celui-ci, où nous avons vraiment l'occasion de voir comment pense Hrathen, font de ce livre bien plus qu'une bonne et simple histoire d'aventure.
Le passage où Hrathen tente de nommer un nouveau Grand Arteth est un ajout plus récent au livre. Je voulais montrer le pouvoir que Dilaf commençait à avoir sur le travail de Hrathen dans la ville, et j'ai pensé que ça créait pour Hrathen un autre petit sous-conflit à gérer.
Le chapitre commençait auparavant avec Hrathen essayant d'envoyer Dilaf au loin. Bien que j'aie ajouté quelques nouvelles informations au début, cette scène spécifique est pratiquement intacte depuis le premier brouillon. Je crains cependant que certaines des postures de Hrathen et Dilaf ne soient pas aussi clairement comprises qu'elles pourraient l'être. Cet échange est un merveilleux exemple du fait que je n'ai pas eu le temps dans le livre d'expliquer autant la religion de déréthie que je l'aurais souhaité. À cause de ça, je dois expliquer la démarche de Dilaf alors qu'il essaie de la réaliser. C'est toujours une structure narrative plus faible que si la démarche elle-même découlait naturellement de la dynamique du monde. Si les lecteurs avaient compris ce qu'étaient un Odiv et un Krondet, alors tout ce que Dilaf aurait à faire serait de mentionner qu'il a constitué un tas d'Odivs, et le lecteur saurait ce qu'il fait.
Malgré tout, j'aime ce qui se passe ici. Pour la première fois, le livre montre explicitement que Dilaf planifie et travaille contre Hrathen. Auparavant, il avait toujours pu se cacher derrière son excuse: "Je me suis laissé emporter par l'instant". Cependant, c'est manifestement une manœuvre planifiée visant à lui donner du pouvoir sur Hrathen.
Chapitre 22 - 30-08-2005
Raoden est un expert pour manipuler son environnement. Cela ne fait pas de lui un "manipulateur", à mon avis. (Vous pouvez lire à propos d'un VRAI manipulateur dans mon prochain livre.) Raoden sait simplement comment prendre ce qu'on lui donne et en tirer le meilleur parti. En quelque sorte, c'est l'essence de la créativité. Raoden est comme un maître compositeur ou un artiste - sauf que là où ils prennent des images ou des sons et les combinent pour répondre à leurs besoins, il prend la situation et l'adapte pour créer quelque chose d'utile. En dehors d'Elantris, il a pris les édits de son père et les a retournés contre lui. Cependant, jeté dans une situation terrible comme celle d'Elantris, Raoden a vraiment l'occasion de briller.
Il est un peu comme un magicien lui-même. J'ai connu des gens un peu comme lui dans ce monde - des gens capables de défier la convention et la réalité, et de faire juste marcher les choses. D'une manière ou d'une autre, Raoden peut faire beaucoup avec peu. Il peut prendre les pièces et les combiner de nouvelles façons, créant quelque chose de plus grand que ce que les gens pensaient possible.
En bref, il est le héros parfait pour ce genre de livre. Lorsque j'écrivais ELANTRIS à l'hiver 1999 et au printemps 2000, je terminais mon diplôme de premier cycle à BYU. Le livre que j'avais écrit avant s'appelait La sixième incarnation de Pandora [NdT: jamais publié]- sans doute le livre le plus étrange et le moins Brandonesque que j'ai jamais construit. Pandora était une histoire de SF sur un homme rendu immortel par l'application soigneuse et coûteuse de nanotechnologie. Le processus le rendait lentement fou.
Pandora était un livre sombre et macabre. Le personnage principal pouvait résister à des blessures alarmantes sans mourir. Un thème principal du roman était de traiter avec la psyché d'un homme qui pouvait massacrer des milliers de personnes tout en étant abattu, puis se retrouver reconstruit peu de temps après. C'était un livre plutôt violent - probablement le plus dérangeant que j'aie jamais écrit.
Quand j'ai fini ce livre, j'ai réagi à l'inverse en voulant concevoir une intrigue qui ne dépendait pas du tout de la violence. ELANTRIS en est le résultat. Je voulais raconter une histoire sur un héros qui pourrait réussir sans avoir à battre les gens qui s'opposent à lui. J'ai supprimé ses capacités physiques et ses ressources royales, ne lui laissant que son intelligence et sa détermination.
Certaines personnes m'ont fait remarquer qu'il leur semble étrange qu'Elantris ne soit tombée que dix ans avant le début du livre. Il leur semble que les légendes le font paraître plus ancien, plus éloigné. C'est en fait intentionnel. Je voulais qu'il soit difficile de se souvenir, parfois, qu'il ne s'est écoulé que dix ans depuis que la majestueuse cité est tombée.
Tout comme Elantris s'effondre beaucoup plus rapidement que cela n'aurait dû être possible, elle passe dans la légende beaucoup plus vite que les gens auraient pu le penser. Une partie de cela est due au pouvoir des rumeurs et des histoires dans un pays n'ayant pas la possibilité de fournir des archives visuelles (c'est-à-dire de film). Une partie de ça, cependant, constitue le "mystère" d'Elantris. Quelque chose de très mauvais s'est passé, et personne ne le comprend. D'une certaine manière, tout le pays a été laissé avec un trou dans son âme, maintenant qu'Elantris est partie.
Au fait. Oui, la ligne "Son esprit s'est enfui" était destinée à être une autre petite plaisanterie sur le titre alors du livre "L'ESPRIT D'ELANTRIS".
Chapitre 23 - 02-09-2005
Sarène = Chaos
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, lisez le post-scriptum critique que j'ai écrit pour ELANTRIS dans le cadre de ma thèse de maîtrise (le cadeau du mois de septembre - que vous trouverez sur la page goodies pour Elantris). Cependant, et en bref, Sarène est une force de changement et de chaos. Raoden, comme mentionné ci-dessus, est un maître dans l'art de faire des choses avec peu de moyens. Il gère ses contraintes au point qu'elles ne sont plus contraignantes.
Sarène ignore simplement ce qu'elle est "supposée" faire. Elle est le chaos. Pas le chaos "maléfique" qu'on retrouve habituellement dans les romans de fantasy - Sarène est simplement imprévisible, une force qui ne peut être mesurée aussi facilement que d'autres. On en retrouve un bon exemple dans ce chapitre. Si vous lisez attentivement, vous remarquerez que - pour la première fois dans le roman - je propose deux points de vue dans le même chapitre. Nous passons de Sarène à Raoden, puis de nouveau à Sarène. C'est un petit détail. Cependant, il est représentatif du fait que la première fois que Sarène entre dans le monde de Raoden, elle apporte avec elle un moyen étonnant de perturber ses plans.
Donc, dans ce chapitre, nous avons la première véritable interaction Sarène-Raoden. J'ai travaillé très dur sur cette relation, essayant de trouver un moyen de la rendre naturelle, tout en conservant le drame nécessaire pour une bonne narration. Je suppose que les lecteurs - du moins les plus romantiques d'entre vous - attendaient le moment où Sarène et Raoden se rencontreraient. Non seulement ils sont les protagonistes masculin et féminin principaux, mais ils sont aussi mariés.
L'une des choses avec lesquelles tous les écrivains luttent est de ne pas rendre leurs intrigues artificielles. Moshe et moi avons travaillé très dur pour nous assurer que les motivations de chacun fonctionnaient, et c'est un bon chapitre de test. Cela vous semble-t-il logique que Raoden ne montre pas son vrai moi à Sarène et aux autres ? Je pense que son désir de passer sous silence son identité et la Nouvelle Elantris a du sens. Cependant, je peux comprendre que certains lecteurs trouvent ça artificiel. J'espère que mes explications sont claires.
L'une des plus grandes complexités de ce livre est la façon dont Raoden garde sa vraie identité secrète. J'espère que la façon dont il procède ne paraît pas irréaliste . Pour lui, son ancienne vie est révolue. Bien qu'il soit curieux à propos de ses anciens amis, et surtout de Sarène, il ne peut pas se permettre de trop s'intéresser ou de s'attacher au monde extérieur. Il sait que ça ne ferait qu'apporter de la douleur, à la fois pour lui-même et pour les autres.
Chapitre 24 - 05-09-2005
Comme vous pouvez probablement le déduire de ce que j'ai dit plus haut, cette scène avec Telrii est un ajout tardif. Ce n'est pas l'une de mes préférées entre Hrathen et Telrii - en la relisant, j'ai l'impression que Telrii est simplement là pour se faire convaincre. Alors que l'intention de ces scènes est clairement de montrer Hrathen comme un personnage plus fort, leur but secondaire est simplement de lui permettre d'exprimer à voix haute certaines des pensées qu'il a ressassé. Si vous avez du mal à caractériser ou à motiver l'un de vos personnages dans un livre que vous écrivez, essayez de leur donner quelqu'un - ami ou ennemi - avec qui parler.
Cependant, cette scène là est un peu faible, et je suppose que je pourrais la couper sans trop de perte. C'est cependant une bonne idée de continuer à faire réfléchir les gens à propos de Telrii, puisqu'il sera important plus tard dans l'histoire.
De plus, il y a son avertissement à Hrathen sur le fait de ne pas être un pion, qui est un bon présage pour ce qui se passe plus tard, quand il rejette Hrathen et essaie de devenir lui-même un Gyorn.
Comme je l'ai mentionné précédemment, les chapitres de Hrathen ont tendance à être plus courts que les deux autres. Alors que les chapitres de Raoden et Sarène s'accélèrent, j'ai eu un peu de mal à trouver des choses à faire dans les chapitres complémentaires de Hrathen. J'aurais probablement pu accélérer un peu son intrigue à travers ces chapitres du milieu. Cependant, le système de triade signifie que je devais lui donner un point de vue tous les trois chapitres. C'est probablement pour cela qu'il a eu tant de sections contemplatives — et c'est peut-être ce qui a fait de lui un personnage si intéressant du point de vue de la personnalité. Il est un peu difficile d'analyser ces choses maintenant que le livre est fini depuis cinq ans.
Cependant, j'avais besoin de ce chapitre pour donner à Hrathen une chance de faire un peu plus de préfiguration sur Dilaf. L'émergence de Dilaf dans ces chapitres est, je pense, l'un des éléments les plus intéressants et surprenants des chapitres du milieu de Hrathen. Quand Dilaf est présenté pour la première fois dans le livre, je m'attendais à ce que les gens le voient comme un simple acolyte de Hrathen, un peu de la même manière que j'ai établi Galladon et Ashé comme des contreparties de Raoden et Sarène. Avec ce parallélisme dans les personnages serviteurs, j'espérais apporter une petite surprise avec Dilaf lorsqu'il a commencé à causer des problèmes à Hrathen, comme il le fait dans ces chapitres.
Chapitre 25 - 09-09-2005
Je n'ai pas pu résister à la tentation de faire en sorte que Sarène interprète intentionnellement de manière erronée les demandes de l'équipe de Raoden. Non seulement cela a permis une scène amusante où ils découvrent comment elle a détourné leurs demandes, mais ça m'a aussi permis de caractériser Sarène malgré son absence. Pour elle, la politique est un jeu. Chaque fois qu'elle peut tordre les mots de son adversaire et faire quelque chose d'inattendu, comme envoyer un tas de clous au lieu de feuilles d'acier, elle ressent un frisson de victoire.
C'est un chapitre assez long. Plus long, en fait, que ce que j'aurais probablement mis dans une histoire normale. Cependant, le système de triade m'a en quelque sorte forcé à regrouper tous ces évènements. Il était important que je montre le danger du gang de Shaor, ainsi que la façon dont Nouvelle Elantris progressait malgré ses problèmes. En même temps, nous devions éventuellement en savoir plus sur Galladon. Donc, quand j'ai fait le chapitre "découverte du lac", j'ai dû inclure ces autres éléments avant lui.
J'aurais aimé pouvoir inclure le "si belle autrefois…" dans ce chapitre quelque part. Si vous avez été attentif, vous aurez remarqué que je mentionne cet homme à plusieurs reprises, souvent quand Raoden est près des Hoëd. C'est l'un des petits twists de préfiguration les plus astucieux du livre, si je peux me permettre.
Ceux d'entre vous qui ont déjà lu le livre devraient reconnaître l'étude de cas mentionnée par Raoden dans ce chapitre. La femme qui a été mal soignée par l'elantrien n'est autre que la femme de Dilaf, il parle d'elle vers la fin du livre. Cet événement, la folie et la mort de la femme qu'il aimait, est ce qui alimente sa haine d'Elantris, et donc d'Arélon et de Téod.
Saolin est un personnage que je trouve intéressant. Non pas parce qu'il fait vraiment quelque chose de distinctif, mais à cause de son développement. Son nom était "Saorn" dans la première version, soit dit en passant. Je pense que je l'ai changé parce qu'il était trop proche de "Daorn". Les gens le confondaient aussi avec Shaod. Je ne suis pas sûr que le nouveau nom corrige ce problème, mais il me semble un peu plus distinctif.
Quoi qu'il en soit, Saolin est l'un de ces personnages qui, partis de rien, ont une part étonnamment grande dans l'intrigue. Encore une fois, je sais qu'il n'est pas très original en tant que personnage. Cependant, sa dévotion, et la façon dont Raoden en est venu à compter sur lui, n'étaient pas des choses que j'avais prévues en planifiant le livre. Bien que je ne crois pas au concept de "livres qui surprennent leurs auteurs", j'aime la découverte de l'écriture. Saolin est l'un des personnages "découverts" de cette façon, et je suis très satisfait de lui.
Chapitre 26 - 12-09-2005
Ce livre, comme je l'ai mentionné auparavant, est un peu moins "dense" que les autres que j'ai écrit. Il y a des chapitres comme celui-ci, où rien d'extrêmement important ne se passe - je montre simplement la vie du point de vue d'un des personnages, un état rendu nécessaire par l'un des deux autres qui fait quelque chose de très important. Pourtant, malgré qu'il ait très peu de rapport avec l'intrigue principale, j'aime vraiment comment ce chapitre s'est déroulé. Peut-être que je devrais me forcer à faire un système strict de triade comme celui-ci plus souvent, car il m'a obligé à avoir des chapitres où les personnages pouvaient juste vivre leur vie. Les chapitres légers de Sarène sont centrés sur ses amis et sa famille, nous donnant l'occasion de passer du temps avec eux et de nous amuser. La vente des melons rouges de Lukel n'aurait probablement pas pu avoir lieu dans un livre comme Fils des brumes, où le rythme est beaucoup plus tendu.
La principale modification de ce chapitre est intervenue très tôt dans le processus. Très peu de personnes ont vu ce passage — je ne pense pas qu'il soit passé après la première révision. Je vais probablement le poster dans la section "scènes supprimées", après tout. À quoi bon avoir un site web s'il ne peut pas vous tourner en ridicule ?
Quoi qu'il en soit, la scène traitait de Daorn et Kaise approchant Kiin (pendant la pratique de l'escrime) et lui demandant s'ils pouvaient accompagner Sarène à Elantris. Il répondit qu'ils pourraient à condition qu'ils fassent pour lui des projets stupides de type scolaire. (Des dissertations ou des tables de multiplication ou quelque chose du genre.) En relisant, j'ai réalisé que c'était BEAUCOUP trop moderne, même pour Kiin. Je pense que les personnes qui font ça aujourd'hui sont progressistes - et un peu étranges. (Qu'est-ce que c'est que ces enfants ? Des écoliers à la maison ?)
Quoi qu'il en soit, j'ai coupé la scène.
Oh, et je ne suis pas exactement sûr de pourquoi les Trois Vierges étaient surprises. Cependant, cette ligne de Kiin me fait toujours rire. Je pense aux trois vierges, je pense à leur grande surprise, et... ouais. De toute façon, je suis sûr qu'elles en ont eu plus qu'elles ne l'espéraient.
Je suppose que la scène la plus importante de ce chapitre était l'échange entre Sarène et Daora. Il est difficile, dans l'écriture, d'éviter d'être lourd avec l'exposition et les émotions. Montrez, ne racontez pas, comme le dit le proverbe. Parfois vous y arrivez - comme cette scène en particulier. Sarène, bien sûr, tombe amoureuse d'Esprit - et Daora interprète l'émotion comme étant destinée à Shuden. Oui, je sais, je ne devrais pas avoir besoin d'expliquer ça. Cependant, c'est une partie de ce à quoi ces annotations servent - expliquer les choses. Je ne peux jamais savoir ce que les gens comprendront et ce qu'ils louperont. J'ai mis en place des rebondissements que je pensais évidents, et tout le monde est passé à côté. Au lieu de ça, les gens ont trouvé des indices préfigurant la fin de l'histoire, indices que je n'avais même pas imaginés.
Quoi qu'il en soit, l'un de mes défis dans ce livre était de rendre réaliste la romance entre Sarène et Raoden, compte tenu du temps relativement court qu'ils ont passé ensemble. J'espérais éviter toute intrigue stupide du type "amour au premier regard", tout en rendant leur relation authentique et touchante en aussi peu de temps que possible.
Chapitre 27 - 16-09-2005
L'un des chapitres les plus courts, mais aussi les plus puissants, du livre.
J'ai ajouté le conflit de "l'arteth en chef" (l'idée que tout le monde refuse la nomination) plus tard dans le processus de révision pour pouvoir pousser Hrathen un peu plus à bout. Ma seule inquiétude quant à cette scène concerne le rythme - si j'ai bien construit le roman, alors cela semblera être un climax qui s'est lentement construit au fil du temps. Si je me trompe, alors ce chapitre semblera sortir de nulle part et manquera de puissance pour le lecteur.
C'est vraiment là-dessus que les chapitres de Hrathen ont débouché. Les questionnements et les doutes sur soi-même, les problèmes avec Dilaf et la conversion... Il a été en quelque sorte vaincu sur tous les plans. Il était temps pour lui de craquer, d'abandonner ou de faire quelque chose de spectaculaire. En quelque sorte, il fait un peu les trois.
Oui, son ingestion du poison est censée être un coup de fouet. Théoriquement, cela vous poussera à continuer vers la prochaine section du livre. Les parties plus lentes du roman commencent à se calmer — à partir de maintenant, les événements commencent à se dérouler un peu plus rapidement. Malgré tout, c'est probablement l'un de mes romans les plus lents, ce qui fait partie de son charme — comme je l'ai noté dans une autre annotation.
Synthèse de la partie 1 - 21-09-2005
"L'Ombre d'Elantris". Ces titres de sections ont été ajoutés dans le dernier brouillon réel que j'ai fait, alors que je rendais visite à mon père dans le Massachusetts pendant l'été 2004. À ce moment-là, le titre du livre avait définitivement été changé de "THE SPIRIT OF ELANTRIS" à simplement "ELANTRIS". Je savais que je devais diviser le livre en sections, et j'ai décidé d'utiliser "L'Esprit d'Elantris" comme titre final, comme un clin d'œil au titre original du livre.
Cependant, ça m'a posé plusieurs problèmes. Tout d'abord, j'avais besoin de deux autres bons sous-titres pour accompagner "L'Esprit d'Elantris". Deuxièmement, je devais trouver de bons endroits pour diviser les chapitres. En raison du système de triade de chapitres, il me faudrait probablement baser mes coupures de sections dramatiques sur les chapitres de Hrathen, puisqu'il était le troisième dans la rotation.
Le titre "L'Ombre d'Elantris" m'est venu facilement. Il fait bien sûr référence au premier chapitre, où Raoden regarde par la fenêtre et a l'impression qu'Elantris est en train de le dominer. Cependant, c'est aussi un bon résumé de la première section. Elantris plane sur tout, sombre et sale, pendant la première section du livre. Bien que nous voyions les premières lueurs des efforts de Raoden dans la ville, ils ne portent pas vraiment leurs fruits.
Si nous écartons le facteur nostalgie que "L'Esprit" a pour en lui, "L'Ombre" est mon préféré des trois titres de sections.
Quant à la première coupure de section, j'aime vraiment terminer avec Hrathen qui s'empoisonne lui-même. Cela rend notre première section incroyablement longue - elle prend bien plus de la moitié du livre. J'ai pensé que c'était correct, cependant, puisque je pensais que des sections de plus en plus courtes amélioreraient le rythme vers la fin du livre, accélérant les choses (espérons-le).
La fantasy est un genre qui démarre lentement. Les lecteurs s'attendent à cela, et espèrent qu'ils s'investiront suffisamment dans l'histoire pour continuer à lire aussi longtemps. J'adore la première moitié d'ELANTRIS - elle fait ce que je veux qu'un livre fasse. Elle présente des personnages amusants dans des situations intéressantes, puis enlace leurs actions d'une atmosphère suffisamment stimulante et excitante pour que le lecteur se sente satisfait. L'écriture est une vérité, et elle devrait traiter de sujets importants. Cependant, avant cette vérité, il faut du plaisir, je crois. Si un livre n'est pas, avant tout, amusant à lire, alors je pense que le conteur a échoué. Après cela, il ou elle gère, espérons-le, de vrais problèmes et questions - c'est, à mon avis, ce qui rend les personnages réels.
En tout cas, passons à la section deux !
Chapitre 28 - 25-09-2005
On m'a déjà traité de "pièce carrée" auparavant. Je crois que la phrase était "Tu es l'un de ces types créatifs - tu es une pièce carré qui essaie de rentrer dans un trou rond". J'avais vingt-deux ans, et on me mettait à la porte d'un de mes premiers emplois.
C'est une autre histoire. Notez juste qu'apparemment, les écrivains de fantasy et les "types créatifs" ne font pas de bons bibliothécaires. Allez comprendre.
Quoi qu'il en soit, je brise ici encore la triade. J'avais oublié celle-ci. En fait, vous remarquerez que plus je me rapproche d'une séquence d'action ou d'un climax, plus je change rapidement de point de vue. Je le fais à moitié intentionnellement, à moitié inconsciemment. (Si c'est possible.) Logiquement, je sais que des points de vue changeants rapidement donnent plus de tension et de mouvement aux scènes. Inconsciemment, je sais juste que c'est bien pour le storytelling de garder les choses dynamiques - et c'est plus dramatique quand on peut terminer avec une phrase à suspense, puis passer à un nouveau point de vue.
Je reconnais que cette scène frôle le mélodrame. A mon avis, deux choses le justifient. Premièrement, la scène est plus centrée sur Raoden qui se confronte au fait qu'il a commis une erreur avec les hommes de Shaor, que sur Sarène découvrant qu'elle a été trahie. Deuxièmement, la "trahison" de Sarène, comme expliqué au prochain chapitre, est vraiment liée à ses propres préjugés. Au fond d'elle, elle attendait juste que quelque chose comme ça se produise. C'est pour ça qu'elle n'a pas donné le bénéfice du doute à Raoden - elle n'a jamais voulu l'apprécier. C'était presque comme si elle était pressée d'être blessée, s'y attendait, puisque les choses ne pouvaient évidemment pas marcher pour elle. (Ou du moins, c'est ce qu'elle supposait inconsciemment.)
Donc, d'une certaine façon, ils s'attendaient tous les deux à ce que quelque chose comme cela se produise. Quand cela s'est produit, ils l'ont permis. À mon avis, cela transforme la situation d'un "malentendu stupide" en un "conflit basé sur les personnages".
Nous avons un joli petit suspense à la fin de ce passage. Cependant, vous devez vous rappeler le format du système de triades - quand nous reviendrons à Sarène, nous remonterons un peu dans le temps. Cela signifie que vous ne découvrirez pas immédiatement ce qui se passe avec la porte d'Elantris.
De manière dramatique, c'est ma structure de triade préférée. Nous pouvons maintenir ce suspense pendant longtemps, le construire tout au long du prochain chapitre.
Chapitre 29 - 27-09-2005
Alors, ici nous avons la récompense pour plusieurs centaines de pages qui sous-entendaient l'insécurité et la paranoïa d'Iadon. À mon sens, l'intrigue est toujours une question de récompenses. Vous devez gagner votre intrigue. Vous le faites en mettant les pièces ensemble aux bons endroits, de sorte que lorsque vous arrivez finalement à un point culminant (même un plus petit), vos lecteurs acceptent ce qui se passe.
La montée en puissance n'a pas toujours besoin d'être subtile - et elle n'a même pas besoin d'être réalisée par le biais d'une préfiguration classique. Par exemple, si vous voulez qu'un personnage puisse vaincre un petit groupe de bandits, vous devez avoir gagné la récompense qui dit qu'il/elle est compétent avec une arme. C'est comme une équation chimique - vous équilibrez toutes vos pièces d'un côté, et elles devraient égaler ce qui sort de l'autre côté.
Pour que le discours de Sarène dans ce chapitre fonctionne, j'avais besoin de faire plusieurs choses. Je devais établir qu'elle serait à la fois assez capable pour le faire et assez audacieuse pour le mener à bien. J'avais aussi besoin d'établir que Iadon craquerait sous cette sorte de pression extérieure, ce que j'espère avoir fait.
Quelques autres petites remarques. Tout d'abord, le proverbe sur le lion. Il s'agit en fait d'un proverbe coréen, qui m'a toujours marqué parce qu'il est presque identique à notre proverbe "Prononcez le nom du diable, et il apparaîtra"[NdT : ou en français, "Quand on parle du loup, il montre le bout de sa queue"], faisant référence à quelqu'un qui arrive juste au moment où vous parliez de lui. La version coréenne dit "Si vous prononcez le nom du tigre, il apparaîtra". J'ai un peu changé ça en usant de ma licence créative, et vous obtenez ce que nous avons là.
En fait, d'après ce que j'ai vu, vous seriez surpris de voir combien de proverbes traversent les cultures. Ils peuvent sonner un peu différemment, mais les significations sont souvent très similaires.
Et, dans la réplique de Kaise "Pourquoi TOI tu as dû tomber malade", on peut voir un reste de la scène coupée dont j'ai parlé dans le dernier chapitre de Sarène. Kaise et Daorn étaient supposés pouvoir accompagner Sarène en ville, et quand je suis arrivé à cette scène, j'ai oublié de les ajouter. Alors, j'ai inventé l'excuse de la maladie. C'était en fait une erreur de ma part, puisque cette triade se passe en réalité plusieurs jours après la dernière triade, et les jumeaux ont eu leur permission d'accompagner Sarène pour le "lendemain". Par conséquent, leur voyage à Elantris aurait eu lieu pendant les jours intermédiaires.
Cependant, le commentaire de Kaise semblait être un petit clin d'œil aux choses qui se passaient dans le monde hors-scène. Des choses comme celle-ci sont une bonne chose dans un livre, alors je l'ai laissé - malgré le fait que la scène originale à laquelle il était lié a été coupée tôt.
Et, concernant les dernières phrases , avez-vous oublié le cliffhanger à la fin du chapitre de Raoden ? J'espérais que le fait de savoir, grâce à Raoden, que les portes d'Elantris s'ouvraient quelque temps après l'attaque, le lecteur supposerait que Sarène a réellement échoué à arrêter les soldats. Maintenant qu'elle les a arrêtés, vous vous souvenez que QUELQU'UN entre dans la ville. Devinez qui c'est.
Chapitre 30 - 03-10-2005
Et enfin, nous arrivons à comprendre ce qui se trame. Comme je l'ai dit, c'est l'une de mes triades préférées à cause de la façon dont elle réussit à étirer le suspense sur trois chapitres distincts. J'ai souvent mentionné à quel point il était parfois difficile de maintenir la structure de la triade. Cependant, des scènes comme celles-ci en sont la récompense. Nous voyons des choses décrites dans un passage de Sarène depuis celui de Hrathen, et souvent (surtout plus tard dans le livre) nous pouvons voir la même scène à travers différents yeux, voyant différentes opinions et pensées.
Une autre chose intéressante dans ce chapitre est que nous finissons enfin par voir ce que Raoden a vécu au premier chapitre. Le processus de lavage n'est pas si passionnant, mais plusieurs personnes ont remarqué qu'elles étaient tristes de l'avoir manqué. Je suppose que c'est juste la curiosité humaine. Eh bien, pour ceux qui se demandaient quel était le processus, ils ont finalement pu le voir dans ce chapitre.
D'ailleurs, le père Omun trace l'aon Omu sur la poitrine de Hrathen dans le cadre du service religieux. Cela devrait vous sembler familier. C'est une petite chose subtile, mais je voulais montrer comment la religion de korathie a été influencée par sa proximité avec Elantris. Les prêtres ne feraient probablement pas quelque chose comme ça au Téod. D'une certaine manière, Hrathen a raison - Elantris a eu une influence corruptrice sur ceux qui l'entourent.
Cependant, "corruption" est probablement un mot trop fort. Les religions s'adaptent comme leurs peuples s'adaptent, et souvent des éléments culturels sont intégrés dans les structures de croyance. On m'a demandé, en tant que chrétien, ce que je pense du fait que Noël lui-même ait été placé à la place d'une fête païenne. Cela ne me dérange pas vraiment. Le jour où nous célébrons la naissance du Christ n'a pas d'importance doctrinale pour moi. À mon avis, une personne religieuse doit être prête à accepter que si la vérité peut être éternelle, la façon dont nous interagissons avec elle - en tant qu'êtres humains changeants - doit nécessairement être influencée par notre façon de penser et le fonctionnement de la société.
Peu importe si ma religion a "emprunté" des choses à d'autres religions ou cultures - surtout si les choses que nous avons piquées ont ajouté de bonnes choses à la religion. C'est ce que font les humains. Nous nous adaptons. Nous volons. Cela a particulièrement du sens si vous êtes écrivain. (Nous sommes très doués pour voler... euh, je veux dire "adapter.")
Chapitre 31 - 07-10-2005
Raoden a échoué à deux reprises dans sa tentative de défaire le gang de Shaor. Tout d'abord, lors de l'infiltration initiale avec Galladon (au cours de laquelle Raoden espérait convaincre Shaor d'arrêter les attaques). Cette excursion était instructive, mais pas une réussite. Le deuxième échec concernait la gestion des sauvages qui tentaient d'accéder aux charrettes. La décision de Raoden de simplement les couper de l'esplanade a finalement échoué. Je ne suis pas sûr de ce qu'il aurait pu faire d'autre, mais il a quand même échoué. La mort de Saolin, entre autres, a été le prix à payer.
Je savais que Raoden devait avoir plus de difficultés à gérer le gang de Shaor qu'avec les deux autres. "Battre" Karata et Taan s'est fait rapidement et avec une aisance relative. Si la bande de Shaor n'avait pas posé de problème, alors j'ai senti que l'intrigue des "trois gangs" aurait été déceptive.
Donc, dans ces chapitres, j'ai accentué le danger venant de Shaor et de sa bande. Dans les premières versions du livre, ce danger n'était pas assez présent. (En fait, c'est l'un des principaux commentaires que Tom Doherty, PDG de Tor, m'a faits lorsque il a lu ELANTRIS.) J'ai donc augmenté les chiffres du gang de Shaor - en leur donnant un pourcentage plus grand des hommes de Taan, sans parler d'un plus grand nombre d'hommes pour commencer - et je les ai rendus plus dangereux dans la façon dont ils attaquaient.
Si je devais attribuer deux traits caractéristiques à Raoden, le premier serait sa capacité à tirer le meilleur parti de ce qu'on lui donne (comme je l'ai mentionné ci-dessus). Le deuxième, cependant, serait le trait de personnalité qu'il manifeste dans ce chapitre - sa simple croyance en la bonté de la race humaine.
Je suppose que c'est une facette de son optimisme. Raoden croit aux gens - il croit qu'en général, ils feront ce qui est juste. Il pense qu'ils sont plus rationnels que ne l'estiment parfois les nobles, et il croit que la plupart des gens feront ce qui est bon s'ils sont confrontés aux faits.
C'est vraiment un homme noble. C'est peut-être la seule personne que j'ai écrite dans un livre de fantasy qui, dès le premier jour, méritait réellement d'être roi.
Chapitre 32 - 14-10-2005
C'est l'heure de mon deuxième chapitre préféré ! (Le premier, si vous vous souvenez, était celui où Raoden a conduit Karata au palais du roi.)
Il y a tellement de choses qui se passent dans ce chapitre que je ne sais pas vraiment par où commencer. Je suppose que je vais commencer par les Mystères. J'ai emprunté une partie de cette religion, y compris son nom, des cultes mystiques de la Grèce antique. J'y ai ajouté les sacrifices rituels pour leur donner un peu de piquant. Vous aurez une petite explication supplémentaire sur les Mystères, et pourquoi quelqu'un pourrait décider de se joindre à eux, dans un prochain chapitre de Sarène.
Comme je l'ai déjà noté, la religion - surtout son côté obscur - est un thème dans ce livre. Je ne pense pas que j'aurais pu couvrir ce sujet correctement dans le livre sans inclure un regard sur la mentalité du culte. Maintenant, j'admettrai que "culte" est un mot que nous utilisons trop souvent dans les discussions religieuses. On a noté que le christianisme a commencé comme une sorte de culte, et il semble que beaucoup considèrent toute religion non orthodoxe comme un "culte".
Pour moi, cependant, un culte est quelque chose qui déforme qui vous êtes, vous transformant en une ombre de ce que vous étiez. Je crois fermement que vous pouvez juger une religion par les effets qu'elle produit chez ses pratiquants. Les rend-elle meilleurs ? Si oui, alors il y a de bonnes chances que la religion vaille quelque chose. Les transforme-t-elle en personnes qui sacrifient leurs propres serviteurs dans le but de faire venir des esprits maléfiques pour tuer leurs belles-filles ? Si oui, eh bien... vous voudrez peut-être vous éloigner de celle-ci.
Quoi qu'il en soit, les Mystères étaient - à mon avis - une conséquence naturelle de la religion mystique de Jesker. Comme Galladon le dit toujours, ce n'est PAS la même religion. Les Mystères sont une perversion et une simplification des enseignements de Jesker. Jesker se tourne vers le Dor - le pouvoir derrière toutes choses - et essaie de le comprendre. Les Mystères traitent le Dor comme une sorte de force à manipuler. (Ce que fait en fait AonDor...)
Ensuite, au sujet du chapitre. Sarène est un peu rappelée à l'ordre au début. J'aime assez cette scène - elle pourrait être une bonne meneuse, mais elle est plus impulsive et plus émotionnelle que Raoden. Cela a ses bons côtés, mais ça signifie qu'elle a un peu plus de potentiel pour ressasser les choses.
Au fait - l'observation de Roial selon laquelle ceux qui "se détournent d'une religion" sont ses opposants les plus forts s'applique en réalité à beaucoup de choses dans la vie, à mon avis. Vous ne trouverez pas d'opposant plus amer que celui qui se considérait autrefois comme votre ami.
Bien sûr, leurs constellations forment des aons. À quoi d'autre vous attendiez-vous ?
Il y a un ex-aequo pour la meilleure réplique du chapitre, à mon avis. La première revient à Sarène, via ses pensées. "Le problème des gens intelligents," se dit Sarène en soupirant, "c'est que tout le monde pense qu'ils manigancent toujours quelque chose." C'était une réplique originale du premier brouillon, et elle m'a toujours paru être une affirmation plutôt vraie. L'autre réplique revient à Roial, et elle a été ajoutée lors de l'un des derniers brouillons. "Chez les jeunes gens, la méchanceté ne présente aucun intérêt, et la gentillesse des vieillards est tout simplement barbante."
Le monologue intérieur de Sarène sur Graéo est resté dans le livre malgré une légère insatisfaction de ma part à propos de ce passage. Il semble un peu déclaratif, et nous avons eu des aperçus à ce sujet auparavant. Je ne suis pas sûr que nous apprenions vraiment quelque chose de nouveau sur le caractère de Sarène, nous obtenons simplement quelques détails sur son passé.
Cependant, l'une des choses agréables à propos d'un livre comme celui-ci - ou, même, des livres en général, par rapport aux films - c'est que vous n'avez pas à TROP vous inquiéter de chaque scène ou moment. Je n'ai pas à couper les secondes aussi intensément qu'un cinéaste pourrait le faire, ou même à couper les mots autant qu'un auteur d'une œuvre plus courte pourrait le faire. Je peux me permettre quelques digressions comme celle-ci, même si elles se répètent un peu.
Montrer le séon de Roial était important, je pense. Tout d'abord, je voulais donner quelques preuves qu'il y a bien des séons en Arélon qui ne sont pas fous. (Jusqu'à présent, je crois que les seuls séons nommés que nous avons vus dans le livre sont Ashé et Ien.) Deuxièmement, Opa est une petite préfiguration - c'est par lui qu'Ashé réussit à contacter les amis de Sarène. En fait, l'interaction entre Sarène et Ashé est assez intéressante dans ce chapitre, car elle est un peu plus tendue - et donc un peu plus réaliste - que ce que nous avons vu avant. Sous stress, Ashé n'est pas tout à fait aussi accommodant et direct qu'à l'ordinaire - mais il garde toujours les intérêts de Sarène à cœur.
Quelques notes sur la soirée. Tout d'abord, je me suis beaucoup amusé à insérer les jeunes couples écœurants dans ce livre. Je ne sais pas pourquoi j'aime autant me moquer d'eux comme ça, mais clairement je m'amuse un peu dans les chapitres de Sarène. Ah, le pauvre Shuden. Il n'a pas résisté aussi bien qu'il le pensait. Quoi qu'il en soit, le contraste met Sarène en lumière, et j'aime comment elle et Roial se déplacent et se mêlent aux convives dans la soirée. Il y a juste un... sentiment d'authenticité à propos de certaines des scènes de ce livre que je n'ai pas tout à fait réussi à capturer dans mes autres œuvres.
Il y a quelques préfigurations importantes dans ce chapitre également. L'une est le sens de l'orientation des séons, qui joue un rôle très petit mais important dans le climax du livre. L'autre est l'aperçu de Sarène sur le caractère d'Ahan pendant la soirée. Si vous avez suivi, vous vous rendrez compte qu'il est comme elle l'explique - un peu trop prompt à l'action, pas tout à fait aussi politiquement malin qu'il voudrait faire croire aux autres. C'est cette scène, cependant, où j'ai vraiment voulu semer les graines de compréhension chez mes lecteurs, les préparant à sa trahison éventuelle.
Chapitre 33 - 17-10-2005
Un autre chapitre court, mais intense, sur Hrathen. C'est le pic du climax du personnage de Hrathen de la première moitié du livre. Il questionne sa propre foi depuis qu'il a rencontré Dilaf pour la première fois. Ce n'est pas qu'il remet en question la véracité de la religion déréthie - il est simplement devenu incertain de sa place dans tout ça. Je voulais que ce moment, lorsqu'il observe l'éclipse, à demi conscient, soit le moment où il trouve finalement une réponse en lui.
C'est un tournant majeur pour Hrathen. Son rôle dans le livre pivote sur ce chapitre, et les choses qu'il fera plus tard seront grandement influencées par les décisions qu'il prend à ce moment. Je pense que ce qu'il réalise d'important est que la foi de chaque personne ne se manifeste pas de la même manière. Il est différent des autres personnes, et il vénère différemment. Cela ne rend pas sa foi inférieure.
En fait, je pense que sa foi est en réalité supérieure à celle de Dilaf. Hrathen a considéré, pesé, et décidé. Cela lui donne plus de légitimité en tant qu'enseignant, j'imagine. En fait, il s'intègre très bien dans la religion déréthie - l'idée entière du Shu-Déreth a été conçue comme un mouvement logique.
Lorsque je concevais ce livre, je savais que je voulais un antagoniste religieux. En fait, l'idée de la religion déréthie était l'une des toutes premières graines conceptuelles pour ce roman. J'ai toujours été curieux de la relation entre l'église catholique et l'empire romain. Alors que Rome a beaucoup décliné en puissance, l'église qui y est née - presque par effet secondaire - est devenue l'une des forces dominantes du monde. Je me suis demandé ce qui se passerait si un empire décidait de faire quelque chose comme ça intentionnellement.
Les premiers leaders déréthis étaient donc un groupe qui avait pris conscience des problèmes de l'Ancien Empire fjordell. Il s'est effondré sur lui-même à cause de problèmes bureaucratiques. L'Ancien Empire était confronté à des rébellions et des guerres, et n'a jamais réussi à devenir stable. Les fondateurs déréthis ont réalisé le pouvoir de la religion. Ils ont décidé que s'ils pouvaient amener les nations de l'Est à croire en une seule religion - avec cette religion centrée sur le Fjorden - ils auraient un pouvoir égal ou même supérieur au pouvoir de l'Ancien Empire. En même temps, ils n'auraient pas à se soucier de la rébellion - ou même de la bureaucratie. Les gens des autres nations se gouverneraient eux-mêmes, mais donneraient dévotion, loyauté, et argent au Fjorden.
Ainsi, ces hommes se sont appropriés les enseignements de Shu-Déreth et les ont mélangés avec une touche de mythologie de l'Ancien Empire fjordell. L'hybridation résultante, ajoutée à l'éthique martiale du Fjorden, a créé une religion agressive, intense - mais qui avait été "construite" avec un but logique en tête. Les prêtres fjordells ont passé les siècles suivants à convertir et à construire leur base de pouvoir. Le résultat a été le Nouvel Empire - un empire sans gouvernements ni armées, mais bien plus puissant que l'Ancien Empire ne l'a jamais été.
Chapitre 34 - 24-10-2005
Je sais qu'on dirait que je prépare le retour de Shaor, mais je n'ai vraiment pas l'intention de la ramener. Du moins, ce n'était pas mon intention quand j'ai écrit ce chapitre. La vérité est que je ne voulais pas écrire une scène où les fous reviennent avec le corps déchiqueté d'une petite fille.
Cependant, chaque fois que je lis ce chapitre, je ne peux m'empêcher de remarquer que j'ai laissé en vie l'un des méchants les plus dangereux du livre (potentiellement). Ironiquement, parce qu'il semble si évident dans le texte que Shaor est encore en vie, je pense que j'éviterais de faire quoi que ce soit avec elle dans une suite. Il semble qu'en fiction, chaque fois que vous ne voyez pas un corps, vous supposez automatiquement (souvent à juste titre) que le méchant est toujours là quelque part.
Cependant, dans ce cas, il n'y a vraiment pas de sens à l'utiliser de nouveau. Shaor n'était pas une menace à cause de compétences particulières de sa part - je ne vois aucune raison de la ramener.
Maintenant que les trois gangs ont été traités, l'histoire de Raoden a connu quelques résolutions importantes. Cependant, l'augmentation de la douleur de ses blessures est quelque chose que j'ai introduit dans le livre par peur qu'il n'ait pas assez de conflits pressants. Comme mentionné dans les annotations précédentes, sa personnalité est unique, forte et stable parmi les personnages que j'ai créés, et je pensais qu'un petit problème dans le domaine de la confiance en soi ne serait pas déplacé. Il a l'impression d'être moins bon pour faire face à la douleur que tout le monde, et ça l'inquiète qu'il ne soit pas le leader qu'il devrait être. Nous en parlerons plus tard.
Mon explication pour la boue, j'en conviens, repose un peu trop sur la "licence de l'auteur de fantasy". Habituellement, je résiste à en faire trop dans ce domaine. (c'est-à-dire, expliquer simplement les événements dans le monde avec des réponses magiques.) Bien qu'il y ait une légère logique dans l'explication de Raoden, ce n'est pas quelque chose qui aurait été intuitif pour un lecteur, étant donné les faits du roman. Cela en fait un élément faible de l'intrigue. Cependant, l'explication de la boue ne fait partie d'aucune véritable résolution de l'intrigue, alors j'ai décidé de l'inclure. Sa place en tant qu'élément intéressant du monde, plutôt qu'un climax, me donne quelques libertés supplémentaires, je pense.
Et, quant à l'explication du séon... eh bien, je crains que c'est tout ce que vous obtenez pour ce livre. Je pense que c'est la dernière (ou plutôt, la seule) discussion que les personnages ont sur les origines des séons. Ce n'est pas grand chose, mais c'est intentionnel. Quand j'ai écrit ELANTRIS il y a six ans, je n'étais pas sûr de pouvoir même vendre le livre. Par conséquent, je ne voulais pas investir trop de pensées dans une suite à ce moment-là. Je voulais que le livre se suffise à lui-même, mais je voulais me donner beaucoup de marge pour faire des choses intéressantes dans une série, si ça menait à ça. Par conséquent, j'ai intentionnellement laissé quelques espaces ouverts dans la création du monde - des choses que les personnages ne savent même pas.
L'un de ces trous est l'origine, et même le fonctionnement, des séons. J'ai quelques idées, bien sûr, mais vous devrez attendre un autre livre avant qu'elles ne soient expliquées. (Vous pouvez remercier Moshe pour ce que vous avez obtenu dans ce chapitre - il était très curieux à propos des séons, et il voulait un peu plus. C'est pourquoi nous avons eu la discussion sur le Passage, ainsi que l'explication que vous n'avez pas à être noble pour avoir un séon.)
Chapitre 35 - 08-11-2005
Ce qui est drôle, c'est bien sûr qu'Eventéo avait très précisément dit à Sarène de ne pas faire ça - ne pas renverser Iadon et s'installer sur le trône. C'était au chapitre deux, le premier chapitre de Sarène, et il l'a dit en plaisantant. (Elle a brisé sa promesse, cependant - elle avait dit qu'elle attendrait au moins deux mois pour s'installer sur le trône. Allez lire la dernière page de ce chapitre si vous voulez voir de quoi je parle.)
Quoi qu'il en soit, oui, j'ai tué Iadon hors scène. Je ne voyais aucune raison de continuer avec lui à ce stade. Il avait fait ses dégâts, subi sa défaite. Je pense que la meilleure chose pour lui était de disparaître sans causer plus d'ennuis.
Eh bien, pas sans plus de problèmes, je suppose. Il y a cette scène d'enterrement…
Cette conversation sur l'espionnage est un vestige de choses laissées d'une version précédente. J'en parlerai plus tard. Cependant, si on dirait que je préfigure quelque chose. . . eh bien, c'est le cas. Malheureusement, la chose que je préfigurais a été coupée. Encore une fois, j'en parlerai plus tard.
Le passage sur la nourriture Jindoaise est une autre de ces sections potentiellement déplacées du livre, mais j'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire. Je suis intéressé par le fait que certaines cultures dites plus "primitives" comprennent souvent les mêmes choses que la médecine moderne et la science, elles ne peuvent tout simplement pas se justifier pour notre satisfaction. Il me semble logique qu'une culture comme celle des Jindoais pourrait comprendre qu'un régime faible en graisses est bon pour vous, mais ils pourraient ne pas comprendre complètement pourquoi. De toute façon, le pauvre Eventéo ne peut plus manger de beurre.
Un point intéressant dans ce livre est la petitesse des armées. Souvent dans les livres, je traite d'armées de dizaines et de centaines de milliers d'individus. Cependant, ce sont généralement des épopées de guerre - il me semble logique qu'à Elantris, on parle de centaines d'hommes, plutôt que de milliers. Cela peut sembler un nombre ridicule pour une force de défense, mais j'imagine l'Arélon comme un petit pays, assez isolé et - comme noté dans le texte - plutôt innocent. Ils ont juste vraiment besoin de forces de police.
Mon réviseur a été préoccupé par mon utilisation du mot "légion", en fait, pour la force personnelle d'Éondel. Elle a dit qu'une légion, au sens du dictionnaire, était généralement beaucoup plus grande. Bien que cela puisse être vrai, je pense que le fait qu'ils l'appellent "La Légion d'Éondel" en fait un nom propre, et c'est utilisable. Il s'agit d'un titre honorifique, plutôt que d'un nom descriptif. De plus, en Arélon, quelques centaines d'hommes sont vraiment très nombreux.
Ici, j'ai décidé de commencer à rendre Ahan moins utile dans ces réunions. Le sous-texte ici est qu'il joue des deux côtés, comptant - mais sans jamais vraiment réussir - renverser le groupe de Sarène. Plus tôt dans le livre, il s'amusait simplement à jouer le jeu - et il n'a jamais rien fait d'incriminant contre le roi. Une fois Iadon parti, il revoit ses motivations. C'est pourquoi il est un peu moins communicatif dans ce chapitre.
Eh bien, j'ai beaucoup à dire sur ce chapitre. Parlons des fiançailles de Sarène et Roial.
Certains moments, quand on écrit, les choses s'emboîtent juste comme il faut. Le moment où j'ai trouvé cet élément d'intrigue a été l'un de ces moments. Je n'avais pas prévu ça dans mon plan. Soudain, en écrivant, j'ai réalisé combien ça avait du sens, et combien il serait merveilleux de forcer les personnages à traverser ça. Même encore, c'est l'un de mes retournements préférés dans le livre.
La scène dans la voiture est là depuis le début, mais je l'ai légèrement modifiée dans la dernière version, ajoutant la section où Roial parle à Sarène d'elle-même. Sa ligne "Vous êtes un excellent juge de caractère, sauf pour le vôtre" est quelque chose qui, à mon avis, devait être dit à Sarène à un moment donné du livre. La suggestion proprement dite est venue de mon comité de thèse de master. Ils ont - à juste titre - vu Sarène comme quelqu'un qui avait une image irréaliste d'elle-même.
Elle n'est vraiment pas aussi "non mariable", ou aussi indésirable, qu'elle le pense. Même à Téod, elle n'était pas vue aussi durement qu'elle l'imagine. Cependant, elle est très dure envers elle-même. Quelqu'un avait besoin de la prendre à part et de lui dire - tout en en faisant prendre connaissance au lecteur - qu'elle n'est pas la moitié de ce qu'elle semble penser.
Et quant aux dernières lignes - oui, je l'ai fait à nouveau. Le même petit retournement de situation, une continuation de celui d'avant. Je pensais que c'était approprié, puisque cette structure a jeté Hrathen dans la ville. Pourquoi ne pas utiliser le système de triade pour faire la même chose avec sa guérison ?
Chapitre 36 - 11-11-2005
Dakhor. C'est l'un des meilleurs mots que j'ai inventés pour ce livre, je pense.
Soyez patient avec moi - Je vais quelque part avec cette histoire de monastère de Dakhor. On y arrivera à un moment. Pour l'instant, profitez des visions de Hrathen. Ou plutôt, soyez dérangés par elles. (Dakhor, si vous ne l'avez pas remarqué, n'est pas un endroit très convivial...)
Oui, tout ce temps Hrathen était sous l'effet de la potion. C'était un peu artificiel de cacher au lecteur que Hrathen avait demandé que les effets soient temporaires, mais j'ai pensé que le drame en valait la peine. Vous auriez dû pouvoir le comprendre de toute façon - c'était la seule raison logique pour laquelle Hrathen boirait la potion.
De toutes les intrigues politiques, manœuvres et planifications de ce livre, je pense que celle-ci est la meilleure. En un seul coup brillant stratégie, Hrathen a réussi à se faire passer pour un saint qui semble avoir du pouvoir sur Elantris. Il a pris de court Sarène et Dilaf en même temps, récupérant tout ce qu'il avait perdu pendant ses disputes et ses interrogations personnelles. Ce n'est pas vraiment un "coup de théâtre", à mon avis - c'est quelque chose de mieux. C'est quelque chose qui a un sens logique, qui fait avancer l'intrigue sans avoir à tromper le lecteur, tout en suscitant l'émerveillement et l'appréciation.
À mon avis, ce genre de rebondissement est supérieur aux surprises artificielles. Je ne le réussis pas souvent, mais il y a quelque chose... de majestueux dans un dispositif d'intrigue qui est évident, rationnel, et pourtant toujours surprenant.
Ce chapitre pose la question "Qu'est-ce qu'un miracle ?" Vous m'avez trop souvent entendu m'étaler sur la religion, alors je vais me retenir. Au lieu de ça, je vais simplement souligner que ce que pense Hrathen - à savoir qu'une chose peut être un miracle même si elle n'a rien de "miraculeux" en soi - a parfaitement du sens. Voyez-le de cette façon. A) Hrathen croit (comme beaucoup dans notre monde) que Dieu contrôle tout. B) Hrathen croit (comme beaucoup dans notre monde) que Dieu peut faire ce qu'Il veut sans dépenser aucune ressource ou s'affaiblir. C) Par conséquent, peu importe à Dieu s'Il doit provoquer "magiquement" quelque chose ou non - tant qu'un événement coïncide avec ce qu'Il veut, c'est miraculeux. Il lui est aussi facile de faire arriver quelque chose par le cours naturel des choses que de le faire arriver en brisant les lois naturelles.
(C'est pourquoi, soit dit en passant, des "miracles" tels que la guérison par la foi ou autres ne devraient jamais, à mon avis, constituer la base de la foi en une religion.)
Chapitre 37 - 14-11-2005
Nous sommes entrés dans la partie de l'intrigue où Raoden a quelques chapitres courts (celui-ci et le précédent). Comme je l'ai mentionné, le cycle principal de l'intrigue - les trois gangs - de la première partie du livre est terminé. En ce moment, les choses les plus importantes se passent à l'extérieur d'Elantris, et Raoden a donc un peu de répit pour étudier.
Cela dit, la prise de conscience qui s'opère ici - que Raoden n'est pas mauvais pour gérer la douleur, qu'il fait simplement face à quelque chose que les autres n'ont pas à faire - est importante. Il fallait qu'il y ait une progression, même si cela enlève à Raoden son principal conflit en tant que personnage. (Cependant, ce conflit est remplacé par une autre petite bombe à retardement : Raoden doit maintenant s'inquiéter d'être détruit par le Dor avant d'avoir pu terminer ses recherches. Cela lui donne un sentiment d'urgence, rend les choses un peu plus difficiles - c'est pourquoi j'ai introduit cette structure d'intrigue en premier lieu. Comme je l'ai déjà dit, je craignais qu'il n'y ait pas assez de tension dans ses chapitres une fois les gangs vaincus. D'où les attaques de Dor.
Un autre grand merci à mon comité de thèse pour sa suggestion concernant ce chapitre. Je ne sais pas comment j'ai pu passer à côté, mais dans les premières versions, Raoden et compagnie ne reconnaissent jamais le fait que Hrathen a été guéri. Ils ne l'ont même pas mentionné, et ils n'ont certainement pas donné leur avis sur les raisons de cette guérison.
La solution était facile à trouver - vous pouvez la lire dans quelques paragraphes de ce chapitre. Cependant, le fait qu'il n'y ait pas eu de guérison auparavant constituait un problème. Moshe n'en revenait pas lorsque je lui ai parlé de cet oubli.
Merci donc à Sally, Dennis et John. Vous m'avez sauvé de l'embarras.
J'aime bien l'explication que Raoden donne ici pour la guérison de Hrathen. Elle semble avoir un sens pour les elantriens, et cela m'évite de leur faire soupçonner ce qui se passe réellement.
Chapitre 38 - 18-11-2005
Ah, il nous fallait plus de Lukel. Il n'a pas été assez présent ces derniers temps. Je suis heureux d'avoir eu la présence d'esprit d'ajouter un personnage pour contrebalancer la solennité de Shuden et d'Éondel. Lukel ne joue pas un grand rôle dans l'intrigue, mais il est toujours là pour lancer une ou deux petites phrases sympathiques. Son agacement lorsqu'on lui dit que son visage est trop rose est probablement l'un de ses meilleurs moments.
J'ai introduit le Patriarche pour plusieurs raisons. Bien que Joshua ait voulu le supprimer (mon agent est un sacré bourreau) et qu'il ait suggéré qu'Omun révèle la proclamation, j'ai senti que j'avais besoin de quelqu'un avec un peu plus d'autorité pour remplir ce rôle. De plus, ELANTRIS est un livre sur la religion, et je voulais me pencher sur l'idée d'avoir un chef religieux qui n'est pas nécessairement aussi.... .sage que son peuple le souhaiterait. En donnant à la religion korathie un homme comme le Patriarche à sa tête, j'ai pu montrer un aspect différent de la foi dans le livre - l'idée qu'une religion est plus que son chef, et que la foi est plus puissante qu'un seul homme. Je pense que pour qu'une religion perdure, elle doit être capable de survivre MALGRÉ les personnes qui la dirigent, plutôt que grâce à elles.
D'ailleurs, dans la version originale, lorsque Sarène dit "Votre présence honore l'Arélon et son peuple" alors que le Patriarche est sur les quais, le Patriarche dit "Je sais". Moshe a trouvé que c'était un peu exagéré, alors je l'ai coupé. Dans mon esprit, cependant, le Patriarche EST exagéré et cliché - cela fait partie de son caractère. Quoi qu'il en soit, un autre élément de cette scène est la tempête. Je l'ai ajoutée pour pouvoir truquer l'heure d'arrivée du patriarche - la structure en triade m'obligeant à le laisser sur le bateau plus longtemps que le voyage ne devrait durer. En fait, ce n'est peut-être plus nécessaire - dans l'original, je l'ai fait partir avant qu'il n'apprenne la mort du roi. (Je ne suis pas … exactement sûr de pourquoi. Quelque chose à voir avec le rythme et la structure de la triade. Cependant, j'ai toujours eu l'intention de lui faire lire la proclamation lors des funérailles, donc j'ai dû faire en sorte qu'il suppose que Iadon serait exécuté, puis qu'il parte avec la proclamation. Quoi qu'il en soit, j'ai fini par corriger ce problème, ce qui a considérablement simplifié les choses).
Ce chapitre est censé être une sorte de petite rédemption pour Iadon. Tout d'abord, nous avons sa proclamation, qui donne de la validité aux lois qu'il a mis en place. Je pense que tout ce qui concerne le gouvernement arélois a beaucoup plus de sens maintenant que nous comprenons pourquoi Iadon a fait ce qu'il a fait.
Le deuxième élément de rédemption intervient sur le lieu de l'enterrement, où Sarène observe la mise en terre. Ses pensées n'excusent pas ce qu'a fait Iadon, mais j'espère qu'elles donnent une explication. J'aime cette scène en raison de l'impression qu'elle donne - il y a une révérence qui donne l'atmosphère appropriée pour un enterrement.
Vous remarquerez que dans la scène de "Sarène prie dans la chapelle", j'ai pris soin de décrire à quel point la robe de Sarène est peu décolletée, à manches longues et globalement recouvrante. J'espère que cela n'a pas l'air suspect. Cependant, ceux d'entre vous qui regardent attentivement ont probablement compris ce qui allait se passer au mariage. L'occasion était trop belle pour la laisser passer - pour l'effet de surprise, pour les failles qu'elle apporte à l'intrigue, et parce qu'elle me permet de mélanger à nouveau Sarène et Raoden.
Cette scène de prière offre également notre premier, et seul, véritable aperçu de l'état d'esprit religieux de Sarène. Sa foi est probablement l'un des seuls aspects simples de sa personnalité : elle croit, et il n'est pas nécessaire d'aller plus loin pour elle. C'est pourquoi j'ai voulu que cette prière soit si simple. Parfois, une chose simple peut être bien plus puissante qu'une chose complexe.
Et pour ce qui est de la fin… Eh bien, pauvre Sarène. Je suis sûr qu'elle s'en remettra.
Chapitre 39 - 21-11-2005
J'ai fait cette triade un peu différemment. Vous remarquerez peut-être que le chapitre Hrathen commence à l'endroit où le chapitre Sarène se termine. Encore une fois, j'ai finalement décidé d'être plus souple avec le système de triades que je ne l'avais prévu à l'origine. Il aurait été trop contraignant de forcer les trois chapitres à se dérouler exactement au même moment. Donc, à la place, je les ai tous fait se dérouler le même jour, généralement en se chevauchant, mais pas toujours.
Quoi qu'il en soit, ce chapitre a permis à Hrathen d'être fier de lui. Vous avez peut-être remarqué que les chapitres s'accélèrent - ils deviennent plus courts, les choses se passent plus vite - au fur et à mesure que le livre avance. C'est un aspect de mon style, et même s'il n'est pas aussi visible dans mes nouveaux livres (j'ai essayé de mieux équilibrer mes climax et mes surprises au cours des dernières années), ELANTRIS est un roman de Brandon "à l'ancienne". Mes livres ont tendance à s'acheminer vers la fin de manière assez spectaculaire, et vous atteignez généralement un endroit que mes amis appellent affectueusement "l'avalanche de Brandon" [NdT : ce que les fans appelleront plus tard la sanderlanche]. En général, mes livres ont tendance à s'emballer dans les dix derniers pourcents, le rythme s'accélérant radicalement, les points de vue s'affolant.
Ce n'est pas encore le cas dans ELANTRIS, mais nous nous en rapprochons.
Chapitre 40 - 28-11-2005
À l'origine, je voulais que les marches menant à Elantris depuis l'extérieur soient une construction mise en place par les habitants de Kaë. Je savais que je voulais un grand nombre de scènes sur le mur - c'est un élément visuel tellement dominant dans le livre que j'ai pensé qu'il ferait un bon décor pour des scènes. Cependant, j'ai rapidement réalisé que ce serait le peuple de Kaë - et non les elantriens - qui contrôlerait le mur. La garde de la ville d'Elantris est née de cette idée, tout comme les marches construites à l'extérieur pour y accéder.
Cependant, au fur et à mesure que je travaillais sur le livre, je me suis rendu compte que les elantriens d'avant le Réod n'auraient pas eu besoin d'un mur d'enceinte pour se protéger.
De toute évidence, pour ceux qui ont lu davantage, le mur a une bonne raison d'être, basée sur les aons. Mais pas seulement.
Le mur de la ville est un symbole, il fait partie de la majesté de la ville. En tant que tel, il est donc logique qu'il y ait de nombreux moyens de monter dessus.
Lorsque Stephen nous a envoyé l'illustration de la couverture du roman, nous avons été stupéfaits par sa beauté. Cependant, certains éléments ne correspondaient pas tout à fait au texte. L'une d'entre elles était les marches - elles étaient si ornées, si belles, qu'il n'était pas logique qu'elles aient été conçues par les habitants de Kaë. À ce moment-là, tout s'est mis en place, et j'ai réalisé qu'il n'y avait aucune raison pour que les elantriens eux-mêmes n'aient pas installé un grand escalier à l'extérieur de la ville, jusqu'au mur d'enceinte.
Ainsi, lors de la réécriture finale du livre (la neuvième version), j'ai modifié l'escalier et l'aspect général du mur, afin de donner au lecteur le sens qu'il mérite. L'escalier a été placé par les elantriens comme un moyen de monter sur le mur. Le mur lui-même est devenu moins une fortification qu'une merveille, comme la Tour Eiffel. Il est là pour être escaladé et expérimenté.
Cette scène où Raoden et Sarène se rencontrent sur un pied d'égalité est, je l'espère, quelque chose que les gens attendaient. J'ai voulu que le moment où Sarène laisse Raoden lui prendre la main soit un événement majeur du livre. La phrase "Pour la première fois" (c'est-à-dire qu'elle lui prend la main pour la première fois) a été ajoutée à la suggestion de Moshe. Personnellement, je ne l'aime pas autant que je pourrais l'aimer - mon opinion est que souvent, le fait de rendre un passage plus court le met davantage en valeur. Cependant, je n'étais pas attaché à ces quatre mots au point d'insister pour qu'ils ne soient pas ajoutés.
Ces deux chapitres - quarante et quarante et un - sont une autre paire séquentielle dans une triade, comme je l'ai fait auparavant. Je voulais sortir du point de vue de Raoden aussi vite que possible, parce qu'il a déjà vu Elantris et la Nouvelle Elantris. Dans ces scènes, le point de vue de Sarène sera plus frais, et donc plus intéressant. Elle peut découvrir certaines parties d'Elantris pour la première fois, et nous pouvons apprécier sa prise de conscience et sa découverte.
Chapitre 41 - 03-12-2005
Mon plus grand défi dans ce chapitre a été de rendre crédible aux yeux du lecteur le fait que les personnages acceptent que Sarène soit une elantrienne. L'intrigue de cette partie du livre repose sur le fait que Sarène pense qu'elle a été transformée - sinon, elle essaierait de s'échapper, et je ne pourrais pas avoir le court interlude dans Elantris que j'ai ici. Il est essentiel pour les plans de Raoden et pour la relation entre eux deux qu'ils aient le temps de réfléchir et d'apprendre à se connaître.
J'ai eu quelques avantages à créer cette suspension de l'incrédulité concernant la nature de Sarène en tant qu'elantrienne. Tout d'abord, elle ne sait pas vraiment à quoi doit ressembler un elantrien - elle ne se rend pas compte que les battements de son cœur ou ses larmes la trahissent. Deuxièmement, comme le soulignera Raoden à un moment, Sarène est arrivée à l'époque de la Nouvelle Elantris. Il y a de la nourriture, un abri, et la douleur a été en grande partie surmontée. Les différences entre un elantrien et un non-elantrien sont donc moins évidentes.
Malgré tout, il y a deux ou trois choses que je dois expliquer. La première est l'existence d'Ashé. C'est un indice majeur pour Sarène et ses compagnons qui montrent qu'elle n'est pas vraiment une elantrienne. Les changements corporels de Sarène - ou leur absence - seront de plus en plus évidents au fur et à mesure qu'elle restera dans Elantris. Il est évident que je ne pourrais pas faire durer cette intrigue très longtemps, mais j'espère qu'elle fonctionne pour l'instant.
Dans ce chapitre, nous voyons vraiment les effets du leadership de Raoden. Nous voyons comment il utilise ce qu'on lui donne - le tissu chatoyant, les clous, les feuilles de métal. D'un côté, nous avons vu Sarène contourner ses demandes. Maintenant, nous voyons Raoden transformer ces objets en choses utiles. Il transforme le tissu coloré en avantage, l'utilisant pour égayer son peuple face à la boue. Il trouve une utilité à tous les dons "inutiles" de Sarène. Plus la situation est sombre, plus Raoden brille.
Dans ces chapitres, j'ai dû faire très attention aux points de vue de Sarène. En écrivant, j'avais l'habitude de désigner accidentellement Raoden par son vrai nom, plutôt que de l'appeler Esprit. Sarène, bien sûr, ne sait pas qui il est vraiment. J'ai trouvé un endroit où je l'appelais "Raoden" qui, d'une manière ou d'une autre, a duré jusqu'à l'édition finale - heureusement, c'était la dernière.
Au fait, j'ai pris le passage où Sarène juge la taille de Raoden à partir d'une expérience réelle. Mon amie Annie Gorringe avait l'habitude de dire que son mètre quatre-vingt-dix lui rendait parfois difficile de trouver des hommes avec qui sortir. Souvent, la première chose qu'elle faisait lorsqu'elle s'intéressait à un homme était de comparer sa taille à la sienne.
Attention, mesdames et messieurs. Si vous connaissez un auteur, vous devez surveiller votre langue. Tout ce que vous dites peut être utilisé dans un roman, en ce qui nous concerne.
Il est intéressant de noter que je n'ai jamais commenté le surnom de Sarène auparavant. Seul son père l'utilise, et lorsque Moshe a lu le projet, il a eu du mal à comprendre comment arriver au "Ène" de Sarène. C'est probablement parce que, comme la plupart des gens, il prononce son nom comme le mot "serene". Ce n'est pas grave : la façon dont les gens prononcent les noms dans mes livres ne me dérange pas vraiment. Lorsque je lis, je vois un nom, j'en trouve la prononciation dans ma tête et je m'y tiens à partir de là. Rien ne peut me convaincre que je le prononce mal, pas même l'auteur lui-même. (Encore aujourd'hui, les noms des dragons d'Anne McCaffrey sont des bruits confus et sans signification dans mon esprit. Cela me semblait juste à l'époque).
Quoi qu'il en soit, si cela vous intéresse, il y a un guide de prononciation pour Elantris sur le site (NdT : notre traduction dans ces annexes). Le surnom de Sarène vient de l'aon de son nom : l'aon Ène. Alors que dans notre monde, nous avons tendance à choisir des surnoms basés sur la première syllabe d'un nom, les surnoms en arélois viennent des aons. Comme l'aon de Sarène n'apparaît que tardivement dans son nom, c'est de là que vient le surnom. D'ailleurs, "Ène" se prononce "Ay-nay".
C'est la meilleure réplique de ce chapitre.
FINALISTE NUMÉRO UN :
"Il sourit à peine, visiblement peu convaincu. Puis il la regarda avec une expression indéchiffrable. Eh bien, votre période d'Épreuve n'aura pas été complètement inutile. J'ai obtenu une chose très importante durant ces semaines.
Le ravitaillement ? demanda Sarène.
Ça aussi."
FINALISTE NUMÉRO DEUX :
"J'ai cru pendant un instant que je me trouvais au paradis."
(Rappelez-vous, lorsque ça s'est produit, Raoden était allongé sur le dos. Il a ouvert les yeux, et la première chose qu'il a vue, c'est le visage de Sarène qui planait au-dessus de lui).
Que pouvons-nous apprendre de cette histoire ? Que les personnes qui tombent amoureuses sont de vraies têtes à claques.
Chapitre 42 - 05-12-2005
Hum. J'avais oublié à quel point ces chapitres étaient courts. D'habitude, je ne laisse pas mes chapitres devenir aussi courts dans un livre. J'aime les chapitres plus longs, et j'ai tendance à être assez stable sur leur longueur. ELANTRIS, cependant, est une aberration. Il contient une bonne vingtaine de chapitres de plus qu'un de mes livres moyens, bien qu'il soit plus court que la plupart d'entre eux.
Pour ceux d'entre vous qui se posent la question, la phrase sur l'épopée Svordoise est une référence au monomythe (aussi nommé l’archétype du héros). Il est ironique que je fasse un clin d'œil à Campbell dans mon roman, puisque je dénonce le fait que les auteurs de fantasy lui accordent trop d'attention dans l'un de mes articles critiques sur ELANTRIS. (Je l'ai posté dans la section ressources d'ELANTRIS).
La seule autre chose à dire sur ce chapitre est que c'est à peu près là que l'intrigue secondaire du Prince Fou a commencé dans les premières versions du livre.
Bien que cela soit expliqué à d'autres endroits sur le site, je devrais probablement le préciser ici. Le Prince Fou, un personnage qui a été supprimé du livre, dominait environ trois ou quatre chapitres dans le dernier quart du manuscrit. À l'origine, Raoden n'était pas fils unique - il avait un frère qui était un peu fou. Eton - le Prince Fou - a été envoyé par son père pour vivre en reclus. Il est mentionné à plusieurs reprises dans le texte, préfigurant le moment où Hrathen décidera de le ramener dans la politique aréloise pour essayer de l'utiliser comme un pion.
Dans ce chapitre, le Prince Fou arrive dans la région, sans que nous le sachions. Hrathen apprend l'arrivée d'Eton et va le rencontrer en dehors de la scène. Le lecteur ne sait pas encore ce qui se passe - vous savez seulement que Hrathen a un autre petit plan qu'il prépare depuis la chute de Sarène. (N'oubliez pas que dans la première version du livre, Telrii était un personnage beaucoup moins important. Hrathen l'a abandonné au début du livre, après que le plan visant à couler les navires de Iadon se soit soldé par un échec).
Chapitre 43 - 09-12-2005
Donc, dans la version originale du livre, Raoden et Galladon ont vu l'armée d'Eton à l'extérieur de la ville lorsqu'ils sont montés au sommet de la muraille. Ça les a choqués et inquiétés, et c'est pourquoi ils sont partis à la recherche de Sarène pour obtenir des nouvelles du monde extérieur. Nous reviendrons plus tard sur le Prince Fou.
"Hama", le mot de Galladon pour grand-mère, est en fait un autre emprunt du monde réel. Un de mes cousins a un petit garçon qui appelle sa grand-mère "Hama", et j'ai toujours pensé que c'était un joli surnom. Mais le plus drôle, c'est lorsqu'il parle de ma grand-mère, son arrière-grand-mère, il l’appelle Big Hama. (Conformément à cette tradition, le surnom que Sarène a donné à Kiin pendant son enfance est "Onc'K" [NdT:Hunkey Kay en VO], une version enfantine de "Oncle Kiin". Il s'agit d'un dérivé du surnom que ce même enfant donne à ma mère dans le monde réel. Elle s'appelle "Hunky BaBa" ou "Tante Barbara".)
Qu'est-ce que je vous avais dit à propos de nous, les écrivains, qui volons des choses ?
A l'origine, quand Raoden et Galladon sont arrivés en haut de la cage d'escalier, ils se sont frayé un chemin à travers la porte avec l'épée de Saolin. Quand j'en suis arrivé là, j'ai complètement oublié que j'avais déjà établi qu'il y avait au moins une hache dans Elantris. Dans la réécriture, j'ai mis cela à la place.
Pourquoi Raoden cache-t-il son identité à Sarène ? Je pense que son explication est sincère : il veut apprendre à la connaître sans que la vérité sur son identité ne vienne perturber leur relation. Il a bien sûr l'intention de lui dire un jour. Au risque de spoiler, cependant, vous ne devez pas craindre que cela se transforme en une intrigue du type "je t'en veux de m'avoir menti". Ce genre d'intrigue m'ennuie toujours. (Les films pour enfants sont célèbres pour cela. "Oh, tu es en fait un prince riche ? Eh bien, je te déteste pour t'être prétendu pauvre afin de gagner mon amour").
Je suis un peu attristé d'avoir dû autant vous mener en bateau dans ce chapitre. Sarène ne parle pas à Raoden du monde extérieur (un artifice nécessaire à l'intrigue à cause de la triade - trois jours se sont écoulés, et je devais avoir une raison pour laquelle elle n'avait pas encore parlé à Raoden des événements en dehors de la ville). Raoden ne dit pas à Sarène qui il est vraiment. En plus de cela, je cache le secret de la potion de Hrathen à mes propres personnages, et je dois encore rationaliser dans ce chapitre - expliquer pourquoi Sarène a assez de nourriture, et pourquoi elle ne peut pas pratiquer l'AonDor - pour que tout fonctionne. Ah… pourquoi ne pouvons-nous pas tout simplement être honnêtes ?
Je sais que vous allez vous moquer de moi. Mais je suppose que vous méritez de connaître toute l'histoire de ce livre. Après tout, je vous ai parlé de l'histoire d'Adonis.
Le fait est que la première version du livre comprenait environ deux pages de poésie de Wyrn Le Roi. Je pense que tous les prosateurs passent par une phase où ils pensent, pour une raison ou une autre, qu'ils ont un talent pour la poésie. C'est encore plus vrai dans le domaine de la fantasy, où nous avons tous lu Tolkien et où nous aimons ajouter des poèmes, des chansons et d'autres choses du même genre à nos histoires.
Le problème, c'est que la plupart d'entre nous ne sont pas très doués pour cela. Wyrn Le Roi était un poème narratif allitératif inspiré de Beowulf, et c'était HORRIBLE. Il se peut que je sois assez masochiste pour le publier un jour dans la section "scènes supprimées" du site web. Honnêtement, je n'en suis pas encore sûr. (En fait, j'ai écrit ce poème dans le cadre d'un travail universitaire. J'ai esquivé un travail de recherche en convainquant mon professeur que je méritais de faire un projet créatif à la place. Lorsque j'ai terminé, je me suis senti un peu obligé de le rajouter dans mon livre actuel, comme je l'avais promis à mon professeur. Désolé, Dr. Thursby, mais... euh... il a été coupé avant le montage final).
Quoi qu'il en soit, l'insertion du poème dans le texte avait un sens, même si je l'ai complètement éclipsé en incluant autant de lignes de poésie. Ce passage est vraiment tout ce que nous avons dans le livre lui-même sur le passé du Fjorden. Comme je l'ai expliqué dans les annotations, le Fjorden est passé au Shu-Dereth pour faire sa conquête, en s'appuyant sur la religion plutôt que sur les armées. Ce faisant, ils sont revenus en arrière et ont réécrit nombre de leurs grands classiques. (Orwell serait fier d'eux.)
Cette histoire est en fait basée sur certains événements de notre monde. Certains spécialistes pensent que Beowulf a subi une révision similaire, les moines qui l'ont copié et traduit ayant ajouté des symboles chrétiens au texte. Après tout, aucun grand artiste n'aurait pu être un vrai païen. Tout le monde sait qu'Aristote était chrétien et qu'il est mort avant la naissance du Christ !
Quoi qu'il en soit, j'ai dû réécrire ce chapitre. Cependant, j'ai travaillé très dur pour préserver les dernières lignes. Je me suis dit qu'il serait bon de voir la réaction de Raoden à l'annonce de la mort de son père. J'aime particulièrement la façon désinvolte dont Sarène commence son explication.
Chapitre 44 - 12-12-2005
La suppression du Prince Fou m'a obligé à réécrire une partie de ce chapitre. Comme je l'ai mentionné, dans la première version, Raoden et Galladon ont vu l'armée d'Eton postée à l'extérieur de la ville. Au début, Sarène ne savait pas quoi penser de cette nouvelle. Elle se disait qu'il ne pouvait s'agir d'une armée de fjordell, qu'elle n'aurait jamais pu arriver aussi vite. Elle savait que ce n'était pas l'armée téoise.
Le chapitre se terminait normalement par une prise de conscience surprenante de la part de Sarène - elle décidait que l'armée fantôme devait appartenir au prince Raoden. Elle a décidé qu'il n'était pas mort ou n'avait pas été tué, mais qu'il s'était enfui pour lever une armée afin de prendre le trône de son père. J'ai trouvé ce retournement de situation très intelligent, et c'est l'une des choses que j'ai été le plus triste de perdre en supprimant le Prince Fou.
J'aime bien la façon dont la relation entre Raoden et Sarène progresse dans ces chapitres. Je sais que ça va un peu trop vite pour être naturel, mais il ne faut pas oublier qu'ils n'ont pas grand-chose à faire de la journée à part passer du temps ensemble.
Dans l'ensemble, j'aime que leur relation ait l'occasion de se développer et de progresser naturellement. Ils ne tombent pas amoureux parce qu'ils se disputent tout le temps (ce qui semble être la seule raison pour laquelle certains personnages de fantasy se mettent en couple) ou parce qu'ils sont esclaves de leurs hormones. Leurs personnalités se complètent vraiment et ils s'entendent bien. Ils aiment tous les deux la politique et le fait de garder des secrets par jeu, et ce sont tous les deux des personnes sincères et intelligentes.
En d'autres termes, ils ne se rencontrent pas simplement parce que - comme mon ami Alan aime à le dire - "l'un d'eux est le personnage principal masculin, et l'autre est le personnage principal féminin". J'aime à penser qu'il y a plus que ça.
Chapitre 45 - 17-12-2005
J'ai pensé que la métaphore des rats dans ce chapitre était appropriée. C'est le genre de lien que Hrathen ferait, et le fait qu'il pense ainsi en dit long sur lui. Il peut être un méchant sympathique, et il peut avoir une certaine noblesse, mais il n'est en aucun cas sans préjugés. Il est, en ce sens, un produit de sa culture. On peut être un homme bon et avoir des préjugés - je connais beaucoup de gens, des gens bien, qui ne semblent tout simplement pas avoir la capacité de voir au-delà de leurs propres suppositions.
C'est pourquoi j'oppose à ce petit préjugé de Hrathen une sincère mesure d'humanité de sa part. Il s'inquiète pour Sarène. Il ne s'inquiète pas simplement à cause de son désir de l'utiliser, ni même à cause de l'affection latente qu'il éprouve pour elle - bien que ces deux raisons motivent ses actions. Il est inquiet parce qu'il se sent coupable de l'utiliser comme il le fait. C'est cette satanée conscience qui vient encore tout chambouler.
Et oui, Hrathen a des sentiments pour Sarène, cachés dans son cœur de pierre. Je suis toujours très subtil dans la façon dont il les montre, par exemple lorsqu'il s'approche du mur pour essayer de voir si elle va bien.
Dans les ébauches du Prince Fou, j'hésitais encore à le révéler aux lecteurs. Son armée était là, dans ce chapitre, visible grâce à ses feux dans la nuit. J'avais révélé que Hrathen considérait le nouveau venu comme un allié, mais je n'avais pas encore révélé qui était ce nouveau venu.
La disparition du prince fou est sans doute la coupure qui m'a pris le plus de temps, sans parler de celle qui m'a été la plus difficile à faire personnellement. Je suis heureux de savoir qu'il est toujours présent sur le web - il est pratiquement la star de la section "Scènes supprimées". Le montage a été suggéré par Joshua "Axe Man" Bilmes. La vérité, c'est que l'histoire n'avait pas besoin d'un autre détour aléatoire. Nous sommes très proches du point culminant, et l'introduction d'un autre personnage - avec sa propre intrigue, ses propres problèmes et ses propres tangentes - c'était tout simplement pas bon pour le rythme. Eton était, à mon avis, un personnage brillant. Cependant, il n'avait tout simplement pas sa place dans le livre.
Le marché passé entre Hrathen et Eventéo est la dernière pièce de son plan le plus brillant du roman. Il a profité de ces deux fioles de poison pour faire beaucoup de choses. Il a réussi à retrouver la foi, à vaincre Dilaf, à se transformer en héros et à obtenir la promesse d'Eventéo, le tout grâce à quelques astuces politiques. Après avoir réussi quelques tours de ce genre, trois mois ne semblent plus être un délai irréaliste pour convertir une nation. (Ou, du moins, convertir sa noblesse, ce qui, comme l'a fait remarquer Hrathen, revient au même).
Chapitre 46 (1) - 20-12-2005
La réaction de Raoden à la mort de Iadon est un peu cliché, mais je pense que les clichés existent pour une raison, alors j'ai écrit la scène de cette façon.
Parfois, j'ai du mal à écrire parce que j'essaie d'être TROP original. Je réagis assez fortement contre tout ce que j'ai vu auparavant, et je ne veux pas l'inclure dans mes livres. Cela m'a bien servi à certains égards - Moshe a acheté ELANTRIS en partie parce qu'il l'a trouvé rafraîchissant et différent des autres romans fantastiques disponibles sur le marché. En général, mes univers, mes systèmes magiques et la structure de mes intrigues ont une forte composante d'originalité. C'est en partie ce qui attire les gens vers mon travail.
Cependant, il m'arrive d'aller trop loin. Si je vois quelque chose écrit d'une certaine façon - même si cette façon est bonne - je réagis contre en essayant d'en trouver une autre. Je me suis tenu à l'écart des intrigues de type "éternel apprenti" (merci Craig Shaw Gardner pour le nom), même si elles sont extrêmement populaires dans le monde de la fantasy - en fait, c'est ce qui m'a fait entrer dans la fantasy quand j'étais plus jeune. Mais, pour cette raison, mes livres peuvent être plus difficiles à aborder. La courbe d'apprentissage extrêmement raide de mes œuvres, l'accent mis sur les environnements étranges et les systèmes magiques bizarres, peuvent rebuter certains lecteurs. (ELANTRIS, d'ailleurs, n'est qu'une allusion à ce genre de choses. Fils des brumes est un bien meilleur exemple).
J'essaie de trouver un juste équilibre dans mes œuvres. L'astuce consiste à écrire quelque chose d'original et de nouveau, en brisant les conventions et les traditions, tout en donnant l'impression d'être un roman de fantasy. Les gens lisent ce genre de romans parce qu'ils aiment ce qu'il est possible d'y faire. Je dois ajouter une nouvelle tournure Sandersonienne à tout ça sans pour autant rejeter tout ce qui est merveilleux et en phase avec ce genre.
C'est pourquoi vous verrez de temps en temps apparaître de vieux archétypes dans mes œuvres. D'une certaine manière, Fils des brumes est une œuvre de fantasy à l'ancienne, en mode "renversons l'empire maléfique". Lorsque j'ai choisi mon prochain projet, j'ai décidé que j'avais suffisamment d'éléments nouveaux, tant au niveau du cadre que de l'intrigue, pour raconter l'histoire d'une manière originale. Je pense que ça ajoute quelque chose au genre, plutôt que de simplement recycler ce qui existe déjà. Je me suis donc lancé, en espérant que le familier et l'original fonctionneraient ensemble.
ELANTRIS est similaire. J'ai introduit des structures d'intrigue atypiques (pour de la fantasy), mais j'ai laissé une touche de "culture médiévale standard" dans le livre. (En fait, comme je l'ai noté, c'est probablement mon livre le plus proche de la Terre à cet égard).
L'équilibre entre le nouveau et le familier. C'est tout le sujet.
Bref, revenons au chapitre. Dès le début, j'avais prévu que Sarène donnerait à Raoden cette information vitale sur le système de magie. Comme je l'ai déjà dit, elle représente le chaos - et le chaos n'est pas toujours une mauvaise chose. Elle est capable de donner à Raoden la simple information que, malgré toutes ses études, il n'a pas réussi à trouver.
Maintenant que nous avons la carte, je crains que la réponse de l'Abîme ne soit trop évidente. Jeff a agrandi l'Abîme bien plus que je ne l'avais prévu [NdT: Jeffrey Creer est l'illustrateur de la première carte d'Arélon]. Et comme nous avons beaucoup zoomé sur la carte, le gouffre domine une grande partie de ce que nous voyons.
Heureusement, je pense que c'est dans la toute prochaine Triade que Raoden trouvera comment utiliser les informations de Sarène. Nous n'avons pas besoin d'attendre longtemps pour qu'il découvre le secret, et j'espère que si les lecteurs le découvrent, ils ne penseront pas que Raoden est trop stupide pour avoir pris autant de temps.
Chapitre 46 (2) - 23-12-2005
Comme je l'ai déjà dit, je craignais que l'intrigue Sarène-Raoden ne tombe trop dans les stéréotypes de la "comédie romantique", alors j'ai pris des mesures pour essayer de les faire agir plus honnêtement. Dans ce chapitre, Raoden essaie de repousser Sarène mais, bien sûr, elle ne le croit pas. Honnêtement, je pense que dans beaucoup d'intrigues de ce genre, les gens essaient de trouver des moyens de se méprendre les uns les autres. C'est la seule explication que je puisse donner à des choses aussi ridicules.
En coupant le Prince Fou, cette section dans les chapitres Sarène/Raoden était l'une des choses que j'étais triste de changer. Comme je l'ai mentionné dans une annotation précédente, dans la version du livre consacrée au Prince Fou, Sarène pensait que Raoden était revenu avec une armée pour essayer de prendre la ville. J'ai commencé ce chapitre par une scène où Raoden réfléchit aux problèmes causés par la prise de conscience de Sarène. Je vais donc l'insérer ici :
L'un des effets secondaires de sa supposition erronée était qu'elle hésitait quant à leur propre relation. Il pouvait voir le conflit en lui - tous deux s'étaient rapprochés au cours des cinq derniers jours, en agissant sur les sentiments qu'ils avaient tous deux été forcés de retenir pendant les semaines de distribution de nourriture par Sarène. Pourtant, Sarène pensait maintenant que son mari était peut-être en vie, et en tant que fille dévote par nécessité politique, elle pensait que se rapprocher de Raoden serait une trahison de ses vœux. Avec surprise, Raoden se rend compte qu'il est en compétition avec lui-même et qu'il perd.
Ça me chagrine vraiment de perdre cette dernière ligne. Elle m'a toujours semblé ironiquement intelligente. Cependant, il y avait une autre perte qui était encore plus difficile à perdre. Elle apparaît lorsque Raoden et Sarène sont aux portes de la ville :
Raoden est resté immobile. Il voulait qu'elle reste, il désirait ardemment qu'elle reste. Mais en même temps, il savait qu'il devait faire tout ce qu'il fallait pour la faire sortir d'Adonis. La ville, c'était la mort. Même s'il souffrait de la voir partir, il souffrait encore plus de la voir rester.
"Il sera là", dit Raoden, sa voix devenant soudain calme. "Raoden. L'homme que tu aimes."
La main de Sarène se relâcha, et elle agita des yeux incertains en direction de la porte de la cité d'Elantris. "Non, dit-elle finalement. "Ce n'est plus ce que je veux."
Je pense que la raison pour laquelle j'ai détesté perdre cette scène est évidente. Ici, Sarène a la possibilité de choisir "Esprit" plutôt que l' image qu'elle a en tête du parfait Prince Raoden. C'est l'occasion pour elle de montrer qu'elle l'aime vraiment, malgré ce qu'il est, malgré les autres options qui s'offrent à elle. C'est un amour qui va à l'encontre de la logique et des rêves souhaités. En d'autres termes, c'est un amour réaliste. De toutes les scènes que j'ai dû couper, ce sont ces quelques paragraphes qui m'attristent le plus d'avoir perdu.
C'est dans cette scène finale que Hrathen et Raoden sont le plus près de se parler. Hrathen se tient là, regardant Raoden de haut. Puis il s'en va.
Au cas où vous vous poseriez la question, non. Ils ne se disent jamais un mot de tout le livre. Sarène se mêle aux deux, mais Hrathen et Raoden interagissent à peine.
Chapitre 47 - 26-12-2005
J'adore cet échange au début du chapitre. En fait, nous n'avons pas beaucoup de scènes dans le livre où Hrathen a l'occasion d'interagir avec Sarène, et encore moins avec ses amis. Les dialogues de ce chapitre sont plutôt réussis, si j'ose dire. Les échanges sont vifs, poignants et révélateurs du caractère des personnages.
C'est probablement en partie dû à la paire de métaphores extrêmement bonnes que fait Hrathen au cours de la scène. La montagne qui s'écrase, l'oiseau qui se cogne la tête contre une pierre - ce sont des métaphores didactiques, exactement le genre de choses que l'on attendrait d'un prêtre. Il les place avec beaucoup de précision, et son discours a un effet sur Sarène et les autres. Je dirais que cette scène est le point culminant des victoires de Hrathen au cours des derniers chapitres.
D'ailleurs, j'aime toujours autant le fait que Hrathen soit un guerrier plus habile qu'Éondel. Éondel est bon, mais il ne joue pas dans la même catégorie qu'un prêtre-guerrier. De plus, Éondel est un chef, un entraîneur et un général - ses compétences sont différentes de celles de Hrathen. Si les deux devaient s'affronter, Hrathen gagnerait presque à chaque fois.
Il est intéressant de noter qu'il s'agit de l'une des premières véritables séquences d'action du livre. Jusqu'à présent, nous n'avons eu droit qu'au match d'escrime entre Sarène et Éondel, au moment où Hrathen repousse les hommes de Shaor, et à quelques brèves batailles entre les hommes de Raoden et les brutes de Shaor. En fait, il n'y a pas grand-chose. Je suis assez fier, en fait, d'avoir réussi à maintenir la tension et le rythme dans un livre sans beaucoup d'action physique.
Bien sûr, cela ne veut pas dire que je ne suis pas friand d'action. Lisez Fils des brumes si vous voulez voir ce que je veux dire.
Il y a ici quelques indices qui préfigurent de belles choses. Tout d'abord, il y a la scène qui nous rappelle que, pour une raison ou une autre, la famille de Kiin en sait beaucoup sur les elantriens. Nous avons eu d'autres indices, mais il y a longtemps. Ceux dont je me souviens le mieux, c'est quand Sarène était avec les jumeaux sur le mur. Kaise et Daorn avaient des choses à dire sur les elantriens qui ont surpris Sarène.
Remarquez également qu'Ahan est avec Telrii. Bien que ce soit présenté comme une décision du groupe qu'il doive aller voir Telrii, l'histoire réelle est qu'Ahan a manigancé pour obtenir cette place. C'est juste un autre petit indice sur ce qu'il a l'intention de faire.
Je pense que cette scène finale avec Sarène au lit est beaucoup plus puissante car je n'ai pas montré la conversation avec Eventéo. Le fait qu'elle commence avec une Sarène déprimée, le lien via séon disparaissant, laisse un air de mélancolie sur la scène qui est plus révélateur que le sentiment de confrontation douloureuse qui serait venu de l'explication entre Eventéo et Sarène.
Évidemment, le pauvre Eventéo n'est pas dans une position facile. Je ne voulais pas qu'il ait une réponse facile ; c'est une décision très difficile à prendre pour lui, et je ne pense pas vraiment qu'il y ait une bonne réponse évidente - même si Sarène pense qu'il y en a une. Nous verrons plus tard que Sarène ne voit pas les choses de la même manière qu'une personne qui doit réellement être un leader.
J'aurais aimé faire d'Eventéo un personnage de premier plan - il traverse beaucoup de conflits et d'ennuis dans le livre. Malheureusement, il n'y a jamais assez de place pour faire tout ce que l'on veut, et j'aime le fait que le livre soit compact avec juste des points de vue qui s'alternent.
Chapitre 48 - 31-12-2005
Nous entrons maintenant dans les chapitres les plus lourdement édités du livre. À partir d'ici, si vous êtes curieux de connaître la version du Prince Fou, consultez la section "Scènes supprimées". Pour le reste des annotations, comprenez simplement que ce que le Prince fou faisait autrefois, Telrii le fait aujourd'hui. Il y a, bien sûr, beaucoup de matériel coupé, mais tous les éléments essentiels de l'intrigue sont toujours présents.
En fait, le Prince Fou a aggravé la situation de Hrathen et lui a causé des problèmes dans les derniers chapitres. Il avait eu tellement de succès avec ses intrigues d'empoisonnement / transformation en elantrien que je savais que je devais lui donner un peu plus de challenge dans ces chapitres. Dans la première version, il avait provoqué l'arrivée du Prince Fou, puis s'était rendu compte qu'il ne pouvait pas contrôler ce qu'il avait déclenché.
Toutes ces modifications ont été difficiles. Je continue de penser que le Prince Fou a mieux joué son rôle que Telrii, mais le livre dans son ensemble fonctionne mieux sans le Prince Fou. Parfois, il faut couper quelque chose de bien pour obtenir un meilleur effet global.
Ainsi, toute la caractérisation de Telrii tout au long du roman a été orientée vers ce chapitre. Je savais que je voulais qu'il mette à mal les plans de Hrathen, et je devais donc décider de ce que Telrii pourrait faire d'aussi désastreux que l'incontrôlable Prince Fou. Lors de la réécriture, j'ai donc veillé à faire de Telrii un personnage plus imprévisible. Il n'est pas seulement dépensier, il est arrogamment dépensier. Mais en même temps, il n'est pas aussi idiot qu'on le croit. Il aime être dépensier, mais il aime aussi l'image que ce luxe donne de lui. Cela incite les autres à le sous-estimer et à penser qu'il est prévisible. Cela lui permet de faire de petits coups comme celui qu'il balance à Hrathen dans ce chapitre.
Hrathen a bien sûr raison. Telrii n'a aucune idée de l'ampleur de l'erreur qu'il vient de commettre. L'idée n'est pas que Telrii soit brillant - il est juste assez intelligent, assez rusé, pour être surprenant. Il est juste assez dangereux pour faire quelque chose d'aussi désastreux.
Chapitre 49 (1) - 04-01-2006
Ce qui m'inquiète le plus à propos de ces chapitres, c'est que les gens regardent la carte que nous avons placée en début de livre et se rendent compte qu'elle ne correspond pas au texte. J'aime beaucoup la carte de Jeff, elle est bien dessinée et elle a un côté très cool. J'adore les dessins des petites villes ; ils donnent à la carte un aspect différent de beaucoup de cartes fantastiques. Dans l'ensemble, je pense que cette carte correspond assez bien à l'ambiance du livre.
Cependant, je ne lui ai pas donné suffisamment d'instructions sur la façon de développer la carte, et maintenant elle ne correspond pas tout à fait à ce dont je parle dans le texte. Comme le paysage est très important pour le développement du livre et du système de magie, cela pourrait être un problème pour certains lecteurs.
Quoi qu'il en soit, oui, Raoden fait le lien. La ligne du gouffre est ce qui manquait depuis le début. J'ai essayé de mettre l'accent sur le gouffre à plusieurs reprises dans le texte, en rappelant qu'il existe. Cependant, comme j'ai pu le dire dans d'autres annotations (les sections spoilers), je crains maintenant que le gouffre ne soit TROP évident. Quoi qu'il en soit, je soupçonne que la découverte fonctionnera pour certains, et ne fonctionnera pas pour d'autres. J'espère que les personnages et les événements du livre sont suffisamment intéressants pour que, même si certains pensent que cette découverte est évidente, ils apprécient quand même la lecture.
Vous remarquerez que je commence ce chapitre par un bloc de narration, passant en revue ce qui s'est passé depuis notre dernière triade. Je fais cela assez souvent dans les chapitres de Raoden. Dans un livre, tout ne peut pas être "en scène", et je me retrouve parfois à insérer ces sections narratives au début des chapitres. C'est un peu une rupture de triade, mais ce n'est pas énorme. Après tout, on peut supposer que la narration vient de Raoden qui repense à des événements antérieurs.
À ce propos, je n'ai pas beaucoup parlé du point de vue dans ces annotations. Vous avez peut-être remarqué que je suis un grand fan des points de vue strictement limités à la troisième personne. Le passé à la troisième personne est devenu la norme de l'industrie au cours des quinze dernières années (avant cela, on voyait beaucoup plus de point de vue omniscient - regardez Dune, et dans une moindre mesure, La Stratégie Ender). On n'en voit presque plus de nos jours, et je pense personnellement que c'est une bonne chose. Le point de vue omniscient colle mieux pour l'intrigue à certains endroits, mais le point de vue limité est bien meilleur pour la caractérisation.
Chaque fois que vous lisez un de mes livres, vous devez vous rappeler que je suis presque toujours en "limité" strict. Quoi que vous lisiez dans le texte, c'est quelque chose qu'un personnage ressent ou a observé.
Chapitre 49 (2) - 06-01-2006
Dans ce chapitre, nous avons donc un aperçu de l'aspect "mathématique" de l'AonDor. Pour être honnête, je ne suis pas vraiment un matheux. J'avais de bons résultats en cours, mais je n'ai jamais poursuivi mes études assez longtemps pour me plonger dans la théorie. C'est pourquoi il n'y a pas de détails dans ces chapitres : j'essaie d'en donner assez pour suggérer que l'AonDor fonctionne comme des démonstrations mathématiques, mais je n'inclus pas de ratios ou d'équations spécifiques.
Mon but était de faire passer le "sentiment" de la magie sans avoir à entrer dans le calcul, ce que Raoden fait beaucoup mieux que moi. (Bien qu'il s'agisse moins de chiffres et plus d'une compréhension de la longueur, de l'emplacement et de la combinaison).
Si vous vous posez la question, la plupart des explications données dans ce chapitre sont vraies. Si Raoden était sujet aux attaques de Dor, c'est parce qu'il passait beaucoup de temps à s'entraîner avec les aons. Il a commencé à établir un pont entre ce monde et le Dor, ce qui a permis à ce dernier de pénétrer légèrement dans son âme. J'imagine qu'il n'est pas le premier à souffrir d'une telle chose au cours des dix années de chute d'Elantris. D'autres elantriens se sont probablement entraînés avec les aons, et le Dor a fini par les détruire. Quand ce fut fait, ils devinrent simplement des Hoëd.
En utilisant enfin le Dor de manière efficace, Raoden a relâché un peu de la pression, laissant s'échapper l'accumulation de Dor à proximité (celle qu'il avait lui-même créée en s'entraînant autant) le transpercer et alimenter ce seul aon.
À l'origine, je voulais que le conflit entre Raoden et le Dor se poursuive après cette scène, qu'il continue à l'attaquer. Dans une version ultérieure, cependant, j'ai réalisé que j'avais fait une erreur. Raoden a d'autres chats à fouetter dans les chapitres à venir - il n'a pas besoin des attaques du Dor pour créer du conflit et de la tension. Après ce chapitre, les attaques de Dor sont donc devenues des distractions. J'ai aussi réalisé que, de la manière dont j'avais mis en place le système de magie, ce chapitre était probablement l'endroit où le Dor devait cesser d'attaquer, puisque Raoden avait accompli ce qu'il voulait qu'il fasse.
D'ailleurs, il y a un peu de préfiguration dans ce chapitre. La capacité de Raoden à dessiner avec un bâton ou une plume pour faire ses aons est très importante, évidemment. Certaines personnes ont encore du mal à comprendre ce qui se passe au point culminant du livre, et j'ai donc constamment ressenti le besoin d'incorporer des explications et des indices là où je le pouvais pour préfigurer les événements.
Chapitre 50 - 11-01-2006
Joshua déteste vraiment que j'utilise des intrigues de ce genre.
Je ne sais pas pourquoi j'insiste pour mettre des choses comme ça (des erreurs d'identité, des gens qui se font passer pour quelqu'un d'autre, ce genre d'intrigue) dans mes livres. Je pense qu'au fond de moi, j'ai un faible pour les farces shakespeariennes de la vieille école. Les histoires sont tout simplement plus amusantes lorsque les gens peuvent faire semblant.
Quoi qu'il en soit, j'avais envie de montrer un vrai Dula depuis que j'avais commencé à écrire le livre. Galladon est un si "mauvais" Dula que j'ai été très heureux de trouver l'occasion d'intégrer Kaloo dans l'intrigue. Pendant la majeure partie du livre, vous avez entendu parler des Dulas par le biais de divers apartés. Aujourd'hui, vous en rencontrez un. Ou, du moins, quelqu'un qui prétend en être un. (Euh... J'espère ne rien dévoiler en vous disant que Kaloo est en réalité Raoden. Ce n'était pas censé être une surprise).
Quoi qu'il en soit, Raoden nous expliquera plus tard pourquoi il n'a pas tout avoué tout de suite. Mais s'il était sincère, il devrait admettre quelque chose : bien qu'il se moque parfois de Sarène parce qu'elle aime trop les jeux politiques, il les aime tout autant qu'elle. L'occasion de la rencontrer une troisième fois pour la première fois était trop tentante pour la laisser passer.
Pour que Kaloo apparaisse dans ce chapitre, Galladon et lui ont dû se déplacer. (J'imagine qu'ils ont fait leur découverte tôt le matin et que Raoden était très impatient de sortir de la ville et de découvrir ce qui se passait. Ils se sont donc déguisés, ont quitté la ville en douce et se sont rendus au marché arélois pour acheter des costumes. Ils partirent ensuite à la recherche de Roial, que Raoden voulait contacter en premier. Au lieu de ça, il trouva Sarène et compagnie en train de faire de l'escrime dans l'arrière-cour. Comme nous l'avons dit, Raoden n'a pas pu résister à l'occasion de la voir - et de tester son imitation de Dula.
D'ailleurs, vous vous souvenez peut-être que j'ai déjà mentionné les talents d'escrimeur de Raoden. Très tôt dans le livre, je précise que Raoden a demandé à Éondel de lui apprendre à se battre pour contrarier Iadon. Il est en fait étonnamment bon - Raoden, en fait, est le type de personne qui est étonnamment bon dans un nombre surprenant de choses.
Chapitre 51 - 17-01-2006
Il s'agit d'un chapitre de Hrathen d'un genre différent. Je voulais donner le ton de la dernière partie du livre. Il ne reste plus que 15 % du roman environ, et les choses vont changer pour la dernière partie. Vous avez peut-être remarqué un léger changement de ton dans ce chapitre : je l'ai rendu un peu plus sombre, en l'imprégnant d'images de mort (encens, cendres, ténèbres, Svrakiss). Je voulais faire comprendre subtilement que les choses s'assombrissaient pour Hrathen et l'Arélon.
À l'origine, cette scène se passait à l'extérieur, sur le bûcher du Prince Fou. Je préférais cette imagerie de la mort - Dilaf fouillant les cendres d'un bûcher funéraire donnait une image très intéressante. Cependant, les images de cette nouvelle version ont leurs propres avantages. J'ai pu utiliser la lanterne pour éclairer à moitié Dilaf, et les odeurs de la tente ajoutent une touche sensuelle au passage.
Cette scène se termine par une question. Espérons que le lecteur se rappelle que nous n'avons pas vu Dilaf au cours des dernières triades. Hrathen a pris le contrôle depuis qu'il a quitté Elantris, et ce que nous avons vu de Dilaf a été superficiel, pour l'essentiel.
Aujourd'hui, il est de retour. Son profil bas dans les derniers chapitres était intentionnel. J'espère que le lecteur lira les dernières lignes de ce chapitre et pensera "Oh, attendez. J'ai ignoré Dilaf ces derniers temps. Ce n'est pas une bonne chose…". En d'autres termes, je veux qu'il se sente comme Hrathen. Il s'est soudain rendu compte qu'il avait laissé un ennemi lui échapper pendant un certain temps, et maintenant il s'inquiète de ce que Dilaf a planifié.
Chapitre 52 - 23-01-2006
Dans une version ultérieure, j'ai ajouté un peu de matière à ce chapitre - en particulier, j'ai inclus plus d'explications de Raoden sur la manière dont il avait essayé de rencontrer Sarène. Je craignais de pousser les limites de la plausibilité avec le faux personnage de Raoden. L'une des principales raisons pour lesquelles il a quitté Elantris était de revoir Sarène, et cela n'avait tout simplement pas de sens qu'il essaie de continuer à la tromper. Moshe l'a aussi noté.
Donc, nous avons Sarène qui refuse les lettres de Kaloo, et qui ne veut pas le rencontrer seul. Peut-être que c'est tout aussi peu plausible - je n'imagine pas Sarène éviter quoi que ce soit qui sente la politique. Heureusement, Sarène est également bien plus impétueuse que les autres personnages “politiques” que j'ai utilisés. Je peux l'imaginer renvoyer la lettre de Kaloo à cause d'une humeur, ou simplement parce qu'elle pensait qu'il essayait de la narguer.
Quoi qu'il en soit, je devais trouver une raison de maintenir la mascarade durant ce chapitre, sinon je n'aurais pas pu réussir l'apparition dramatique de Raoden dans le prochain chapitre.
La chose la plus triste à propos de Kaloo, je pense, c'est qu'il n'est pas un vrai personnage. J'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire, et quand j'ai fini, j'aurais aimé avoir un personnage à part entière avec qui jouer. Même dans ces quelques chapitres, j'ai fait passer une complexité pour lui que je trouvais très intéressante. (Sa réplique sur le fait de jouer l'imbécile exprès, ainsi que celle "La révolution a éclaté alors que nous nous préoccupions seulement de savoir ce que l'on nous servirait à dîner" sont quelques-unes de mes préférées.)
Malheureusement, toute cette caractérisation est compromise par le fait que Kaloo est vraiment juste Raoden jouant un rôle. Je développe souvent des personnages dans mon esprit en me basant uniquement sur leur dialecte - et tout le monde a un dialecte, quoi que vous puissiez penser. Galladon est peut-être le plus évident, mais - du moins à mon avis - tout le monde dans le livre parle un peu différemment. Roial est malicieusement digne, Ahan favorise les mots impactants, Kaloo préfère les mots frivoles, et Ashé aime les mots qui le font paraître solennel. Karata est brève, Lukel aime faire des bonnes blagues, et Raoden est ferme.
C'est probablement pourquoi je me suis tant attaché à Kaloo - il avait beaucoup de dialogues, et à travers cela j'ai créé qui il était dans mon esprit. Cette tendance à caractériser à travers le dialogue est la raison pour laquelle j'ai eu tellement de mal à couper l'utilisation fréquente de “kolo” par Galladon, qui a toujours dérangé Moshe. Le dialecte de Galladon fait tellement partie de qui il est que chaque coupure me faisait grimacer.
Il peut sembler étrange que Roial invite Kaloo aux réunions après un court laps de temps. Souvenez-vous cependant de plusieurs choses. Premièrement, Sarène n'était pas en ville très longtemps avant qu'elle ne participe elle-même aux réunions. Deuxièmement, ils ont désespérément besoin d'aide et de nouvelles perspectives. Troisièmement, Kaloo a vécu avec Roial, et Roial connaissait bien Raoden. Je ne dis pas que Roial a deviné le subterfuge, mais il a sans doute senti certaines des mêmes choses chez Kaloo qu'il aimait chez Raoden.
Chapitre 53 (1) - 28-01-2006
Je déclare ce chapitre comme étant le point de départ officiel de l'Avalanche de Brandon ! Que les réjouissances commencent !
Plus sérieusement, je reviendrai dans un instant sur les événements majeurs de ce chapitre. D'abord, parlons de quelques petites annotations. J'aime bien le fait que Lukel n'aime pas Kaloo, cela semble être une caractérisation parfaite pour les deux. Je note cependant que Lukel a de bien meilleures répliques que Kaloo dans ce chapitre. Sa phrase sur le fait qu'Ahan tombe malade par pure loi de probabilité me fait rire à chaque fois que je la lis. Kaloo, quant à lui, passe son temps à essayer d'être honorable et sincère. Raoden est un bon héros, mais il est parfois terriblement ennuyeux. C'est peut-être pour cela qu'il s'est jeté dans le personnage de Kaloo avec autant d'enthousiasme.
En parlant du sens de l'honneur et de la vérité de Raoden, j'aimerais noter quelque chose à propos de l'assassinat et du meurtre dans ce livre. Comme je l'ai indiqué dans des annotations précédentes, je voulais que le conflit dans ce livre soit axé sur la non-violence. Les personnages de ce livre représentent donc une philosophie plus mûre concernant les problèmes sociaux - une philosophie qui ne peut exister que chez un peuple qui a passé une grande partie de sa vie à ne pas avoir à faire face à la mort et à la guerre. Un peuple qui a une bonne raison de voir les choses plus comme les gens d'une culture contemporaine.
Comme mon ami Alan aime à le dire, "la violence n'est peut-être pas toujours la meilleure réponse, mais c'est généralement UNE réponse". Les conflits et les commentaires sociaux devraient être basés sur les personnages et leurs croyances, plutôt que sur l'expression forcée du message de l'auteur. Cela ne signifie pas que je ne laisse pas mes opinions personnelles influencer mes écrits - je pense qu'un tel niveau d'effacement serait impossible. Cependant, je pense que les thèmes exprimés dans un livre doivent refléter les personnages.
J'aime le fait d'avoir pu écrire un roman dans lequel les personnages sont arrivés à la conclusion qu'ils préféraient trouver un moyen d'arrêter leurs adversaires sans avoir recours à des assassins. Je pense que c'est une façon noble de voir le monde. Cependant, le réaliste en moi dit que la plupart des gens - et la plupart des situations - ne seront pas aussi ouverts à ce genre de décision. Le fait qu'après avoir travaillé si longtemps sur ELANTRIS, j'ai rapidement donné à mon héroïne suivante (celle de Fils des brumes) rôle d'assassin n'est pas anodin. Dans son monde, la vie est beaucoup plus brutale et ce genre de problèmes philosophiques n'est pas aussi difficile à traiter. Là, il y a trop d'enjeux pour les protagonistes pour qu'ils s'inquiètent de leurs méthodes. Je pense qu'ils sont toujours de bonnes personnes. Ils ont juste une philosophie un peu différente.
Chapitre 53 (2) - 31-01-2006
Oui, Ahan est un traître. En construisant ce livre, je savais que je voulais que l'un des personnages trahisse les autres. Je savais aussi que je ne voulais pas que ce soit le plus évident du groupe. Ça m'a posé un problème. Je devais créer un personnage que personne ne soupçonnerait d'être un traître, tout en rendant crédible le fait qu'il devienne un traître.
La première chose que j'ai faite a été d'introduire Edan pour faire diversion. Il a parfaitement fonctionné - pratiquement tous mes lecteurs alpha ont mentionné qu'ils pensaient avec certitude qu'il deviendrait un traître. J'ai fait fuir Edan très tôt parce que je voulais donner aux lecteurs un sentiment de sécurité, en leur faisant croire que leur "traître" avait déjà disparu. Je ne voulais pas non plus introduire la trahison d'Ahan alors qu'Edan était toujours là - je pense que ça aurait rendu le but d'Edan trop évident pour ceux qui auraient pu voir les deux contrastes de cette façon.
Ensuite, j'ai commencé à préfigurer le fait qu'Ahan agit et parle sans réfléchir à ses actes. Je le mentionne à plusieurs endroits, notamment lors de la fête de l'éclipse. J'ai rendu son personnage un peu indifférent, très fanfaron, et j'ai essayé d'indiquer qu'il ne voyait pas vraiment la trahison dans laquelle il s'engageait comme étant aussi dangereuse qu'elle l'était en réalité.
Finalement, j'ai commencé à le faire agir de façon suspecte. Vous pouvez consulter les annotations en spoilers si vous voulez savoir où je l'ai fait agir de la sorte. En gros, il agissait bizarrement lorsque Telrii était mentionnée, et c'est lui qui est allé rendre visite à Telrii lorsque le groupe voulait qu'un de ses membres s'entende bien avec l'ennemi.
Ce sont de petites choses, j'en suis conscient. Cependant, je pense qu'elles fonctionnent assez bien. Je voulais faire passer un sentiment de choc et de surprise face à la trahison. Je déteste toujours que les traîtres soient des hommes huileux aux yeux sournois. Je ne pense pas que les gens fassent confiance à ce genre d'hommes.
Quoi qu'il en soit, je pense que l'autre chose qui me permet de m'en sortir avec la trahison d'Ahan, c'est qu'il ne change pas complètement de personnage avec la trahison. Il n'est pas une personne différente - il ne devient pas soudainement un "méchant", comme cela arrive dans certaines histoires. (Ahan n'a tout simplement pas assez réfléchi à ce qu'il faisait - il a pris ses actes trop à la légère.
Chapitre 54 - 14-02-2006
Pauvre Hrathen. Il a pas mal été secoué dernièrement - il a du mal à faire face aux événements avant que de nouveaux ne requièrent son attention. De plus, la plupart des scènes du Prince Fou se déroulaient dans ses chapitres. Cela signifie que lors de la révision, il a perdu le plus grand nombre de pages. Donc ses passages sont devenus encore plus courts qu'ils ne l'étaient.
Cependant, les choses ont de nouveau changé de manière évidente pour lui. Le changement de garde est l'un de mes moments préférés dans le livre. J'aime la prise de conscience soudaine de Hrathen, sans parler de la façon dont ça introduit le chaos de la scène.
A l'origine, cette scène de combat se déroulait dans la tente du Prince Fou. J'ai dû tordre un peu la scène pour conserver les flammes tombant du plafond - j'aimais vraiment cette image. Et je m'excuse d'avoir réellement utilisé les mots “Le temps s'arrêtait”. Cette mécanique est un peu trop utilisée en fiction, je l'admets. Cependant, c'est l'un de mes premiers livres, alors vous me pardonnerez, n'est-ce pas ?
Et le compte des morts augmente. (Ha ha. L'un d'entre eux EST un comte.)
Je ne tue pas pour faire sensation. Je ne pense pas que ce soit une bonne raison pour faire quoi que ce soit. Je tue des personnages à cause des conséquences de l'intrigue. Éondel, malheureusement, était condamné dès l'instant où il a décidé de se venger de Telrii. Il n'avait pas assez d'hommes pour entrer et sortir de la chambre du roi.
Cependant, en se basant sur son personnage, c'est une réaction qui me semble légitime pour Éondel. Il était honnête, franc, et il respectait beaucoup Roial. Il savait que Raoden ne cautionnerait jamais une attaque comme celle-ci, mais il pensait aussi que ce serait mieux pour le pays s'il tuait Telrii. Donc, il est allé et a exécuté son "assassinat". C'est censé être un peu ironique, compte tenu des événements et des décisions du dernier chapitre.
Chapitre 55 - 14-02-2006
L'une des choses à retenir de ce chapitre est que Raoden n'a plus besoin de son livre d'équations pour dessiner son illusion de visage. Il s'est entraîné et s'est amélioré. C'est une allusion subtile, mais j'ai décidé de l'ajouter.
Je ne sais pas si, en tant que lecteur, vous avez imaginé Sarène avec des cheveux courts depuis son départ d'Elantris, mais ce chapitre y remédie. L'héroïne a retrouvé ses cheveux - tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Les aons sont un élément intéressant de ce livre, peut-être mon préféré parmi les éléments de ce monde. Si vous réfléchissez au système que j'ai mis en place, vous comprendrez certaines choses. Tout d'abord, les aons doivent être plus anciens que la langue aonique. Ils sont basés directement sur le territoire. Les lignes qui composent les caractères ne sont donc pas arbitraires. Peut-être que les sons qui leur sont associés le sont, mais les significations - au moins en partie - sont inhérentes. La scène où Raoden explique que l'aon pour "Bois" inclut des cercles correspondant aux forêts du pays d'Arélon indique qu'il existe une relation entre les aons et leurs significations. En outre, chaque aon produit un effet magique, qui aurait influencé sa signification.
Le deuxième fait intéressant concernant les aons est que seuls les elantriens peuvent les dessiner. Et les elantriens doivent venir des terres proches d'Arélon. Les Téois peuvent être pris, mais seulement s'ils se trouvent en Arelon à ce moment-là. Génétiquement, les Téois et les Arélois doivent donc être liés - et les preuves semblent indiquer que les Arélois ont vécu sur ces terres en premier, et que les Téois ont traversé la mer pour coloniser leur péninsule.
Seuls les elantriens peuvent dessiner des aons dans l'air, donc quelqu'un qui a été affecté par le Shaod a dû développer le système d'écriture. C'est en partie ce qui fait de l'écriture un art noble en Arélon - dessiner les aons aurait été associé aux elantriens. Très probablement, les premiers elantriens (qui n'avaient probablement même pas Elantris à l'époque) auraient dû apprendre les aons par essais et erreurs, en découvrant ce que chaque aon faisait, et en associant sa signification et sa sonorité à son effet. Le langage ne s'est pas développé, il a été "découvert".
Il y a probablement des aons qui n'ont pas encore été découverts.
J'ai fait en sorte d'ajouter de nombreuses références au marché d'Arélon. Vous en trouverez une autre dans ce chapitre. Il est évident que le marché lui-même est important. Puisque les Dakhor vont sortir des tentes, les lecteurs doivent comprendre qu'ils sont là.
Synthèse de la partie 2 - 21-02-2006
Les choses bougent pas mal, maintenant. Je vous avais dit que le livre accélérerait à l'approche de la fin.
Il y a eu de très bons moments dans cette partie. J'aime la façon dont le retrait du Prince Fou du livre a rationalisé le rythme, et je pense qu'il pousse assez bien vers la partie finale. Il se passe beaucoup de choses maintenant, alors j'espère qu'il vous sera difficile d'arriver à ces annotations - je veux que vous continuiez à lire le livre ! Vous pouvez toujours le relire une deuxième fois et consulter les annotations à ce moment-là.
J'ai travaillé pendant un certain temps sur la dernière ligne de la deuxième partie. À l'origine, Hrathen s'est dit : "Ce n'est pas bon." Mais Moshe n'était pas d'accord avec cette ligne. Tout d'abord, il l'a trouvée trop drôle. Il voulait quelque chose de plus sérieux. Deuxièmement, il ne pensait pas que ces événements étaient vraiment mauvais pour Hrathen. Telrii, un homme qui avait donné du fil à retordre à Hrathen, et Éondel, l'un de ses principaux ennemis, venaient de s'entretuer. De plus, Roial, le principal rival pour le trône, est mort. En somme, beaucoup de gens ennuyeux sont morts.
Moshe n'a pas tort, mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Je pense que Hrathen verrait la mort de Telrii comme un investissement inutile. Il espérait toujours contrôler l'homme, et le fait que Telrii soit sur le trône et aimable avec Hrathen aurait été un bien meilleur résultat, car cela aurait permis à Hrathen de paraître moins impuissant face au Wyrn.
Cependant, j'ai continué et j'ai changé la ligne. Elle se lit désormais comme suit : "Tout ça pour éviter un bain de sang". Cela permet de faire passer le même sentiment de tristesse qu'auparavant, sans être aussi désinvolte.
Par ailleurs, "L'Appel d'Elantris" - le nom de la deuxième partie - est probablement le plus faible de mes trois sous-titres. J'aimais beaucoup "Ombre" et "Esprit", et je savais que je devais utiliser quelque chose de parallèle. J'ai nommé celui-ci " Appel " en raison de la façon dont Hrathen et Sarène finissent tous deux par être jetés dans la ville, puis par utiliser cet événement à leur avantage. Raoden fait également face à l'appel du Dor en lui dans cette partie, et surmonte ce conflit.
Pour l'essentiel, tout est résolu dans cette section, à l'exception des grandes questions. Qui deviendra roi ? L'Arélon sera-t-il envahi ? Peut-on faire quelque chose pour sauver les elantriens ?
Il ne vous reste plus qu'à lire la suite, n'est-ce pas ?
Chapitre 56 - 06-03-2006
Ce chapitre commence par une scène intéressante. Il commence déjà à y avoir un peu de tension entre Sarène et Raoden. Rien de bien grave, bien sûr, mais ça me semble réaliste. Les gens ne sont pas toujours d'accord. Aimer quelqu'un ne change rien au fait que vous pensez parfois que ce qu'il fait est tout simplement stupide. En revanche, ça a tendance à modifier vos réactions. Ainsi, Sarène reconnaît que Raoden agit comme un roi et non comme un ami, et laisse tomber l'affaire.
Cela met en évidence une différence entre eux deux que j'ai déjà soulignée. Sarène n'a pas été élevé pour gouverner, contrairement à Raoden. Cette vie de préparation a changé la façon dont Raoden voit les choses ; elle l'a amené à considérer chaque chose à la lumière des effets qu'elle a sur son peuple. En fait, il n'y a pas de "Raoden l'homme" distinct de "Raoden le dirigeant". Ils sont étroitement liés.
Kiin ne reçoit pas d'ordres. C'est un autre trait de caractère intéressant, mais il ne faut pas s'en étonner. La personnalité de Kiin a toujours indiqué le peu de cas qu'il fait des titres et de l'autorité des autres.
Ce chapitre est marqué par l'un des plus grands changements apportés au texte au cours du processus de révision. Dans la version “Prince Fou” du roman, les soldats qui se rendent à la maison de Kiin sont des membres de l'armée du Prince Fou. Ils ont arrêté Raoden - qui s'est rendu de son plein gré - et l'ont jugé pour la mort de leur chef. Ca a pris la majeure partie de deux chapitres et s'est terminé par la décapitation de Raoden.
Dans l'ensemble, j'étais assez content de perdre cette scène. Le procès était une grosse distraction, et je n'étais pas sûr d'avoir réussi à le faire fonctionner d'un point de vue narratif. Il y a eu quelques moments de tension intéressants, et cela permettait à Raoden de montrer son sens de l'honneur lors de sa défense (il a accepté les jugements de l'armée en supposant qu'ils promettaient de faire de Sarène une reine). Cependant, j'ai l'impression que la scène en général a été trop réécrite.
Oui, le fait que Dilaf manipule le Dor est censé être un grand "Qu'est ce que… ?" dans ce livre. Je suis désolée, je ne vous ai pas vraiment donné d'indices sur ce point. Il n'y avait pas vraiment d'occasion ; ce n'est pas le genre de chose que Dilaf utiliserait très souvent, de peur de trahir ses secrets.
Je pense que ça fonctionne quand même, puisque cette scène est en fait censée être une préfiguration. Vous en saurez évidemment plus sur Dilaf dans le prochain chapitre.
Si nous partagions le point de vue de Sarène, nous la verrions probablement en train de penser à la fois où cette même chose lui est arrivée - lors de son mariage.
Son discours soulève à mon sens de bonnes questions. Je pense que les habitants de la ville ont tellement souffert ces derniers temps qu'ils sont prêts à accepter n'importe quoi. La combinaison d'un discours émouvant et d'une foule sans réaction est ce qui leur a permis de s'en tirer en faisant de Raoden un roi. Honnêtement, il y a eu tellement de gens qui sont entrés et sortis d'Elantris ces derniers temps que je soupçonne que les habitants de la ville commencent à ne plus trop être effrayés. Ils savent que le Shaod n'est pas contagieux et que de nombreux elantriens ne sont pas dangereux. Ils verraient l'illusion tomber et feraient enfin le lien entre Raoden et Esprit, l'elantrien qui les a aidés à distribuer de la nourriture.
Cette fois-ci, l'espoir l'emporte sur la peur.
Chapitre 57 - 10-03-2006
Comme je l'ai déjà dit, je ne voulais pas que l'affection de Hrathen pour Sarène apparaisse ouvertement dans le livre. Ce n'est pas un homme de passion, et je pense qu'il serait très doué pour garder son intérêt inavoué, même dans ses propres pensées. Il a "appris à ignorer" les passions de la chair. Nous n'avons que quelques petits indices de son attirance pour Sarène, et ce chapitre en contient probablement le plus grand nombre.
Cependant, même s'ils sont cachés, je voulais qu'il soit évident que Hrathen est un homme et qu'il a des désirs masculins. Il a trouvé une femme qu'il considère comme son égale - le fait qu'elle soit d'une religion hérétique ne fait que la rendre plus attirante, je pense. Hrathen est attiré par les défis, et Sarène n'est rien d'autre qu'un défi.
J'utilise ce chapitre comme un chapitre de triade stricte - il couvre le même espace de temps que les deux autres chapitres. Avec Sarène et Raoden qui sont ensemble maintenant, le système de la triade passait un peu plus inaperçu. Bien que je commence toujours chaque chapitre avec le bon personnage, je laisse souvent les points de vue s'entremêler par la suite.
Encore une fois, c'est intentionnel. Après ce dernier chapitre de Hrathen, j'ai complètement brisé le système de triade. C'est censé être une indication subtile du chaos de ces derniers chapitres. Je vais même commencer à introduire des points de vue qui ne sont pas ceux des trois personnages principaux, ce qui, je l'espère, donnera au lecteur l'impression que quelque chose de différent se passe. Le monde, et même la structure narrative du livre, se désagrègent. Les anciennes règles ne tiennent plus.
Ah, et la bombe à retardement de trois mois de Hrathen. C'est toujours agréable d'avoir une bombe à retardement qui se déclenche plus tôt. Dans ce même chapitre, Hrathen se dit qu'il lui reste un mois avant la fin de son délai. Cependant, je pense que les lecteurs regarderont le livre et se rendront compte qu'il reste moins d'une centaine de pages. J'espère qu'avec ces chapitres - Raoden couronné roi, Hrathen apparemment battu - je suscite un sentiment de confusion chez le lecteur. Il s'attendra à quelque chose de grand, quelque chose qu'il n'attendait pas.
C'est l'arrivée des moines de Dakhor. Vous aurez plus d'explications à ce sujet plus tard, bien sûr. Quoi qu'il en soit, vous savez maintenant pourquoi je n'ai cessé de parler du marché d'Arélon et de son manque de rentabilité. Les marchands qui s'y trouvaient n'étaient même pas vraiment des marchands.
Dans la première version, les moines se cachaient sur les bateaux des marchands. Cependant, lors d'une réécriture ultérieure, j'ai réalisé que ce n'était pas aussi puissant que si je les faisais jouer le rôle des marchands. Si je les avais fait monter sur les bateaux, il aurait fallu que Hrathen suive Dilaf jusqu'aux docks. De plus, ces moines auraient dû passer des semaines enfermés dans les cales d'un tas de navires marchands. J'ai donc modifié l'histoire pour que les moines se fassent passer pour les marchands eux-mêmes - un meilleur plan, je pense, de leur part. Cela leur permet de s'infiltrer dans la ville, de se déplacer et de repérer les lieux, et de se cacher à la vue de tous.
Quoi qu'il en soit, je vous ai mis en garde contre l'avalanche tout à l'heure. Eh bien, les choses sont sur le point de devenir encore plus folles…
Chapitre 58 (1) - 13-03-2006
Au moins, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas mis en garde contre l'Avalanche.
D'accord, je suis prude. Je l'admets. J'aime que mes personnages soient mariés avant de faire l'amour. D'ailleurs, Sarène a raison, elle mérite un mariage. Elle attend depuis le deuxième chapitre d'avoir son grand mariage de princesse. Elle mérite quelque chose d'officiel. Raoden et Sarène passent donc cette nuit séparément. En plus d'apaiser mon sens moral de la décence, cela fonctionne beaucoup mieux pour l'intrigue qu'ils soient séparés.
Remarquez ici que Raoden se réveille de la même façon qu'il l'a fait dans le premier chapitre. Je voulais en quelque sorte que ce chapitre rappelle celui-là. Les deux chapitres s'ouvrent sur un léger sentiment de paix, suivi d'une terrible découverte. Ils se terminent tous deux par la descente aux enfers de Raoden.
Ma seule tristesse concernant les Dakhor est que j'ai dû attendre si longtemps pour les révéler. Je pense que visuellement, ils sont très intéressants. Le concept d'un groupe dont les os ont été tordus et déformés par de puissants pouvoirs magiques fait naître des images intéressantes.
Les Dakhor ne sont pas vraiment déformés, cependant - ils ont toujours toutes les pièces au bon endroit. Leurs os ont simplement été… changés. Ils ont été dilatés par endroits, simplement tordus pour former des motifs à d'autres endroits. Pour cette raison, bien sûr, ils doivent courir torse nu. C'est plus dramatique ainsi. Et puis, on a dépensé tout cet argent pour les effets spéciaux, autant les montrer.
De tous les éléments du livre, c'est celui qui inquiète le plus de par son apparition soudaine. J'ai vraiment essayé de l'anticiper du mieux que j'ai pu. Si c'est encore trop soudain pour vous, je m'en excuse. Je vous suggère de vous asseoir et d'apprécier le voyage.
Chapitre 58 (2) - 17-03-2006
Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais il y avait une petite confusion dans un chapitre précédent de Raoden au sujet de qui Sarène utilisait pour acheminer le ravitaillement à Elantris. Ils arrivaient et repartaient toujours la nuit et ne voulaient personne pour les accueillir. Je sais que nous n'avons pas vu les mendiants très souvent, mais j'ai pensé les utiliser à nouveau dans cette section. Il était logique que ce soit eux que Sarène utilise, en supposant qu'elle les connaisse. Je dirais qu'Ashé les a trouvés lors d'une de ses excursions de collecte d'informations.
Dans les premières ébauches du livre, j'ai fait ressentir à Sarène un sentiment d'inquiétude au début de son chapitre. Je me suis dit que nous venions de voir les Dakhor attaquer Raoden, que le lecteur allait ressentir une certaine tension, et j'ai donc pensé qu'il serait bon de la maintenir dans la scène de Sarène.
Il y en a encore un peu, mais j'ai coupé la plus grande partie sur la recommandation de Moshe. Il pensait que le fait que Sarène ressente un sentiment d'étrangeté contre nature à propos de cette nuit particulière était trop mélodramatique, et impliquait une sorte de lien psychique. Personnellement, je pense qu'il n'y a rien de psychique là-dedans - c'est juste une convention générale de narration qui veut que les personnages puissent sentir quand quelque chose ne va pas.
Quoi qu'il en soit, je pense que le ton plus modéré de cette première partie a ses propres avantages. En faisant en sorte que Sarène ignore complètement, même inconsciemment, ce qui se prépare, je pense que je crée un sentiment de tension. Le lecteur sait que le danger approche.
C'est donc ici que le livre devient un peu violent. Vous pouvez lire certaines de mes annotations précédentes sur le sujet. J'étais un peu inquiet à l'idée de mettre de la violence brute dans ce livre, puisqu'il était généralement centré sur la politique et d'autres méthodes plus subtiles pour créer de la tension. Cependant, j'ai décidé d'opter pour le contraste. Jusqu'à présent, presque tout dans le livre a été étonnamment paisible. Nous n'avons même pas vu les hommes de Shaor tuer beaucoup de gens.
Maintenant, les choses tournent très mal. Un fléau auquel personne ne s'attendait s'est abattu sur la ville, et il est contrôlé par une créature démente et haineuse. Je ne vois pas comment nous pourrions éviter que ces scènes soient particulièrement sombres. Mais je pense qu'il y a aussi un élément de réalisme. C'est ce qui se passe quand toute la politique et les manœuvres s'effondrent.
Chapitre 58 (3) - 20-03-2006
Le passé de Kiin
Alors vous direz que je suis mélodramatique, mais je pense que la surprise de Kiin est l'une de mes préférées dans le roman. Je l'ai anticipée depuis presque le début. Et bien qu'elle ne soit pas un élément majeur de l'intrigue, elle explique soudainement beaucoup de choses sur le caractère de Kiin.
Donc, au cas où vous ne l'auriez pas déduit du texte, Kiin est le frère aîné d'Eventéo (le père de Sarène). Il aurait dû hériter du trône, mais il a gaspillé sa jeunesse en voyages et explorations pour son plaisir, visitant des ports étrangers tandis que son petit frère restait en arrière et aidait à gouverner le royaume. (Leur père étant malade, Eventéo devait souvent tenir la cour à sa place et s'occuper des autres tâches du roi).
Une crise mineure survint en même temps que la mort de leur père, et Eventéo, jugeant son frère indigne du trône, prit le rôle de roi et fut couronné sans que Kiin s'en aperçoive. Eventéo s'occupa des problèmes de l'État et fut globalement un bon roi. Cependant, lorsque Kiin revint de son dernier voyage, il fut furieux de constater qu'on lui avait volé sa couronne. Il exigea qu'on la lui rende ; Eventéo refusa et fit bannir Kiin.
Kiin était cependant populaire auprès des militaires, en raison de la figure héroïque qu'il incarnait. Il était le marin aventurier, tandis qu'Eventéo était un bureaucrate érudit. Au cours des années qui suivirent, Kiin réussit à rassembler une force navale composée de pirates, de déserteurs des armées d'Eventéo et de mercenaires. C'est à cette époque qu'il faillit mourir de l'accident qui lui écrasa la gorge. Il prit le nom de "Dréok", d'après l’aon Réo, et navigua contre Téod, essayant de prendre le trône par la force.
Eventéo l'emporta (de justesse) et Kiin s'en tira (de justesse). Il se rendit en Arélon pour se ressourcer et planifier sa prochaine invasion. Cependant, il tomba amoureux de Daora et commença lentement à perdre son tranchant. Une dizaine d'années plus tard, nous avons Kiin le cuisinier et homme au foyer.
Je pense qu'il s'agit d'une histoire intéressante en raison des questions qu'elle soulève. Eventéo a fait quelque chose qui était peut-être juste pour son pays, mais quelque chose qui n'était pas correct d'un point de vue légal. Toutes les excuses mises à part, il a usurpé le trône. Kiin n'aurait pas fait un bon roi - il n'avait pas l'habitude d'administrer, et c'était un jeune homme brusque et impétueux. Cependant, le trône aurait dû lui revenir.
Les moments comme celui-ci, où les secrets, les préfigurations et les allusions s'emboîtent, sont l'une des plus grandes joies de l'écriture. Nous en avons d'autres dans le livre. J'ai quand même un peu exagéré par endroits. Nous en reparlerons plus tard.
Toréna
Donc… Dans la version originale, Toréna est la nouvelle espionne d'Eventéo en Arélon. Vous souvenez-vous de la conversation que Sarène et Eventéo ont eue il y a quelques temps ? Celle où il lui a dit qu'il avait un nouvel espion en Arélon, et où il a refusé de dire à Sarène de qui il s'agissait ? Eh bien, oui. Toréna.
Lorsque j'ai écrit ce livre, je suis allée un peu trop loin avec les passés cachés et les découvertes étonnantes. J'avais fait en sorte que Toréna soit celle venue sauver Sarène du moine Dakhor. (Elle est arrivée dans un deuxième chariot, je crois.) Cependant, les Dakhor les ont rattrapés à nouveau, et soudain Kiin est apparu pour les sauver.
Cette scène était horrible. Ce n'est pas que les passages étaient mauvais. C'est juste que c'était trop répétitif. D'abord, on apprend que Toréna a un passé secret et qu'elle est venue sauver Sarène. Ensuite, on découvre que Kiin a un passé secret et qu'il est venu sauver Sarène. Cela ne fonctionnait tout simplement pas - et la surprise de Toréna, qui n'était que légèrement préfigurée, a gâché la surprise de Kiin, qui était bien meilleure.
J'ai donc supprimé les parties consacrées à Toréna, et j'en suis très satisfait. Mes premiers lecteurs alpha ont dit que la pire partie du livre était la façon dont toutes les surprises de la fin interféraient les unes avec les autres. Avec le recul, certaines des choses que j'ai faites sont embarrassantes. J'ajoutais des surprises juste pour le plaisir d'en avoir. C'est toujours une mauvaise idée - les surprises doivent faire partie intégrante de l'intrigue et des personnages, comme tout le reste. Nous voulons en savoir plus sur Kiin parce que nous l'aimons bien et qu'il nous intéresse. Nous ne nous intéressons pas vraiment à Toréna.
(Pour ma défense, je voulais à l'origine que Toréna soit une amie féminine de Sarène, une sorte de second side-kick. Cependant, il y avait déjà trop de gens qui fréquentaient Sarène, et je ne pouvais pas intégrer Toréna sans compliquer encore plus les choses).
Chapitre 59 (1) - 28-03-2006
Je crois avoir remarqué que mes points de vue ont tendance à s'accélérer à mesure que j'approche de la fin des livres. ELANTRIS en est un parfait exemple. Nous sautons d'un point de vue à l'autre comme des Body-Snatchers fous. Au risque de paraître redondant, je l'ai fait pour augmenter le rythme et la tension. La rotation rapide des points de vue donne un aspect cinématographique à l'histoire, à mon avis, un peu comme les caméras qui changent d'angle. Cela permet d'accélérer le rythme et de garder le lecteur en haleine.
Il convient de noter que l'écriture et la réalisation de films sont deux arts totalement différents. Ce qui fonctionne dans l'un ne fonctionne pas dans l'autre - les séquences d'action, par exemple, doivent être écrites de manière totalement différente dans un roman et à l'écran. Cependant, les deux formes de narration tentent d'évoquer des sentiments similaires chez leur public. On ne peut donc pas faire les mêmes choses dans l'écriture et dans le cinéma, mais on peut obtenir un effet similaire en utilisant des outils différents. Ici, j'utilise des changements de point de vue, ce qu'un cinéaste ne peut pas vraiment faire sans une voix off à la première personne. Le point de vue est, à mon avis, l'un des principaux outils uniques dont nous disposons en tant qu'écrivains. C'est pourquoi je pense qu'il est important de le comprendre et de le manipuler.
Si vous êtes attentif à ce genre de choses, nous avons en fait deux rotations complètes de triades de points de vue dans ce chapitre. Encore une fois, c'est pour augmenter le sentiment d'urgence et le rythme.
Oh, et oui, les elantriens peuvent devenir inconscients. Ils peuvent s'endormir, après tout. Le cerveau elantrien est le seul organe qui continue à fonctionner de manière très similaire à ce qu'il était avant le Shaod. Ainsi, un traumatisme important peut lui faire perdre connaissance. L'elantrien ne restera pas inconscient éternellement, mais lorsqu'il se réveillera, les dommages physiques seront là. C'est pourquoi Raoden perd son sens de l'équilibre et tout devient flou.
Chapitre 59 (2) - 03-04-2006
Kiin se montre un peu trop confiant en laissant les deux hommes prendre le dessus. Cependant, il ne connaît pas la puissance des Dakhor. Il suppose que son toit est inatteignable.
De plus, il se rend compte de la difficulté de la situation dans laquelle il se trouve. Dilaf a une armée - la maison fortifiée de Kiin, aussi bien fortifiée soit-elle, ne peut pas se défendre longtemps contre eux. Il doit faire quelque chose et pense que les négociations lui offriront peut-être un moyen. Il tente donc sa chance.
Oups.
Le conditionnement de Hrathen se manifeste ici. Nous l'avons toujours vu comme le chef du coin, mais il a passé de nombreuses années en tant que prêtre de rang inférieur sous d'autres chefs. Dans la religion déréthie, vous faites ce que vous disent vos supérieurs. Dès qu'il est établi que c'est Dilaf qui commande, l'entraînement de Hrathen le force à devenir un suiveur.
"J'ai échoué, mon amour…"
Pauvre Sarène. Ses mariages ne marchent jamais. Honnêtement, je pense que c'est l'une des parties les plus traumatisantes que j'aie jamais écrites. (Traumatique pour les personnages, bien sûr. Comme la plupart des écrivains, je suis masochiste dans l'âme et j'aime faire se tordre de douleur mes personnages et mes lecteurs). Les choses ne se présentent pas très bien. Peut-être qu'elles s'amélioreront dans le prochain chapitre.
Chapitre 60 (1) - 03-04-2006
Forme
À partir de maintenant, les chapitres s'allongent. C'est intéressant d'essayer de travailler sur le rythme. Je pense que le changement de point de vue permet d'obtenir le sentiment de drame que je souhaite, et coupler ça avec beaucoup de nouveaux chapitres serait répétitif. J'ai donc attendu les moments les plus dramatiques possibles pour terminer les chapitres. Je pense que cette fin en fait partie.
Le système de la triade s'effondre complètement ici. Tout s'écroule, et nous avons des points de vue sauvages venant de partout. (Enfin, pas exactement, nous n'ajoutons que Galladon et Lukel. Cependant, je pense qu'après cinquante-neuf chapitres avec seulement trois points de vue, le fait d'en ajouter soudainement deux autres sera suffisamment déstabilisant pour produire l'effet que je souhaite).
Si j'ajoute les points de vue, c'est en partie pour montrer la décomposition de la forme du livre. Cependant, une autre raison - peut-être plus importante - est que je peux montrer ce qui se passe dans des endroits qui n'impliquent pas l'un des trois points de vue. Raoden est dans son petit monde de douleur, Sarène et Hrathen sont allés à Téod. Si je veux montrer ce qui se passe en Arélon, j'ai besoin de nouveaux points de vue.
Galladon
J'apprécie d'avoir enfin l'occasion de caractériser intérieurement Galladon. J'ai l'impression qu'on ne peut jamais vraiment connaître un personnage tant qu'on ne voit pas ses pensées. J'ai donc donné une petite série de points de vue à Galladon, en partie pour montrer ce qui arrivait au corps de Raoden, et en partie pour pouvoir faire une introspection de dernière minute et philosopher sur ce qui se passe dans les chapitres.
Le monologue de l'espoir de Galladon dans ce chapitre est probablement la partie la plus puissante et la plus intéressante du livre. Cette partie est censée imiter ce que le lecteur ressent : les choses vont terriblement mal, mais Raoden a toujours réussi à faire un miracle. Il a peut-être l'air mal en point, mais il peut encore les sauver. N'est-ce pas ?
Je pense que Galladon est plus pessimiste - naturellement - que le lecteur ne le sera. Cependant, il soulève de bonnes questions, et son discours sur l'espoir - comment le cadeau de Raoden pour lui est l'incapacité d'abandonner complètement - est une dernière démonstration du pouvoir de la personnalité de Raoden dans ce livre. La chose la plus étonnante que Raoden ait faite dans ce livre - une tâche plus difficile à surmonter que les gangs, plus gratifiante que de s'emparer du trône d'Arélon - est peut-être de faire d'un homme comme Galladon un croyant. Un homme qui avait abandonné tout espoir, mais qui continue à croire, même si tout est perdu.
Chapitre 60 (2) - 10-04-2006
Lukel
Lukel n'est pas aussi intéressant que Galladon, mais j'ai tout de même aimé lui donner un point de vue. Il a la personnalité parfaite pour montrer ce que je voulais dans ces chapitres. Ce n'est pas un guerrier comme Kiin, ni un roi comme Raoden. C'est juste une personne ordinaire prise dans un cauchemar.
Je voulais traiter un peu de la mentalité des prisonniers dans cette scène. Les gens acceptent que des choses terribles leur soient faites dans des situations comme celle-ci. C'est en partie parce qu'ils ont plus peur de ce qui pourrait arriver que de ce qui arrive. Dans ce cas, l'espoir s'avère leur ennemi. Les Dakhor cessent de tuer les gens et commencent à les rassembler. La raison en est simple : après avoir vu et entendu des choses aussi terribles, les gens s'enfuient et se battent. Cependant, si les Dakhor reculent, les gens peuvent espérer que le pire est passé. C'est pour cette raison qu'ils se sont laissés rassembler à Elantris.
Il peut sembler commode que les soldats attendent pour tuer les gens, mais je pense que c'est logique. Vous voulez rassembler tout le monde dans un endroit clos, où ils seront piégés, avant de commencer votre massacre pour de bon. De cette façon, vous pouvez être sûr qu'il n'y a pas de fuyards. La seule erreur que j'ai commise est celle de Kiin. Un Dakhor aurait probablement dû le tuer. Mais j'ai déjà eu assez de cadavres dans ce livre. Tuer Kiin sans raison me semblait excessif. (Certains lecteurs sont déjà en rébellion contre les personnes que j'ai tuées - ou plutôt que je vais tuer sous peu…)
Quoi qu'il en soit, j'ai surmonté une partie de ce problème en ajoutant la ligne des "rites de purification". Cela laisse entendre qu'il y a une sorte de rituel à accomplir avant de pouvoir tuer les gens, et explique donc pourquoi les Dakhor ne les massacrent pas immédiatement. (Une autre explication de la raison pour laquelle le massacre commence est mentionnée par Lukel. La plupart des déréthis restés en Arélon sont des moines-soldats ordinaires, pas des Dakhor. Ils n'ont pas le même… zèle pour la destruction que les Dakhor.
Le passé de Dilaf
J'espère que les explications de Dilaf sur son passé seront suffisamment effrayantes. J'espère aussi qu'elles donneront quelques explications. C'est un homme qui a trahi sa religion en pensant sauver la femme qu'il aimait, et qui s'est retrouvé à son tour trahi par les elantriens. Sa femme est devenue Hoëd, et il l'a lui-même brûlée. Je pense que ça peut avoir un effet sur la psyché d'un homme.
Rappelons qu'Elantris était au sommet de sa puissance lorsque Dilaf a emmené sa femme se faire soigner. Je l'ai mentionnée plus tôt dans le livre, dans un chapitre sur Raoden. Il a trouvé dans l'un de ses manuels l'histoire d'une femme qui avait été mal soignée, et cela l'a transformée en ce que sont aujourd'hui les elantriens. Il s'agit de la femme de Dilaf (relisez le chapitre vingt-cinq pour connaître l'histoire). Je trouve ce petit détail magnifiquement circulaire.
Quoi qu'il en soit, nous avons maintenant une explication à l'instabilité de Dilaf et à sa haine. J'aime beaucoup la façon dont Dilaf, de façon normative, devient le principal méchant de ce livre. Il y vient lentement, de façon un peu furtive, alors que le lecteur se concentre sur Hrathen. Pourtant, Dilaf est présent dès le premier chapitre de Hrathen, toujours dangereux, toujours en train d'essayer de détruire Elantris, toujours en train d'élaborer ses propres plans. J'ai travaillé dur pour provoquer sa montée en puissance dans le livre, et j'espère que ça a fonctionné. L'inversion Dilaf/Hrathen était l'un de mes principaux objectifs dans l'histoire.
Chapitre 60 (3) - 15-04-2006
La magie Dakhor
En fait, je n'avais pas prévu d'utiliser l'aspect "téléportation" de la magie de Dakhor. Cependant, j'ai écrit moi-même ce chapitre, puis j'ai soudain réalisé que je devais amener le groupe à Téod dans les plus brefs délais. Je ne pouvais pas laisser passer des jours pendant que Sarène, Hrathen et Dilaf naviguaient vers la péninsule comme je l'avais prévu à l'origine. (Je n'ai aucune idée de ce à quoi je pensais.) J'ai donc ajouté la téléportation. Ça a très bien fonctionné dans le livre, car ça m'a permis d'ajouter une autre dimension à la magie de Dakhor, à savoir qu'il faut payer une vie pour créer certains de ses effets.
Cela devrait surtout inspirer au lecteur un sentiment de dégoût à l'égard des Dakhor. J'aime particulièrement l'histoire de Hrathen qui raconte que Dilaf a fait mourir quelqu'un pour pouvoir se rendre à un endroit situé à quinze minutes de là. Elle caractérise parfaitement Dilaf tout en donnant un indice sur la rigueur et l'obéissance de son ordre. Ce n'est pas un groupe de personnes auxquelles on veut se frotter. C'est l'exagération ultime des croyances déréthies en matière de loyauté et de structure.
Le secret d'Adien
J'ai failli supprimer ce rebondissement du livre. Je n'ai jamais été satisfait de la façon dont ça s'est déroulé, et je pense qu'il y a - comme je l'ai mentionné - encore un peu trop de surprises et de rebondissements à la fin du livre. (Cependant, j'ai quelque peu corrigé le tir. Avant, pratiquement TOUT le monde avait un passé secret ou un trait de personnalité qui apparaissait dans les quatre derniers chapitres). Quoi qu'il en soit, je n'aime pas le rebondissement concernant Adien - il manque de puissance puisque nous ne nous intéressons pas vraiment à lui, et son personnage - l'autiste - n'est pas terriblement original de toute façon.
J'ai laissé le twist d'Adien pour une seule raison. Cependant, c'est un peu un spoiler, donc je vais le rendre invisible pour ceux d'entre vous qui n'ont pas encore lu la fin. Vous pourrez revenir et lire ceci plus tard.
Adien est un elantrien depuis un certain temps. C'est pourquoi la famille de Kiin en sait autant sur les elantriens. Relisez les premiers chapitres, et vous verrez une ou deux scènes où Sarène se demande pourquoi ils en savent autant sur Elantris et ses occupants. Ils ont caché la transformation d'Adien avec du maquillage, et son autisme l'a tenu à l'écart des cercles sociaux de toute façon, donc personne n'a vraiment prêté attention au fait qu'il n'était jamais là.
Lukel et la volonté de se battre
Je voulais faire le tour de l'idée du "mouton" dans ce chapitre et montrer que les gens ne sont pas obligés d'assister docilement à l'abattage. Je pense que les lecteurs auront envie de ça, et cette section - où Lukel et Shuden se préparent à attaquer - nous donne un peu d'espoir. Ce chapitre est très tendu et tout va de travers. J'ai décidé que j'avais besoin de quelques éclaircissements dans le récit, sinon il risquait de devenir trop déprimant. J'ai donc laissé entendre que les gens ne se feraient pas tuer sans se battre.
De plus, ça permet à Lukel, un homme ordinaire entouré de mages, de héros et de politiciens, d'être lui-même un peu un héros. Il surmonte sa peur et sa léthargie.
Chapitre 60 (4) - 15-04-2006
Le point de vue de Raoden
Il était essentiel pour ce chapitre que j'établisse que Raoden puisse avoir des aperçus de ce qui se passe autour de lui. J'ai fait beaucoup d'efforts pour le placer au-dessus de la ville afin qu'il puisse faire le lien, en regardant Elantris et les villes extérieures. En fait, le lac est simplement né de mon besoin de trouver un moyen de placer Raoden sur les pentes des montagnes vers la fin du livre. J'aime bien ce que cela donne dans l'histoire finale - ça ajoute une dimension mystique au système de croyance elantriens, et ça s'intègre très bien dans l'intrigue que j'avais mise au point. Mon seul souci est que c'est trop éloigné d'Elantris, mais on en reparlera plus tard.
Ce moment - où Raoden, presque mort, regarde les villes et fait enfin le lien - est l'une des scènes qui m'ont donné envie d'écrire ce livre. Dans chaque roman que j'écris, j'ai quelques scènes importantes en tête. Elles sont comme des points d'ancrage pour le roman. Ce sont les endroits où je sais que je dois aller, et ils sont généralement très clairs dans mon esprit. D'une certaine manière, je raconte le reste de l'histoire uniquement pour pouvoir me rendre à ces moments.
Ce livre a eu deux moments principaux pour moi. Nous n'avons pas encore abordé le second, mais voici le premier. J'espère que vous, lecteur, êtes parvenu à la prise de conscience tout comme Raoden. J'ai eu beaucoup de mal à trouver le bon équilibre. Certains lecteurs ont compris le secret très tôt, tandis que d'autres (le plus grand nombre) n'ont même pas compris ce qui se passe dans ce chapitre.
Si ça nécessite une explication, Raoden pense à l’aon Rao. Il remarque alors qu'Elantris et les villes qui l'entourent forment un motif, le même que celui de l'aon Rao. Les villes forment un aon sur le sol. C'est à ce moment que Raoden comprend pourquoi Elantris est tombée, et pourquoi les elantriens l'ont suivie. Si vous n'avez pas encore compris, je ne vais pas vous spoiler.
Dilaf
Je voulais vraiment introduire ces scènes de Dilaf et les rendre personnelles. C'est la raison principale qui m'a poussé à envoyer Sarène avec lui. Je voulais que le lecteur se sente concerné, et je voulais que Hrathen se sente concerné, ce qui, je l'espère, rendrait le lecteur encore plus concerné.
Dilaf était un antagoniste très intéressant à écrire. Lorsqu'il s'est finalement imposé, je n'ai pas eu à me préoccuper de le développer en tant que menace viable. Sa personnalité tout au long du roman avait préparé le lecteur au moment terrible où il parviendrait enfin à mettre les autres personnages sous son emprise. Et comme Hrathen était un méchant si sympathique tout au long du roman, je pense que je peux rendre Dilaf plus brut et inaccessible. C'est bien d'avoir des méchants sympathiques, mais avec Hrathen dans le livre, je n'avais pas l'impression d'avoir besoin de beaucoup de sympathie pour Dilaf. De plus, avec un méchant aussi bien fait, j'avais l'impression que si j'essayais de faire la même chose avec Dilaf, la comparaison l'appauvrirait. J'ai donc pris la direction opposée, et le contraste donne aux lecteurs quelqu'un qu'ils peuvent tout simplement détester.
S'ils ne le détestaient pas déjà, la dernière scène avec Sarène était censée les faire basculer. Voilà un homme qui tue pour le plaisir. Peu importe les torts qu'il a subis dans le passé, rien ne justifie la cruauté et le plaisir dont il fait preuve en anticipant la mort de Sarène. C'est un homme mauvais.
Fin du chapitre
Bon, les choses semblent assez mal parties, n'est-ce pas ? Sarène sur le point d'être assassinée, Téod sur le point de tomber, Elantris sur le point d'être brûlé, Raoden dans le lac.
Hum. On dirait que les gentils perdent. Il n'y a aucune raison de lire les trois derniers chapitres…
Chapitre 61 (1) - 22-04-2006
La décision de Hrathen
Comme je l'ai mentionné, Hrathen est le personnage qui a le plus progressé dans ce livre. Il est donc normal qu'il ait le meilleur climax.
ELANTRIS est essentiellement une histoire de rédemption, du moins le tiers de l'histoire dédié à Hrathen. C'est l'histoire de Hrathen essayant de se racheter pour le massacre qu'il a causé au Duladel. Au-delà, c'est l'histoire d'un homme qui s'efforce de comprendre ce qu'est la foi et ce qu'elle exige de lui. En fin de compte, sa décision de sauver Sarène est le rejet de ses péchés passés. Et, d'une certaine manière, c'est un rejet de l'homme logique et sans cœur qu'il s'imaginait être.
Le lac
Il s'agit d'une astuce un peu artificielle, et j'en suis conscient. J'ai laissé Raoden s'en tirer facilement en lui faisant simplement choisir de ne pas être dissous par le lac.
J'ai fait ça en partie parce que je n'ai pas trouvé de meilleur moyen de le sortir de là, tout simplement. En outre, je pense que ça correspond à la forme du roman. Le lac représente le renoncement - bien qu'il s'agisse d'un renoncement à la paix plutôt qu'à la douleur, il s'agit toujours d'un aveu de défaite. J'ai mentionné à maintes reprises que la douleur n'a aucun pouvoir sur celui qui n'y cède pas. Je ne vois pas pourquoi il en serait autrement pour la paix. Si vous pouvez résister à l'une, alors vous pouvez résister à l'autre.
De plus, l'image de Raoden jaillissant du lac devant Galladon et Karata était trop belle pour être laissée de côté.
Honnêtement, je ne sais pas trop ce qu'est ce lac ni comment il s'inscrit dans la théorie de ce système de magie. Il a été ajouté comme un élément d'intrigue, comme mentionné plus haut, et n'a donc jamais été lié directement à la cosmologie ou à la théorie du monde. Lorsque je ferai une suite à ce livre, je pense que j'essaierai de trouver un moyen de l'intégrer. Mais pour l'instant, ce n'est qu'un fil conducteur. La seule chose que je sais avec certitude, c'est ce que j'ai mentionné plus haut. Tout comme la douleur d'un elantrien, je pense que la paix offerte par ce lac est une force surnaturelle. Elle a quelque chose à voir avec la forme physique des elantriens.
Chapitre 61 (2) - 26-04-2006
Le ChayShan de Shuden
Les nombreuses mentions du ChayShan, ainsi que les deux scènes où Shuden l'exécute, ont été ajoutées au livre pour donner une impression d'ampleur. Je voulais que le lecteur comprenne qu'il y a des choses dans ce monde qui sont différentes de la magie et de la société d'Arélon, qui elles nous sont de plus en plus familières.
Nous reviendrons un peu plus en détail sur cet événement dans le texte. Cependant, sachez que le ChayShan n'a jamais été destiné à être efficace ou à réussir - ce n'est pas un Deus Ex Machina pour les personnes piégées à l'intérieur d'Elantris. C'est un indice de ce que j'ai l'intention de faire pour l'avenir de ce monde.
Le combat des femmes
L'évocation du ChayShan nous amène à la scène où les femmes de Sarène décident de riposter. Comme pour le ChayShan, cet élément de l'intrigue n'avait pas pour but d'être spectaculaire ou d'apporter un salut de dernière minute. En fait, la bataille proprement dite est plutôt courte. (Mon éditeur, d'ailleurs, pense que j'aurais dû développer cette scène, en laissant les femmes être un peu plus héroïques. Je n'étais pas nécessairement en désaccord, mais cette remarque n'a jamais été prise en compte dans la révision).
Les femmes attaquent parce que ça correspond à la forme de ce roman. C'est un livre sur les gens qui résistent malgré le désespoir, et sur le fait d'utiliser ses limites pour surmonter les épreuves. Ça parle de l'esprit humain.
Cependant, tous ceux qui font ce genre de choses ne connaîtront pas le même succès que Raoden. Je voulais que les femmes se défendent - je voulais qu'elles fassent un clin d'œil au thème du livre tout en clôturant l'arc narratif "escrime" de Sarène. Les femmes ont fait honneur à Sarène - elles se sont battues pendant que leurs hommes attendaient d'être tués.
Il est intéressant de noter que cette scène de Lukel remplit la fonction inverse de la précédente. Au lieu d'offrir un peu d'espoir lorsque tous les autres points de vue sont sombres, celui-ci décline se retourne vers le bas alors que les autres réussissent.
Chapitre 61 (3) - 28-04-2006
La course de Raoden
Vous comprenez peut-être maintenant pourquoi je craignais d'avoir placé Raoden trop haut sur la pente. Pour que l'intrigue fonctionne, je devais le faire descendre rapidement vers la ville afin qu'il puisse tracer la ligne du gouffre.
Si vous réfléchissez un peu au rythme en lisant ce chapitre, vous verrez qu'il s'écoule beaucoup plus de temps entre les sections que ce que je laisse entendre par les coupes rapides. Il faut probablement à Raoden vingt bonnes minutes de course pour descendre cette montagne. Heureusement, j'ai établi que les elantriens ne s'essoufflent pas.
Il court aussi, en traînant le bâton, plus longtemps que je ne le laisse entendre. Je pense que le rythme est important pour maintenir la tension. Cependant, si vous dessinez la ligne sur la carte, vous verrez qu'il a dû traverser une bonne distance en traînant son bâton.
L'Esprit d'Elantris (bis)
Mon seul souci avec le point culminant de ce chapitre, c'est qu'il est un peu difficile à visualiser. Comme je n'ai jamais réussi à donner à la carte l'aspect que je voulais, il est difficile de voir ce que fait Raoden dans ce chapitre. Pour l'essentiel, il ajoute la ligne de gouffre à l'aon Rao que forment Elantris et ses villes extérieures. Elantris étant un aon, il a cessé de fonctionner comme tous les autres aons lorsque le Réod s'est produit. J'ai établi à plusieurs reprises dans le livre que le support dans lequel un elantrien puise - qu'il s'agisse de boue, d'air ou, dans ce cas, de terre - n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est la forme de l'aon. En plaçant une ligne au bon endroit, Raoden crée un portail qui permet au Dor de s'écouler dans Elantris et de reprendre sa place.
C'est cette scène qui m'a donné envie d'écrire ce livre. Avec celle dont j'ai parlé dans le dernier chapitre, elle forme un climax que j'ai eu envie d'écrire. (L'image visuelle centrale de ce livre est celle de la lumière argentée qui explose du sol autour de Raoden, puis qui parcourt la ville. Du point de vue de la narration, c'est la seule scène que j'aimerais pouvoir faire au cinéma plutôt qu'en texte.
Je suis désolé d'avoir tué Karata. C'était la meilleure chose à faire ici, même si mes lecteurs sont tous en désaccord avec cette décision. Il s'agit d'une série d'événements très importants. Si je ne mettais pas les personnages en danger, je pense que les événements antérieurs - où des personnages sont morts - seraient plus lourds à porter. Karata et Galladon se jettent sur une troupe de soldats armés. Il n'y avait aucune chance que ça se termine bien.
(D'ailleurs, aucun lecteur n'a sourcillé à propos de la mort d'Eshen. Je suppose qu'elle leur a tapé sur les nerfs).
Chapitre 61 (4) - 05-05-2006
Hrathen et Sarène
Dans ce chapitre, on a une bonne présentation — bien que laconique — du personnage de Hrathen, qui fait le tri dans ses sentiments. Je ne pense pas qu'il veuille vraiment trouver des réponses pour l'instant. La logique l'a déjà égaré par le passé, et maintenant qu'il fait ce qu'il pense être juste, il ne veut pas s'arrêter pour se donner une chance de réfléchir aux ramifications de ses actes.
Une fois de plus, Sarène a rempli son rôle dans le livre. Elle a semé le chaos dans la vie autrement ordonnée de Hrathen. Cependant, ce chaos - tout comme celui qu'elle a provoqué dans Elantris avec sa nourriture - s'avère finalement être une bonne chose. Il inspire un changement pour le mieux, même si ce changement est douloureux.
Et, bien sûr, je rappelle au lecteur que le bras de Hrathen a quelque chose d'étrange. Je ne l'ai mentionné qu'à quelques endroits, alors je ne m'attends pas à ce que les gens se souviennent de ce qui se passe ici. En fait, j'ai oublié de mettre la manche dans la réécriture originale. Je n'ai même pas pensé à remarquer que son bras Dakhor serait exposé à Sarène dans cette scène…
Editions
Je n'arrête pas de promettre que je vous parlerai des autres révélations stupides sur les personnages que j'ai escamoté du livre. Celle ci-dessous est particulièrement embarrassante. Pour être honnête, je n'ai AUCUNE idée de ce à quoi je pensais.
Dans la première version du livre, il s'avère que Hrathen était originaire de Duladel. C'est révélé dans cette scène, lorsque Sarène et lui fuient les Dakhor. Il était de sang Dula, ayant grandi là-bas, puis ayant déménagé à Fjorden à l'adolescence.
Oui, je sais. Je devais être fatigué quand j'ai écrit ce chapitre. Quoi qu'il en soit, à un moment donné, l'idée a dû sembler bonne. Mais elle n'a même pas été retenue - mes premiers lecteurs se sont rebellés, et je me suis joint à eux.
Je pense que j'ai dû décider qu'il était plus dramatique de découvrir que Hrathen avait trahi son propre peuple en détruisant Duladel. (Notez que dans la première version du livre, j'avais pris l'habitude de souligner que les républicains duladènes n'avaient généralement pas la peau sombre). Dans la première version, je faisais toujours porter à Hrathen des cheveux bruns et je prétendais qu'il venait de Fjorden.
Oui, encore une fois, je sais. C'était stupide. Nous, écrivains, faisons parfois des choses stupides. Je n'ai même pas réfléchi au fait que la trahison de son peuple et de sa religion par Hrathen dans le présent était bien plus puissante qu'une trahison survenue avant même le début du livre. J'ai nié tout son caractère en essayant de me fier à un caprice qui semblait être un rebondissement intelligent et inattendu. Ne vous laissez pas aller à ce genre de choses, écrivains. Laissez les rebondissements aider à développer le personnage, et non pas exister simplement pour surprendre.
Quoi qu'il en soit, je posterai cette scène dans la section des scènes supprimées. Cela me rendra humble de savoir que les gens peuvent la lire.
Le sauvetage d'Elantris
Oui, Raoden laisse partir les moines Dakhor. C'est le genre de choses qui se passent dans ce livre. Si vous voulez quelque chose de plus brut, vous pouvez lire Fils des brumes. (Pour moi, il s'agit d'un livre très cru, bien qu'il soit loin du sadisme génial des livres de George R. R. Martin).
J'aime que cette scène soit du point de vue de Lukel. Si rien d'autre n'était intéressant dans ses autres passages, je pense que la scène des elantriens émergeant des flammes suffirait à justifier son point de vue dans ces derniers chapitres.
Quoi qu'il en soit, une intrigue majeure est terminée. Elantris a été restauré. Cependant, la plupart des romans fantastiques s'intéressent davantage aux personnages qu'à l'intrigue. J'aime les grands rebondissements et les révélations, mais le livre n'est pas terminé tant que les personnages ne sont pas épanouis. Donc, en avant.
Chapitre 62 (1) - 09-05-2006
Sarène et Hrathen
Sarène ne comprend pas. Elle n'a aucune idée de ce que ressent Hrathen - bien sûr, il ne le reconnaît même pas vraiment lui-même. Du moins, pas avant qu'il ne meure dans la rue.
Fjon
D'accord, toutes les surprises n'ont pas été supprimées du livre. J'ai envisagé de supprimer l'apparition de Fjon du roman à plusieurs reprises, et j'ai également joué avec plusieurs façons d'utiliser cette scène. Finalement, j'ai opté pour ce que vous voyez maintenant, qui était ma version originale.
Je suis conscient qu'il s'agit d'une sorte de choc "venu de nulle part". Si j'écrivais ce livre aujourd'hui, j'aurais probablement supprimé cette scène. J'aurais également ralenti un peu ce chapitre - je pense que les sauts de point de vue rapides sont un peu lassants. Ils fonctionnent pendant un court laps de temps, mais cela fait trop longtemps que je les utilise. (Désolé.)
Quoi qu'il en soit, revenons à Fjon. Il a deux objectifs principaux dans le livre. Le premier est de prouver à Hrathen qu'aucune logique ou planification ne peut le préparer à tout. Le second est de présenter Wyrn comme un personnage plus mystérieux et plus puissant. Je voulais vraiment dire que Wyrn a réussi à voir, de façon limitée, dans le futur et qu'il a envoyé Fjon à l'endroit où il serait capable de tuer un traître important pour Fjorden. J'ai aussi pensé que l'apparition de Fjon était un bon lien avec les premiers chapitres.
En y repensant aujourd'hui, cette scène me cause encore des soucis. Le livre aurait peut-être été plus professionnel si j'avais simplement tué Hrathen d'un coup de couteau de Dilaf ou de l'un de ses moines. Le choc de Fjon n'a pas été suffisamment construit pour mériter sa place dans le livre. Cependant, en même temps, une partie de moi aime le fait que cet événement soit complètement aléatoire. Il n'affecte aucun des personnages, ce qui est la principale raison pour laquelle j'évite les surprises aléatoires. Dans les batailles, les guerres et les conflits politiques, il se produit parfois des choses totalement inattendues. C'est le cas ici.
Lukel
Et voilà que Lukel recommence à plaisanter. Comme à la fin du dernier chapitre, où il s'est évanoui. Je pense qu'il ne faut pas sous-estimer le comique de situation. En particulier ce genre d'humour - des plaisanteries et de la légèreté de la part de personnages qui essaient de détendre l'atmosphère d'une période stressante. Lukel n'est pas là simplement pour divertir le lecteur, il est là pour montrer une autre facette du fonctionnement de l'être humain. Je pense que si j'étais dans sa situation, j'essaierais moi aussi de trouver un moyen de rire de ce qui s'est passé.
Chapitre 62 (2) - 12-05-2006
La téléportation de Raoden
J'ai dû travailler très dur pour que ce truc fonctionne. Je pense que c'est réussi, mais c'est un peu exagéré. J'espère que les lecteurs me suivront sur ce point, en raison du sentiment d'apothéose qui se dégage de cette fin proche.
Quoi qu'il en soit, je pense que j'ai donné à Raoden tous les éléments dont il avait besoin ici. Adien a toujours existé dans le livre pour ce moment précis - pour donner à Raoden la mesure de la longueur dont il avait besoin pour aller sauver Sarène. J'ai établi que les séons ont un sens de l'orientation parfait et j'ai expliqué comment utiliser l'aon Tia. Plus important encore, je pense avoir établi que c'est quelque chose que Raoden ferait. Il devient juste un peu téméraire quand Sarène est concernée. (Tout est de sa faute.)
Il y a un autre élément important dans cette téléportation. J'ai pensé qu'il était important d'impliquer la divinité dans le point culminant de ce qui a été un livre si ouvertement religieux. Vous pouvez ne pas croire en Dieu, et je n'ai jamais eu l'intention de déprécier vos choix. Cependant, le thème de ce livre traite de la religion et de la façon dont les gens interagissent avec leur foi. J'ai donc profité de ce dernier moment du livre pour donner à Raoden l'occasion de faire appel à la providence.
Raoden arrive à bon port, malgré les chances qu'il avait de ne pas avoir pris la bonne distance, la bonne direction et d'autres facteurs. Vous êtes libre de considérer cela comme de la chance, si vous le souhaitez.
Demoiselle en détresse
Je tiens à préciser que Raoden ne fait que rendre service. C'est Sarène qui lui a donné l'indice qui l'a conduit à réparer les aons, puis à restaurer l'Elantris. Maintenant qu'elle est en danger, il doit la sauver à son tour. Ce n'est pas parce que quelqu'un se retrouve en danger ou en difficulté qu'il n'est pas compétent.
Aons affaiblis
Elantris est comme un énorme conduit d'énergie. Il concentre le Dor, renforçant son pouvoir (ou plutôt le pouvoir des aons à le libérer) en Arélon. Cependant, à cette distance d'Elantris, les aons sont à peu près aussi puissants qu'ils l'étaient avant que Raoden ne répare Elantris.
Si vous y réfléchissez, il est logique que les aons soient liés à ELANTRIS et à Arélon, mais qu'ils fonctionnent sans eux. Les aons devaient exister avant Elantris, sinon les premiers elantriens n'auraient pas su quelle forme donner à la cité. Leur étude d'AonDor leur a appris une méthode pour amplifier le pouvoir des aons.
Chapitre 62 (3) - 15-05-2006
Les moines Dakhor
Dans la version originale du livre, les Dakhor s'enfuient avant l'attaque des elantriens. Je pensais que les Dakhor avaient toujours été tellement plus puissants que leurs adversaires qu'ils ne savaient pas quoi faire face à quelqu'un de plus puissant qu'eux. Lors de la réécriture, cependant, j'ai changé ça. J'avais passé trop de temps à établir que les Dakhor étaient farouchement loyaux. Je les vois comme des fanatiques, des gens qui étaient à l'origine comme Dilaf, ou qui sont devenus comme lui grâce à leur conditionnement. Ils ne s'effondreraient pas devant une force supérieure - ils l'attaqueraient, même si cela signifiait se faire massacrer.
Cette révision me convient beaucoup mieux, d'autant plus que je peux avoir la scène où Dilaf souhaite se joindre à eux. La mort n'est pas quelque chose qui effraie un groupe comme celui-ci.
Raoden et Sarène contre Dilaf
Il n'y a qu'une seule façon dont ce combat aurait pu se terminer : Dilaf devait gagner. Raoden connaît peut-être ses aons, mais Dilaf est un Dakhor depuis des décennies. Sarène a pratiqué l'escrime, mais Dilaf est un moine-guerrier doté d'une vitesse et d'une puissance surnaturelles. Il me semble logique que ce petit combat soit vite plié. Sarène et Raoden sont des personnes qui réussissent non pas grâce à leur capacité à battre leurs ennemis, mais grâce à leur capacité à manipuler leur environnement. En faisant en sorte que les héros soient vaincus au combat par le méchant à la fin, je pense que je fais un dernier clin d'œil à mon désir d'écrire un livre qui n'utilise pas la violence comme solution aux problèmes.
(Oh, et si vous avez compris la référence au mot "skaze", un point pour vous. Les skazes sont un groupe qui apparaîtra dans la suite, si j'arrive à l'écrire un jour. Ce sont en quelque sorte des séons maléfiques.)
Hrathen
Hrathen n'était donc pas vraiment mort. (Ironiquement, alors que beaucoup d'entre vous se disent probablement "ouais, ouais. C'était évident", je ne l'ai pas fait apparaître ici dans les huit premières versions du livre. Je m'en expliquerai plus tard).
Je pense que c'est ma scène préférée de ce chapitre. Non seulement elle est un peu mieux écrite que le reste du livre (je l'ai ajoutée assez tardivement, l'été dernier), mais elle met un point final à la relation entre Hrathen et Dilaf. Il utilise le temps passé par Hrathen à Dakhor comme une ironie à l'encontre de Dilaf. En bref, c'est une très bonne scène. Elle remplit à la fois le personnage, l'intrigue et le thème, tout en nous donnant une belle image. (Bien que je déteste faire le coup du "Hé regardez, un gars qu'on croyait mort est en fait vivant").
L'histoire de cette scène est assez récente. L'une des premières réécritures demandées par Moshe était de corriger la fin, qu'il trouvait trop Deus Ex Machina. (Je ne pense pas que je vais m'étendre sur l'ensemble de la version originale ici - elle était très différente. Vous pourrez lire la fin alternative dans la section des scènes supprimées, lorsque je la publierai le mois prochain. Pour résumer, Ien (le séon de Raoden) est venu sauver Raoden et Sarène de Dilaf. J'ai utilisé un mécanisme du système magique que j'ai depuis pratiquement supprimé du roman (puisqu'il n'était dans le livre que pour faciliter cette scène) qui a permis à Ien de compléter son aon, en "guérissant" Dilaf. Mais comme l'aon de Ien était cassé, il a transformé Dilaf en elantrien. (Un elantrien non lumineux. Comme Raoden avait l'habitude d'être, comme la propre femme de Dilaf l'est devenue après qu'elle ait été mal soignée à Elantris).
Je sais que c'est probablement déroutant pour vous. La scène, dans l'ensemble, était juste un peu faible. Elle reposait sur une mécanique à peine expliquée et sur un personnage tangent qui apparaissait juste au bon moment. Lorsque Moshe a demandé le changement, j'ai immédiatement compris que je devais ramener Hrathen à la vie pour quelques instants de plus. Le laisser mourir dans la rue n'était pas assez digne (même si, à l'origine, je voulais qu'il meure de cette façon parce que c'était plus réaliste). Je voulais une confrontation finale entre Hrathen et Dilaf, car cela donnerait au personnage préféré de la plupart des gens un départ héroïque, et me permettrait également d'intégrer l'ironie de Dakhor mentionnée plus haut.
En fin de compte, j'ai été très satisfait de la réécriture. C'est bien d'avoir un éditeur.
Chapitre 63 - 19-05-2006
Le mariage
Sarène a enfin son mariage. J'espère que les femmes ne me tueront pas pour l'avoir montré du point de vue ennuyé de Raoden plutôt que du point de vue enthousiaste de Sarène. Cependant, il y avait beaucoup de choses que je devais intégrer dans un laps de temps relativement court.
Quand j'étais plus jeune, j'en voulais toujours aux auteurs d'avoir des dénouements trop courts. Peut-être que je serais en colère contre moi-même, si je devais lire le livre. (Je me suis toujours demandé ce que Brandon, le lecteur adolescent, aurait à dire de mes œuvres actuelles). Quoi qu'il en soit, je suis depuis devenu un adepte des fins laconiques. J'essaie de conclure les choses sur le plan thématique, tout en soulignant les différentes façons dont l'intrigue pourrait se dérouler, s'il se passait davantage de choses.
Les histoires ne se terminent jamais vraiment. Tous les auteurs vous le diront : nous avons toujours quelque chose à dire. Cela ne veut pas dire qu'il y aura certainement une suite à ce livre (voir ci-dessous).Cela signifie simplement que les personnages vivent dans mon esprit et que je veux donner l'impression que le monde continue.
Détails inexpliqués
Vous remarquerez donc que j'accumule les détails inexpliqués. Le plus important, bien sûr, est l'idée que Fjorden a eu accès au Dor (probablement récemment). Les Dakhor sont un développement plus récent - le Wyrn s'apprêtait à les utiliser contre Elantris lorsque la ville tomba d'elle-même. (Dilaf n'était pas la seule graine de Dakhor au sein d'Arélon. Mais c'est une autre histoire. ) Quoi qu'il en soit, je pense que je me suis donné beaucoup de marge de manœuvre pour la suite. Il y a les questions sur le Dor, sur Fjorden et sur les séons.
Cela dit, je ne peux pas honnêtement promettre que je ferai une suite à ELANTRIS. Lorsque j'écrivais à cette période de ma vie (il y a maintenant sept ans), j'essayais de créer autant de premiers livres que possible. Je les envoyais tous à des éditeurs, en essayant de convaincre quelqu'un d'accrocher à l'un d'entre eux pour que je puisse commencer une série. Cependant, comme je n'étais personne, je devais écrire chaque livre en tant qu'ouvrage autonome. Les éditeurs, m'a-t-on dit, aiment que les nouveaux auteurs leur proposent des livres qui peuvent se suffire à eux-mêmes ou se lancer dans une série. De cette façon, ils ne s'engagent pas dans quelque chose de radical, mais peuvent s'accaparer la popularité si elle se présente.
ELANTRIS s'est avéré être l'un des meilleurs stand-alones que j'ai fait. J'aime bien le fait qu'il n'ait besoin de rien de plus pour se sentir complet. Et j'ai tellement d'histoires à raconter que je ne sais pas si je pourrai revenir à celle-ci. Je suppose que cela dépendra des ventes d'ELANTRIS, et si Tor me pousse ou non à écrire d'autres livres dans ce monde.
Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup de choses à raconter si je reviens.
Fin
Oh, et je m'excuse pour les dernières lignes un peu suggestives de ce chapitre. Elles m'ont semblé justes. Je continue à essayer de les couper, mais une partie de moi-même sait qu'il y a toujours une petite place pour le grivois, et c'est cette place là. Donc, elles restent.
Épilogue - 22-05-2006
C'est le dénouement du dénouement, je suppose. Nous en terminons avec mon personnage préféré, en réglant quelques petits détails liés à son histoire. Il y a là de bonnes choses - elle souligne que Raoden s'en sort bien en tant que roi, comment Ahan se porte, et donne un bon pronostic pour l'avenir d'Arélon.
Cependant, la partie la plus importante de l'épilogue se trouve à la fin. J'adore la dernière ligne du livre, même si Joshua n'est pas d'accord avec elle. (Il voulait quelque chose d'autre à cet endroit - je ne me souviens plus très bien de ce qu'il reprochait).
Quoi qu'il en soit, j'ai toujours eu l'intention de terminer ce livre en parlant de Hrathen. Il était leur sauveur, d'une certaine manière, et il a certainement été une force dominante dans le livre. Je voulais lui faire un dernier adieu, l'honorer pour ce qu'il a fait, à la fois pour l’Arélon et pour l'histoire en général.
Synthèse du livre - 26-05-2006
Voilà donc mon livre. Il a peut-être sept ans (il a été écrit en 1999), mais j'y suis toujours très attaché. Vous n'imaginez pas à quel point c'est exaltant de le voir enfin imprimé.
J'espère que vous avez apprécié ces annotations. J'aimerais en faire pour tous mes romans, mais nous verrons bien comment les choses se passent. (Note du futur Brandon, qui poste ceci après l'avoir écrit quelques mois plus tôt. Il y aura des annotations sur Fils des brumes à partir de juillet 2006 !)
Pour l'instant, j'ai environ 40 000 mots ici - une bonne moitié de roman gratuit. Revenez régulièrement sur le site pour plus d'informations, et ne manquez pas de jeter un coup d'œil aux autres bonus. (Des scènes supprimées seront mises en ligne tout au long du mois de juin).
Oh, et n'oubliez pas d'aller jeter un œil à Fils des brumes quand il sortira ! Si ELANTRIS était aussi bon et que je l'ai fait il y a sept ans, imaginez le genre de choses sur lesquelles je travaille en ce moment !
J'ai écrit la plupart de ces annotations pendant la révision d'ELANTRIS - ce qui est probablement la dernière bonne lecture que je ferai du livre pendant le processus de rédaction. Dix ébauches. Et maintenant, je me détourne du livre et je le considère comme terminé.
Merci beaucoup de m'avoir lu.
Le projet ELANTRIS
Démarré le 27-09-1999 (Premiers mots écrits)
Fini le 18-10-2004 (écriture de la dernière annotation)
Brandon Sanderson
L'Espoir d'Elantris - 28-01-2010
[NdT: il s'agit d'une petite nouvelle se passant juste après Elantris, jamais traduite en français]
Matisse
Cette nouvelle a en fait une histoire très intéressante.
Si on revient en arrière, en janvier 2006, on note que je sors avec Pemberly (son vrai nom est Emily, mais elle se fait appeler Pemberly en ligne) depuis environ deux mois. Notre relation était encore assez récente et nous n'étions pas encore officiellement en couple. (Même si je voulais l'être. J'étais presque sûr de vouloir l'épouser à ce moment-là).
Lors d'un de nos rendez-vous, Pemberly m'a raconté une histoire étonnante. Il semblerait que l'une de ses élèves de quatrième, une certaine Matisse, ait fait un exposé sur Elantris. Matisse ne savait pas que sa professeure sortait avec moi. Elle ne savait même pas que Pemberly me connaissait. C'était juste une de ces coïncidences bizarres qui se produisent juste pour nous prouver que le monde est un drôle d'endroit.
Quand je parle de compte-rendu de lecture, cela ne rend pas compte de l'ampleur de ce qu'a fait Matisse. En tant que fille intelligente et créative, elle est allée plus loin. Au lieu d'un simple compte-rendu de lecture, elle a fait un livre sur Elantris dans le style de Dragonologie [NdT: Dragonology: The Complete Book of Dragons, de Dugald Steer]. Ce livre est incroyable : il contient des croquis et des biographies des personnages, des lambeaux de tissus elantriens agrafés en guise d'exemples, des petites pochettes remplies de matériaux tirés des livres, tout cela. Une expérience multisensorielle totale dédiée au roman, entièrement faite à la main. Pemberly me l'a montré, et c'était honnêtement la chose la plus cool et la plus humble que j'aie jamais vue. Matisse avait manifestement beaucoup aimé le livre.
Cela m'a fait penser à quelque chose que je pourrais faire comme surprise de remerciement à Matisse, qui ne savait toujours pas que son professeur sortait avec l'un de ses auteurs préférés. Cette idée me trottait dans la tête.
Des trous dans l'histoire
Dans tout roman, il y a des décisions à prendre concernant ce qu'il faut mettre et ce qu'il faut laisser de côté. Beaucoup d'auteurs parlent de la "théorie de l'iceberg" : dans tout bon livre, il y a sous la surface beaucoup d'histoire et de construction d'univers que l'auteur connaît, mais que le lecteur ne verra jamais. Ces éléments donnent du poids et une base à l'histoire que l'on découvre, la rendant plus réelle et plus captivante parce que l'auteur a réfléchi à une grande partie de ce qui n'est pas dit.
Dans Elantris, il y a plusieurs de ces non-dits. Des endroits où je savais ce qui se passait en dehors de l'écran, mais où j'ai décidé que je ne pouvais pas en parler dans le livre. Dans ce roman, il y avait généralement deux raisons pour ces trous. La première était que je ne parvenais pas à placer un personnage au bon endroit au bon moment ; le format en triade des chapitres m'a apporté beaucoup de choses, mais m'a aussi parfois imposé des contraintes. À la fin du livre, cependant, le système de triades s'est volontairement effondré, ce qui m'a permis de montrer d'autres points de vue au hasard. Dans le cas de ce qui se passait avec les enfants dans Elantris, cependant, j'ai décidé qu'il y avait déjà trop de choses qui se passaient pendant l'apogée, et que ces sections devaient être coupées.
Je savais donc ce qui se passait à l'intérieur d'Elantris lors de l'attaque des Dakhor. Au fond de moi, je savais aussi que les enfants avaient été sauvés et protégés par Dashé et Ashé le séon, et qu'ils n'avaient pas été massacrés lors de l'attaque. Je ne voulais pas qu'ils tombent comme les autres ; Karata avait travaillé si dur pour les protéger, et le fait que les enfants n'aient pas à souffrir du massacre de la Nouvelle Elantris était un cadeau que je lui faisais. Une sorte de compensation pour son propre sacrifice à la fin du roman.
L'espoir d'Elantris
J'avais envie d'écrire une autre histoire sur Elantris. En raison de la nature de l'édition, je savais que je ne pouvais pas faire une suite au livre à l'époque, car c'était beaucoup plus logique de publier les romans de Fils des brumes. Cependant, le projet de Matisse m'a donné l'inspiration dont j'avais besoin pour me concentrer à nouveau sur Elantris. J'ai arrêté d'écrire sur Fils des brumes : le Puits de l'Ascension et j'ai écrit ce passage de l'histoire d'Elantris.
Matisse m'ayant inspiré, j'ai décidé de donner son nom à un personnage. J'ai également pensé que si je prenais le temps d'écrire une nouvelle dans ce monde, je voulais introduire un nouveau personnage plutôt que de raconter l'histoire du point de vue de Dashé (comme cela aurait été le cas si cette section avait fini par figurer dans le roman final). (Il était donc raisonnable de l'écrire du point de vue du personnage que je venais de nommer d'après Matisse.
La Matisse de l'histoire n'agit pas comme la vraie Matisse. Je ne connaissais pas la vraie Matisse, je ne l'avais jamais rencontrée (Même si j'ai demandé à Pemberly de la décrire pour que le personnage lui ressemble. Matisse était l'une des étudiantes préférés de ma femme, comme vous pouvez l'imaginer au vu des projets fantastiques qu'elle a menés à bien, comme le livre Elantris).
Après avoir écrit l'histoire, j'ai envoyé une copie avec Pemberly pour la donner à Matisse en guise de cadeau et de remerciement. Je ne peux qu'imaginer à quel point elle a été surprise de rendre un projet basé sur l'un de ses livres préférés, puis de recevoir en retour une nouvelle écrite par l'auteur qui l'incluait comme l'un des personnages de l'univers. C'est le genre de petites choses intéressantes que l'on peut faire de temps en temps en tant que romancier, et je ne pouvais pas laisser passer l'occasion.
(Bien sûr, le fait que je vienne de mettre l'un des élèves préférés de Pemberly dans une histoire pour elle, puis de laisser Pemberly offrir le cadeau, ne m'a pas échappé. Je ne peux m'empêcher de penser que cela m'a valu quelques points bonus. Après tout, nous avons commencé à nous fréquenter exclusivement peu de temps après...)
Matisse nous a offert en cadeau de mariage le livre original d'Elantrisologie qu'elle avait réalisé. Elle vient encore à beaucoup de mes séances de dédicaces, et pour autant que je sache, elle est toujours l'une des personnes les plus géniales qui soient. (Même si j'ai un parti pris pour tous ceux qui disent du bien de mes livres).
Conclusion
Voilà pour l'histoire. Maintenant, la question se pose de savoir ce que je pense de l'histoire elle-même.
Eh bien, il m'est difficile de séparer l'histoire du roman de celle qui sous-tend sa création. Pour moi, cette histoire est un morceau de mon histoire avec Pemberly, et elle est entrelacée avec beaucoup d'émotions et d'expériences de cette année folle de l'été 2005 à l'été 2006, lorsque mon premier roman a été publié et que j'ai rencontré et épousé ma femme.
En repensant à cette histoire, je pense qu'elle est peut-être un peu sentimentale (comment pourrait-elle l'être, vu que... ?). (Comment pourrait-il en être autrement, étant donné que... ?) J'apporte beaucoup de mes propres expériences aux personnages, et Dashé et Matisse sont devenus des personnes à part entière et réels pour moi. Cependant, je ne suis pas certaine d'avoir suffisamment justifié leur relation et les personnages pour mériter l'émotion de la nouvelle.
J'espère qu'elle ne sera pas trop mélodramatique. (Je l'ai écrite rapidement, et je crains qu'elle ne soit pas aussi soignée ou aussi complexe que j'aurais pu le faire autrement. Je suis conscient que ce n'est pas le meilleur travail que j'ai fait, et je ne le conseillerais certainement pas à quelqu'un qui n'a pas lu Elantris, car l'histoire ne fonctionne pas du tout (émotionnellement ou au niveau de l'intrigue) si vous n'êtes pas familier avec le roman. Je pense également que ce n'est pas une bonne introduction à mon travail.
Mais pour ce qu'est l'histoire, j'en suis assez satisfait.
Merci de m'avoir lu !
Traduction : Gancho, avec l’aide de Camille, Liam Stygian et Isha
- Notes de traduction
- Introduction
- Page de titre
- Dédicace
- Remerciements
- Prologue
- Chapitre 1
- Chapitre 2
- Chapitre 3
- Chapitre 4
- Chapitre 5
- Chapitre 6
- Chapitre 7
- Chapitre 8
- Chapitre 9
- Chapitre 10
- Chapitre 11
- Chapitre 12
- Chapitre 13
- Chapitre 14
- Chapitre 15
- Chapitre 16
- Chapitre 17
- Chapitre 18
- Chapitre 19
- Chapitre 20
- Chapitre 21
- Chapitre 22
- Chapitre 23
- Chapitre 24
- Chapitre 25
- Chapitre 26
- Chapitre 27
- Synthèse de la partie 1
- Chapitre 28
- Chapitre 29
- Chapitre 30
- Chapitre 31
- Chapitre 32
- Chapitre 33
- Chapitre 34
- Chapitre 35
- Chapitre 36
- Chapitre 37
- Chapitre 38
- Chapitre 39
- Chapitre 40
- Chapitre 41
- Chapitre 42
- Chapitre 43
- Chapitre 44
- Chapitre 45
- Chapitre 46 (1)
- Chapitre 46 (2)
- Chapitre 47
- Chapitre 48
- Chapitre 49 (1)
- Chapitre 49 (2)
- Chapitre 50
- Chapitre 51
- Chapitre 52
- Chapitre 53 (1)
- Chapitre 53 (2)
- Chapitre 54
- Chapitre 55
- Synthèse de la partie 2
- Chapitre 56
- Chapitre 57
- Chapitre 58 (1)
- Chapitre 58 (2)
- Chapitre 58 (3)
- Chapitre 59 (1)
- Chapitre 59 (2)
- Chapitre 60 (1)
- Chapitre 60 (2)
- Chapitre 60 (3)
- Chapitre 60 (4)
- Chapitre 61 (1)
- Chapitre 61 (2)
- Chapitre 61 (3)
- Chapitre 61 (4)
- Chapitre 62 (1)
- Chapitre 62 (2)
- Chapitre 62 (3)
- Chapitre 63
- Épilogue
- Synthèse du livre
- L'Espoir d'Elantris